Panier anti-inflation : ce qu’il faut savoir sur cette mesure étudiée par le gouvernement

Face à la crise, le pouvoir d'achat des Français baisse. Le Ministère de l'Économie réfléchit donc à un panier anti-inflation.

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Depuis le début de l’année 2022, les prix flambent dans tous les domaines. Ainsi, les ménages doivent faire face à des factures d’énergie plus élevées. Même constat quand il s’agit de faire le plein ou de se déplacer en transports. Cela dit, le secteur de la grande distribution reste celui où le constate les plus fortes augmentations. Pourtant, le gouvernement n’a toujours pas prévu d’aide pour faciliter l’accès de tous aux produits essentiels. Mais la Ministre déléguée en charge des PME, du Commerce, Olivia Grégoire, souhaite mettre en place une nouvelle mesure. Il s’agit d’un panier anti-inflation, qui pourrait faire son arrivée en supermarchés dans les prochaines semaines.

Les grandes enseignes ont tenté d’agir depuis l’été 2022

D’après l’INSEE, le taux de l’inflation se montait à 5,9 % en décembre 2022. Mais pour les commerçants et les clients, cet enjeu a pu devenir crucial depuis déjà plusieurs mois. Aussi, dès l’été dernier, plusieurs enseignes ont tenté de proposer des paniers, ou du moins des offres, anti-inflation.

Ainsi, entre août et décembre 2022, Leclerc a proposé de bloquer le prix, sur une sélection de 230 articles. En cas de hausse de leurs coûts, les clients pouvaient bénéficier d’un remboursement sur leur carte fidélité. Il ne s’agissait donc pas d’un vrai panier anti-inflation, mais d’un système limitant son impact sur lors du passage en caisse.

Chez Aldi, les clients peuvent profiter de nombreux fruits et légumes frais, vendus entre 0,99 et 1,99 euro. D’ailleurs, l’enseigne Franprix propose une offre similaire, avec des produits frais à moins de 1 euro. Même chose dans les magasins Intermarché, où les clients peuvent aussi trouver plus de 500 références, à moins de 1 euro.

Mais, parmi toutes ces grands enseignes, Carrefour reste celle qui a pensé le panier anti-inflation en premier. Depuis le mois d’août, les adeptes de ces supermarchés bénéficient d’un lot de 30 produits indispensables, pour un total de 30 euros.

Panier anti-inflation : le problème des coûts de production

La hausse des prix, que nous constatons dans tous dans les supermarchés, trouve sa source dans l’augmentation des tarifs de l’énergie et des matières premières. En clair, les industriels et producteurs qui fournissent les magasins font face à des coûts en hausse. L’électricité qui alimente les usines coûte de plus en plus cher. Les ingrédients de base comme la viande ou les céréales ont aussi subi de fortes hausses. Dans ce contexte, difficile d’imaginer un panier anti-inflation.

En effet, les fabricants n’ont pas d’autre choix que d’aligner leurs tarifs en fonction de ses frais, qui flambent en continu. Résultats ? Les enseignes ont du mal à obtenir des stocks à petit prix. La mise en place d’un panier anti-inflation impliquent donc des efforts, rognant sur les marges de la grande distribution.

Les grandes enseignes, en colère face au projet de loi Descrozaille

Ces derniers jours, un texte étudié à l’Assemblée Nationale a créé la polémique. Notamment parmi les dirigeants des chaînes de supermarchés. Il ne s’agit pas du panier anti-inflation. Mais plutôt d’une loi, visant à changer les négociations commerciales, entre les enseignes et les producteurs.

En clair, il s’agit de donner le dernier mot aux fournisseurs, en cas de litige sur le prix des marchandises. Lors de son passage sur BFM Business, Didier Duhaupand, patron d’Intermarché, n’a pas caché son indignation.

« Dans tout match, il y a deux équipes et un arbitre qui décide des règles. C’est la première fois qu’on laisse une équipe écrire elle-même les règles. »

Chez les principaux acteurs de la grande distribution, un panier anti-inflation ne peut pas exister dans ces conditions. Pire, certains estiment que les prix pourraient continuer à s’envoler. À l’image de Michel Biero, qui dirige de Lidl France.

“Aujourd’hui, un industriel qui nous demande 30% en décembre, on a jusqu’à fin février pour négocier. Cette loi est là uniquement pour défendre les multinationales. Elle n’est pas là pour défendre les TPE, ni les PME, ni les ETI. Elle a été poussée par les lobbyistes et les multinationales pour défendre ces mêmes multinationales. Elle dit que si on nous demande 30%, et qu’au 1er mars, nous n’avons pas trouvé d’accord, on nous imposera de payer les 30%.”

Panier anti-inflation : le Ministère de l’Économie s’en mêle

Du côté de Bercy, on préfère tempérer et préserver le dialogue avec les grandes enseignes. Ainsi, le cabinet d’Olivia Grégoire, Ministre déléguée en charge des PME et du commerce, se veut rassurant.

« Nous avons de bons contacts avec la grande distribution, nous parlerons de tout cela avec eux. »

L’objectif ? Obtenir un engagement, plutôt qu’imposer la contrainte. La Ministre déléguée évoque donc une mesure encore à l’étude. Le panier anti-inflation pourrait ainsi contenir une liste de produits indispensables. Tels que des pâtes, du lait… Mais aussi des produits d’hygiène ou même, à terme, des médicaments.

« Si l’on s’aperçoit que cela vaut le coup, nous pourrons aussi y ajouter des médicaments par exemple. »

En outre, d’après le Cabinet de la Ministre, le panier anti-inflation devrait surtout contenir des produits sains.

« J’ai du mal à imaginer un paquet de chips dans ce panier. » Rappelons qu’Olivia Grégoire n’a pas imaginé cette mesure. En réalité, elle s’inspire d’un dispositif déployé depuis peu en Grèce.

Comment se présentera cette mesure ?

Ainsi, la forme du panier anti-inflation reste encore incertaine.

« On ne sait même pas si ce sera un panier. Cela pourrait aussi bien être une gamme. »

Et pour l’heure, ce nouveau concept demeure encore à l’état de projet.

« Tout reste encore à déterminer. Il faut que l’on s’assure que la mesure est faisable et intéressante, aussi bien pour les consommateurs que pour la grande distribution. »

Enfin, le panier anti-inflation ne devrait pas entrer en vigueur avant le mois de février ou mars 2023. Pour l’heure, le cabinet d’Olivia Grégoire explore plusieurs pistes. Notamment des ventes de produits à prix coutants.

« On partira peut-être sur une vente à prix coûtant. »

Rappelons que pour l’heure, aucun dispositif n’avait été annoncé pour aider les ménages à faire leur course. L’idée d’un chèque alimentaire semblait trop complexe. Pourtant, ces dépenses font partie de celles qui ont le plus augmenté. Viandes, légumes, céréales… Certains produits ont subi une inflation comprise entre 15 et 20 % au cours des derniers mois.

Sources : actu.fr

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