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En France, plus de 18 millions de personnes sont éligibles au LEP ou Livret d’épargne populaire. Pourtant, seules quelque 10,1 millions en profitent. Cela semble assez étrange, car son taux de rémunération s’élève à 6 % en ce moment. On fait le point.
LEP : plus de 10 millions de détenteurs
Le LEP est un placement défiscalisé à destination des plus modestes qui existe depuis 1982. 10,1 millions de personnes en possèdent un de nos jours, et ce, alors qu’en 2021, seuls 6,9 millions des épargnants éligibles en détenaient pour un encours de 38 milliards d’euros.
Le regain d’intérêt sur ce livret d’épargne a ressurgi depuis deux ans et le début de la période de forte inflation. En août 2023, ce placement contenait 59 milliards d’euros.
« Pour la première fois, la collecte nette du LEP en septembre, à 800 millions d’euros, a même été supérieure à celle du Livret A et du LDDS réunis alors que ce mois de rentrée n’est pas traditionnellement un mois de collecte d’épargne élevé », note Marie-Laure Barut-Etherington.
Cette dernière est, notons-le, directrice générale adjointe des statistiques, des études et de l’international à la Banque de France.
L’ouverture du LEP plus simplifiée
Cet engouement soudain s’explique, entre autres choses, par la simplification de ses conditions d’ouverture. En effet, depuis 2021, l’ouverture d’un LEP ne nécessite plus en théorie d’apporter son avis d’imposition à son banquier.
Le conseiller peut vérifier une base mise à disposition de la DGFiP pour voir si son client remplit les conditions. Effectivement, pour un célibataire, il faut moins de 21 393 euros de revenu pour pouvoir ouvrir ce livret d’épargne.
Par ailleurs, le fisc a aussi notifié par mail les ayants droit de leur éligibilité. Les banques aussi ont informé leurs clients.
Des personnes éligibles ou abstinents
Bien que le nombre de titulaires d’un LEP ait augmenté ces dernières années, plusieurs personnes éligibles manquent encore à l’appel. Ils sont au nombre de 8,5 millions sur 18,6 millions de personnes éligibles. Pourquoi ces gens n’en profitent pas ? Il y a plusieurs raisons, dont le manque d’argent.
La Banque de France met cela sur le compte d’« un déficit de notoriété ». En effet, par rapport au Livret A, le taux de détention d’un LEP reste moins élevé. Ce, alors que le taux de rémunération du Livret d’épargne populaire s’établit à 6 % depuis début août. Il y a aussi le fait que certains pensent, à tort, être trop riches pour en détenir.
On constate par ailleurs une marge de progression chez les ouvriers et professions intermédiaires, cibles principales de ce livret. Pareillement chez les moins de 25 ans, qui représentent 10 % de la population. Moins d’un quart d’entre eux en possède un, parce que les banques en ligne n’en proposent pas.
LEP : une baisse de taux en 2024 ?
Que ceux qui souhaitent profiter de ce placement à haut taux de rémunération se dépêchent d’en ouvrir un ! En effet, la trajectoire de l’inflation pourrait mener à une baisse du taux de rémunération du LEP. C’est du moins ce qu’estime Mme Barut-Etherington.
On verra si elle a raison ou non. La prochaine révision des taux des produits d’épargne réglementée aura lieu au 15 janvier 2024. Les nouveaux taux entreront en vigueur le 1er février. À en juger par la moyenne semestrielle de l’inflation hors tabac, on peut s’attendre à une baisse à 5 %.
