Louane, Pomme, Angèle : 600 artistes répliquent après la tribune de soutien à Gérard Depardieu

Après la parution d'une tribune défendant l'acteur dans le Figaro, Louane, Rokhaya Dialho, Angèle et bien d'autres ont décidé de répondre.

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Voilà une polémique qui n’en finit plus d’enfler ! Plus de 3 semaines après la diffusion du Complément d’enquête, concernant Gérard Depardieu, le showbiz reste agité et divisé. Non seulement, l’interprète d’Obélix fait face à plusieurs plaintes pour viols et agressions. Mais ce sont surtout les propos qu’il a tenus en Corée du Nord, devant des caméras, qui ont fait l’effet d’une bombe. On peut y voir le comédien, enchaîner les blagues déplacées. Avec l’interprète. Mais aussi en présence d’une enfant. Dès le 25 décembre dernier, une soixantaine de personnalités de la culture ont signé une tribune, dénonçant un lynchage public de la star. Et alors que certains de ses signataires commencent déjà à faire machine arrière, 600 artistes (dont Louane) ont décidé d’apposer leurs noms dans une contre-tribune. Des chanteuses comme Pomme ou Angèle, mais aussi des rappeurs (Médine) en font partie…

Un message fort contre les violences sexuelles, par 600 artistes de la littérature, des arts graphiques et du cinéma

Il y a quelques jours, le Figaro déclenchait un tollé en publiant une tribune, visant à protester comme le traitement médiatique réservé à l’affaire Depardieu. En effet, plusieurs vedettes estiment que l’interprète de Cyrano de Bergerac a le droit à la présomption d’innocence. Or, dans ce texte, paru le 25 décembre, les victimes ne sont mentionnées nulle part. C’est ce qui a motivé le média Cerveaux non disponibles, très actif sur X et Instagram, à organiser la riposte. Parmi les signataires de cette contre-tribune, on retrouve ainsi Louane, le compositeur Vitalic, ou encore l’humoriste Waly Dia (France Inter).

« Après le Président de la République, venu au secours de Depardieu, c’est donc au tour du « monde de la culture », enfin d’une petite partie (d’un vieux monde qui s’écroule) , de s’exprimer : 55 personnalités qui prétendent laisser la justice faire son travail et s’opposent au « lynchage » du monstre sacré du cinéma français. Lorsqu’on s’en prend à Depardieu, ce serait à l’art que l’on s’en prendrait ! Comme si Depardieu représentait l’art en France. Comme si le statut d’artiste ou le talent justifiait un traitement singulier. Nous souhaitons avec cette contre-tribune manifester notre désaccord avec cette idée. En plus des propos abjects découverts dans Complément d’Enquête, qui sexualisent en permanence les femmes, y compris une petite fille de 12 ans, rappelons que Depardieu est visé – à ce jour – par 3 plaintes pour viols et agressions sexuelles. Médiapart a également publié 13 témoignages de femmes accusant Depardieu de violences sexuelles. »

L’objectif ? Condamner ceux qui relativisent le comportement de Gérard Depardieu. Il faut dire que ces derniers jours, Élisabeth Lévy ou Patrick Chesnais n’ont pas hésité à minimiser les gravités des réflexions proférées par l’acteur, en Corée du Nord. Mais Louane, Médine, Pomme et les autres veulent aussi adresser leur soutien à celles qui ont brisé le silence. Et qui ont entamé des démarches contre le célèbre comédien.

« Cette tribune et la défense de Macron sont autant de crachats à la figure des victimes de Gérard Depardieu mais aussi de toutes les victimes de violences sexistes et sexuelles. C’est l’illustration sinistre et parfaite du monde d’avant qui refuse que les choses changent. C’est l’inversion des rôles où le bourreau (le « monstre », l’homme, pas du tout sacré, mais juste obscène) se place en victime, avec l’aide de ses ami.e.s. Comme toujours dans les affaires de violences sexistes et sexuelles à l’égard des femmes, la « présomption d’innocence » pour l’agresseur sonne comme une « présomption de mensonge » pour les femmes qui témoignent contre lui. Ne vous trompez pas, nous aussi, nous souhaitons que la justice fasse son travail. C’est même ce que les féministes réclament à cor et à cri depuis toujours. »

Louane, Elodie Arnould, Élodie Frégé… : la nouvelle génération tient tête aux anciens ?

Ce décalage, ce fossé générationnel dans la perception du harcèlement ou des abus sexuels, a parfois été expliqué par l’écart d’âge. En effet, Marilou Berry avait fait regarder que les 58 signataires de la tribune en faveur de Gérard Depardieu, avaient, en moyenne, 70 ans. Dans son coup gueule sur Instagram, Lucie Lucas, elle, n’avait pas hésité à les qualifier de « boomers dégénérés ». Depuis, la comédienne a nuancé ses propos. Et sur la Toile, bon nombre de personnes ayant 50 ans et plus, ont pris la parole, pour indiquer qu’ils ne soutenaient pas du tout l’acteur.

D’ailleurs, Louane (27 ans) a signé cette contre-tribune, d’autres artistes ayant fait de même ont déjà une certaine expérience de la vie. À l’image du rappeur Médine (40 ans) ou de Corinne Masiero, qui fêtera ses 60 ans dans quelques semaines. Comme quoi, l’année de naissance ne définit pas les convictions, ni les engagements d’une personne.

Dans le même temps, précisons que dès le 27 décembre 2023, plusieurs signataires de la tribune parue dans le Figaro ont commencé à regretter leur geste. Parmi eux, on retrouve Yvan Attal, le mari de Charlotte Gainsbourg. invité sur BFMTV, il a fait savoir qu’il ne cautionne pas la totalité du texte signé.

« J’ai signé cette pétition qui ne me va pas totalement (…) Mais je l’ai signée parce qu’il y avait quelque chose de plus fort que ce qui me dérangeait dans cette pétition et d’ailleurs, je l’ai dit aux gens qui ont écrit cette pétition. Je leur ai demandé de reformuler des choses, de parler de certaines choses. Ils n’ont pas voulu. »

Avant même la parution de la contre-tribune signée par Louane, Pomme, Angèle et les autres, Carole Bouquet a également souhaité clarifier sa position. Elle regrette amèrement d’avoir fait confiance à l’auteur Yannis Ezziadi, qui a lancé l’idée de la tribune. En effet, on lui connaît de nombreuses affinités avec des médias et groupes d’extrême-droite.

« Je ne soutiens pas les idées et valeurs associées au journaliste porteur de cette tribune. Lui donner de la visibilité par l’entremise de Gérard me met, comme vous pouvez l’imaginer, profondément mal à l’aise. »

Notons aussi la déclaration de Nadine Trintignant. En effet, la réalisatrice n’est autre que la maman de Marie Trintignant. L’actrice décédée en 2003, à 41 ans seulement, sous les coups de son compagnon : Bertrand Cantat. Son soutien de Gérard Depardieu a beaucoup interrogé ceux qui connaissent son histoire. Et ce 28 décembre, elle a décidé de présenter ses excuses.

« J’ignorais en signant cette tribune par qui elle était écrite. Je demande aux personnes que j’ai choquées de ne pas m’en vouloir de ma grave erreur. »

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