Andréa Bescond dénonce l’inaction pouvoirs publics contre les violences sexuelles : « On ne peut pas se contenter de ça »

Une fois n'est pas coutume : Andréa Bescond a troqué le noir, pour mettre en ligne un post rose. L'objectif ? Alerter sur l'immobilisme des pouvoirs publics concernant les violences sexuelles.

© France 5

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Voilà une artiste dont le militantisme n’est plus à prouver ! Connue pour ses talents de danseuse, Andréa Bescond a aussi fait ses preuves en tant que comédienne, réalisatrice et auteure. De son propre vécu, elle a tiré un spectacle Les Chatouilles ou la Danse de la colère. Qu’elle a ensuite adapté au cinéma, et qui lui a même valu un César en 2019. En effet, dans son enfance, elle a vécu l’indicible. Mais à présent, elle compte bien porter la parole de toutes les autres victimes.

Sa carrière dans le milieu artistique ne va pas sans son engagement contre les violences faites aux femmes et aux enfants. Inlassablement, Andréa Bescond écrit. Dans ses posts noirs, elle raconte les histoires des anonymes et des célébrités. Les méfaits des bourreaux et les souffrances des victimes. Dernièrement, la réalisatrice nous a même alerté sur l’affaire atroce, touchant la famille d’un policier. Plusieurs mois après le début de la vague MeToo qui agite le cinéma français, elle s’inquiète. Elle ne voudrait pas que le battage médiatique ne vienne masquer le long chemin qui reste à faire, pour que la justice soit vraiment rendue dans nos tribunaux…

Andréa Bescond alerte le public et les militant.e.s

Depuis l’hiver dernier, de nombreux drames sont sortis de l’ombre, pour se dévoiler en pleine lumière. Isild Le Besco, Vahina Giocante, Yanis Marshall, Aurélien Wiik… Beaucoup de personnalités du cinéma et de la danse ne veulent plus se taire. Devant le tollé qui a suivi le témoignage de Judith Godrèche, les parlementaires ont voté pour la mise en place d’une commission d’enquête. Visant à protéger les mineurs dans le monde de l’audiovisuel. Mais Andréa Bescond craint que ces mesures, annoncées en grande pompe, ne cachent une réalité moins glamour. La société change, mais pour des milliers de victimes, elle fait encore du sur place. Les grands mots, la militante n’y croit pas. Elle veut des résultats.

« Une grande chaîne à enflammer, pour obtenir du concret, du vrai, pour nos enfants. On ne peut pas se contenter de « ça », de leur stratégie du vide depuis tant d’années… », écrit-elle en légende de son post Instagram, le 4 mai 2024 au soir.

Elle a repris la plume. Non pas pour évoquer un fait divers. Mais bien pour mettre en garde celles et ceux qui luttent avec elle, pour qu’on écoute enfin les victimes.

« Il y a quelques semaines, j’ai rédigé des posts blancs qui mettaient en avant des noms de personnes ayant témoigné publiquement des violences sexuelles qu’elles avaient subies.  Il en manquait, car nous sommes si nombreuses. Ce système fait ça, il instrumentalise des paroles de personnes à « notoriété », il les enflamme, c’est un feu de pailles. Puis, pour montrer aux citoyen.ne.s qu’il va lutter, il lance des enquêtes, des commissions, des numéros verts, il n’y a jamais aucun budgets donc c’est du vent. », explique Andréa Bescond, pointant l’inefficacité du gouvernement, malgré de nombreuses promesses faites en période électorale…

Ne pas perdre de vue le collectif

Pour cette auteure, les affaires de violences du star system, sont l’arbre qui cache la forêt. Derrière, se trouve l’épais brouillard des histoires qui restent silencieuses et méconnues.

« Et victime célèbre après victime célèbre, on a la naïveté de penser que ça y est, ça va enfin changer, croyez-moi, je sais, je suis passée par là. Je dois même ma petite notoriété à mon militantisme, et pas l’inverse au final. J’ai un profond respect pour toutes les victimes de violences. Mais il est temps de penser au collectif, à cette colère commune qui nous unit. Il est temps d’arrêter de se réjouir de ces petites mesures qui ne font que nous faire perdre du temps. Tant que 90 % des plaintes seront classées sans suite, tant que cette chaîne judiciaire sera vérolée comme elle l’est, le débat autour des violences sexuelles n’aboutira à rien de concret. » 

Le message d’Andréa Bescond est clair : il ne faut pas se laisser endormir par quelques belles paroles. Ni par des engagements pleins de langue de bois. Mais bien exiger la justice pour toutes et tous.

« Ce n’est que de l’instrumentalisation, de la flatterie et du vent. Célébrité après célébrité, avec toujours cette même phrase « bravo, vous libérez la parole, vous êtes une icône. » Nous sommes toutes des icônes. Chaque victime de violence est une icône, il n’y a jamais eu et il n’y aura jamais de messie. Mais il y a une chaîne collective et méritante qu’il est grand temps d’enflammer. Pas une personne de temps en temps, mais cette grande et courageuse chaîne. »

 

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