Une prime pour les enseignants ? L’annonce trompeuse de Gabriel Attal

Pour aider ses professeurs et des personnels de l'éducation nationale, le Ministre a annoncé une prime enseignants, pour le mois prochain.

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Voilà près d’un mois que les écoliers, collégiens et lycéens ont fait leur rentrée. Cela dit, cette année a connu de nombreuses polémiques. Critères concernant la tenue des élèves, drames liés au harcèlement scolaire… Le Ministère de l’Éducation Nationale doit se pencher sur de nombreux enjeux. D’autant que depuis quelques années, le métier de professeur semble de moins en moins attractif. Car si les personnels profitent de vacances, ils doivent aussi composer avec des conditions de travail dégradées et des salaires à la traîne. Pour les soutenir, le ministre, Gabriel Attal, a indiqué le versement d’une prime enseignant dès le mois d’octobre 2023. On fait le point tout de suite !

Prime enseignants : un effet d’annonce trompeur du ministre ? 

Ce vendredi 29 septembre, la rédaction d’Il était une pub a relayé les indications données par Gabriel Attal, lors de son passage au JT de 20 h, sur TF1, le 28 septembre dernier. Au cours de cette prise de parole, le ministre de l’Éducation Nationale a laissé entendre qu’une nouvelle prime, destinée aux enseignants et à certains agents, mobilisés auprès des élèves, allait faire son apparition au cours du mois d’octobre 2023. 

Or, cette annonce, partielle, ne reflétait pas la réalité.  En effet, de nombreux médias ont pris cette information au sérieux, étant donné qu’elle émanait d’un membre du gouvernement. Suite aux retours de nos lecteurs, aux syndicats de la fonction publique mais également, grâce au travail d’investigation de nos confrères chez Libération. Il apparaît que dès le 28 septembre, au soir, la secrétaire générale du Snes-FSU, Sophie Vénétitay, avait commenté la déclaration de Gabriel Attal. Elle soulignait d’étranges similitudes cette nouvelle prime, vantée par le ministre, et un autre dispositif, déjà annoncé le 12 juin dernier, par Stanislas Guerini. 

“Ça ressemble quand même beaucoup à la prime Guerini, prime exceptionnelle de pouvoir d’achat déjà annoncée et qui devait être versée cet automne, non ?  Ministre du recyclage des annonces déjà faites ? Le mieux est encore de rouvrir le dossier salaires !”

Il apparaît que cette prime destinée à renforcer le pouvoir d’achat des fonctionnaires (et pas uniquement des enseignants), devait déjà faire l’objet d’un versement ces dernières semaines. Le ministre a donc utilisé une formulation trompeuse, pour présenter comme nouveau, un dispositif déjà mis en application par décret depuis le mois de juillet 2023. La rédaction d’Il était une pub se devait ainsi de corriger et de compléter l’article ci-dessous, publié le 29 septembre dernier.

Revalorisation des salaires et prime enseignants

Ces dernières années, l’Éducation Nationale a bien du mal à susciter des vocations. Pire, les établissements scolaires manquent souvent de professeurs. D’ailleurs, de nos jours, un certain nombre n’hésite plus à démissionner, faute de pouvoir exercer de façon satisfaisante. C’est dans ce contexte que le Gabriel Attal a promis une prime enseignant, prévue à titre exceptionnel en octobre prochain. Néanmoins, il faut rappeler que les personnels qui interviennent en milieu scolaire ont déjà vu leur rémunération augmenter ces derniers mois.

Pour commencer, tous les professeurs titulaires peuvent désormais profiter d’un revenu supérieur ou égal à 2000 euros en début de carrière. Rappelons que pour faire ce métier, il faut faire des études supérieures, et enfin passer le CAPES (hors contractuels). Le cursus peut donc s’avérer long et exigeant, tout comme le quotidien dans les salles de classes surchargées.

Avant de lancer cette prime enseignants, l’Éducation Nationale a également proposé aux professeurs de signer un pacte. Ce système peut leur permettre de gagner plus, à condition qu’ils acceptent d’assurer des missions supplémentaires auprès des élèves. Moyennement des cours de soutien, des projets éducatifs ou des remplacements au pied levé, certains peuvent espérer quelques centaines d’euros en plus sur leur fiche de paie. Mais cette mesure ne fait l’unanimité parmi les enseignants. Loin de là.

Prime enseignants
Qui aura droit à la prime enseignants ? – Crédits Photos : iStock

Prime enseignants : comment ça marche ?

Voilà un ministre qui aura fait parler de lui dès sa prise de poste. Autrefois porte-parole du gouvernement, puis Ministre délégué chargé des Comptes publics, Gabriel Attal est une figure incontournable du gouvernement. Ces dernières semaines, ce militant de La République en marche, a entamé une lutte sans merci contre les signes religieux, mais aussi contre le harcèlement scolaire. Cette fois, il entend soutenir le pouvoir d’achats des agents de l’Éducation. Et plus précisément, celles et ceux qui ont des petits salaires, dans un contexte marqué par l’inflation. Voilà pourquoi il propose cette prime enseignants d’un montant de 380 euros. Pour présenter la mesure, il a pris la parole au JT de TF1, ce jeudi 28 octobre.

« On versera en octobre, sur la paye du mois d’octobre, une prime exceptionnelle de pouvoir d’achat à 730 000 agents du ministère, c’est plus d’un sur deux. »

Attention ! Ce coup de pouce ne concernera pas tous les professeurs. De plus, il viendra aussi en aide à d’autres métiers. Ainsi, La Tribune a relayé les critères communiqués par le cabinet de Gabriel Attal. La prime enseignant profitera aux personnels ayant perçu moins de 39 000 euros brut entre juin 2022 et juin 2023. Ce qui équivaut à un salaire inférieur à 2 600 euros net par mois, sans tenir compte des heures supplémentaires. En tout 500 000 professeurs devraient y avoir droit le mois prochain. Mais le dispositif s’étendra aussi 230 000 « autres personnels ». À l’image des AESH (Accompagnants des élèves en situation de handicap) mobilisés dans les écoles et établissement du secondaire. Ces derniers pourront compter sur une prime de 500 euros.

Du côté des syndicats enseignants, la mesure ne rencontre pas un enthousiasme débordant. En effet, il ne s’agit pas d’une augmentation valable dans la durée. Mais bien d’un coup de pouce qui n’aura lieu qu’au mois d’octobre 2023.

« Il s’agit d’une prime ponctuelle, alors que nous demandons une revalorisation conséquente pour tout le monde. (…) Le dossier salaires ne peut pas être clos par une prime. », rappelle Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, majoritaire au sein des professeurs du second degré.

Sources : actu.fr, latribune.fr

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