Pouvoir d’achat : que donne le trimestre anti-inflation ? L’UFC-Que Choisir s’en mêle

Depuis mars 2023, les grandes surfaces ont mis en place le trimestre anti-inflation. Une mesure efficace sur le pouvoir d'achat ?

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En France, depuis 2022, les prix ne cessent de grimper dans les supermarchés. Une situation difficile pour les ménages, notamment les plus précaires. En effet, devant les tarifs pratiqués sur la nourriture, certains ont commencé à se priver, voir à sauter des repas. Aussi, dès le mois de mars dernier, la Ministre déléguée au Commerce, a voulu lancer une mesure pour venir en aide aux Français. Finalement, Olivia Grégoire porte désormais le dispositif du trimestre anti-inflation. Adoptés par les grandes enseignes, cette politique aurait déjà permis 13 % de baisse sur les prix, durant les 7 dernières semaines. Des résultats que le magazine Que Choisir conteste… Alors que vaut ce coup de pouce destiné au pouvoir d’achat des Français ?

La naissance laborieuse du trimestre anti-inflation

Souvenez-vous de cet hiver ! En janvier et février 2023, une ministre déléguée a commencé à faire parler d’elle. En pleine réflexion, depuis son cabinet, elle promettait d’agir pour le pouvoir d’achat des Français. Et pour commencer, elle entendait convaincre la grande distribution, de vendre au moins 50 produits du quotidien à prix coûtants. Un challenge de taille ! Malheureusement, le dispositif pensé par Olivia Grégoire a bien vite fait l’objet d’une adaptation.

Et ce, afin que chaque chaîne de magasins puisse interpréter cette nouvelle mesure à sa façon. Ainsi, depuis mars 2023, on ne parle plus de paniers anti-inflation, mais bien de trimestre anti-inflation. Le gouvernement a même demandé aux enseignes d’apposé un logo tricolore sur les produits concernés. Et, à en croire Olivia Grégoire, ce système aurait déjà porté ses fruits en quelques semaines. D’après elle, un consommateur achetant un panier composé à 100 % d’articles vendus dans le cadre du trimestre anti-inflation, peut constater une réduction de 13 %. Mais selon Que choisir, il faut nuancer ce constat sur le pouvoir d’achat. Pour commencer le magazine rappelle que chaque enseigne choisit de faire des remises sur les produits de son choix. En effet, difficile alors de considérer le trimestre anti-inflation comme une mesure uniforme.

Pouvoir d'achat
Le trimestre anti-inflation a-t-il aidé les Français à gagner en pouvoir d’achat ? – Crédits photos : iStock

Pouvoir d’achat : d’où viennent les chiffres de l’exécutif ?

Lorsque Olivia Grégoire a fait cette déclaration sur RTL, le 10 mai dernier, elle a indiqué qu’elle se basait sur une étude de la DGCCRF. Or, Que choisir a vérifié ces données, et aucune d’entre elles ne permet de confirmer les propos de la ministre déléguée au Commerce. Soucieux de mieux comprendre les effets de cette mesure en faveur du pouvoir d’achat, les journalistes ont analysé les changements de prix entre le 23 mars et le 10 mai. Notamment au sein des sélections faites par les enseignes, dans le cadre du trimestre anti-inflation.

Et d’après les relevés effectués par les équipes de Que Choisir, on a du mal à retrouver la baisse de 13 % vantée par Olivia Grégoire. Au contraire, voici, chaîne par chaîne, les évolutions tarifaires constatées en supermarché, durant le trimestre anti-inflation :

  • Intermarché a connu une augmentation moyenne de 1,5 %
  • Casino a appliqué une hausse moyenne de 1,4 %
  • Carrefour maintient ses prix sans baisse ni hausse (0%)
  • Enfin, Auchan a pu appliquer une baisse moyenne de 03 %, sur les prix des articles du trimestre anti-inflation.

Au total ses chiffres ne reflètent pas vraiment la réduction de 13 %, évoquée par la Ministre déléguée au commerce. À partir de là, difficile de la rejoindre concernant l’impact de cette mesure, sur le pouvoir d’achat des ménages.

Que choisir a mené son enquête en détails

Résolu engagé en faveur des consommateurs, le magazine peut compter sur des journalistes investis. Aussi, chaque mois, les équipes du média relevé le prix à payer, pour un panier représentatif des achats des Français. Le contenu de cette sélection reste toujours le même, au fil du temps. Avec cette méthode, Que choisir a pu voir que les prix ont connu une hausse moyenne de 8,5 % entre décembre 2022 et mai 2023. Ces mesures montrent que le trimestre anti-inflation ne suffit pas à réellement à protéger le pouvoir d’achat des Français face à la crise.

Enfin, le magazine a également épinglé Olivia Grégoire, pour l’une de ses inexactitudes. En effet, cette dernière a évoqué une mesure portant sur 2000 produits, commercialisés à prix coûtants. Ce qui semble énorme, quand on sait qu’une grande surface vend généralement 20 0000 à 30 000 références. En réalité en rayon, les sélections proposées dans le cadre du trimestre anti-inflation vont plutôt de 50 à 150 produits. De plus, les consommateurs ne peuvent pas vraiment comparer les économies réalisables d’un concurrent à l’autre. En effet, chaque enseigne fait ses choix, et ne propose absolument pas les mêmes références dans son offre. Une complexité qui rend l’impact de cette mesure difficile à évaluer, sur le pouvoir d’achat des Français.

Sources : quechoisir.org

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