Salarié au SMIC : un allocataire du RSA peut-il gagner plus ? Explications

Selon le député Karl Olive, un bénéficiaire du RSA gagnerait plus en restant chez lui qu’un salarié rémunéré au Smic. Les détails.

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Toucher le RSA en étant sans emploi permettrait d’avoir un meilleur niveau de vie qu’un salarié au Smic. C’est ce qu’a affirmé Karl Olive dans un commentaire. Pourtant, les statistiques publiées par la Drees démontrent le contraire. Qu’en est-il réellement ? Réponses dans cet article.

Salarié : comparaison des cas

Le sujet fait débat depuis un certain temps. Un Français qui touche le RSA et qui est sans emploi aurait un niveau de vie supérieur à celui d’un salarié payé au Smic. Karl Olive, député de la 12e circonscription des Yvelines, a avancé cette hypothèse dans un commentaire qu’il a fait lundi 15 mai.

Un commentaire qui depuis a été supprimé. L’homme politique a affirmé qu’un bénéficiaire du RSA et de l’ARE gagnerait plus qu’un travailleur rémunéré au salaire minimum. Une façon pour lui de soutenir la réforme du RSA prévue par le gouvernement.

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En effet, les conditions de versement de cette prestation sociale vont bientôt changer. Pour l’avoir, il faudra désormais se prêter à des heures d’activités d’insertion ou de formation. Ce que beaucoup ne cautionnent pas.

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Une fiche de paie française avec une calculatrice, de l’argent en euros et une loupe – Crédits photos : iStock

Alors, les affirmations de Karl Olive sont-elles fondées ? Non, pas du tout. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il a vite supprimé son commentaire. En effet, pour tout bénéficiaire du RSA, le montant de l’aide est déduit de l’ARE s’il perçoit les deux. La somme qu’il reçoit n’est donc pas conséquente, et reste loin en dessous du Smic.

En ce qui concerne la question du niveau de vie plus facile au RSA qu’au Smic, celle-ci contient également une erreur. Prenons un exemple simple. Le cas d’un célibataire non-salarié vivant sans enfant et qui touche le RSA.

Selon les chiffres de la CAF, une personne dans cette situation reçoit 608 euros par mois. Or, le Smic qui a été revalorisé au 1er mai de cette année, est désormais à 1383 euros pour 35 heures hebdomadaires. L’écart est immense. Le bénéficiaire du RSA perçoit presque la moitié du montant du salaire minimum.

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Salarié : autres cas de figure

Comme le montant du RSA varie en fonction des foyers, prenons un autre cas pour confirmer l’hypothèse précédente. Celui d’un couple non-salarié sans enfant. Les couples dans cette situation sont éligibles au RSA et touchent environ 911 euros par mois.

Or, si les deux travaillaient et qu’ils étaient payés au salaire minimum, ils toucheraient jusqu’à 2766 euros. C’est presque deux fois plus. Notons qu’avec un enfant à charge, le montant du RSA serait de 1094 euros. Ce qui reste largement insuffisant.

En fait, dans la totalité des cas de figure, le montant du RSA reste bien en dessous du Smic. Qu’advient-il alors si l’on ajoute les aides personnelles en location ou APL ? La réponse est simple, la situation ne change pas. L’APL étant rarement perçue par les foyers au Smic.

« Le niveau de ressources au-dessus duquel l’aide devient nulle est au voisinage du Smic pour une personne seule, et de moins de deux Smic pour un ménage avec deux enfants », indique le dernier baromètre sur l’aide au logement.

En bref, même en ajoutant l’APL, un bénéficiaire du RSA qui ne travaille pas ne gagnera jamais plus qu’un salarié rémunéré au salaire minimum. Pour information, le montant de l’aide au logement est de 204 euros en moyenne. Elle n’est pas assez importante pour effacer l’écart entre les deux revenus.

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Gros plan sur un homme méconnaissable qui compte de l’argent – Crédits photos : iStock

Des statistiques détaillées

Dans la quasi-totalité des scénarios, le Smic rapporte plus que le RSA. Un fait confirmé par la Drees. Dans son dernier panorama annuel, cette dernière a publié les résultats de son enquête relative au niveau de vie des ménages. Cela lui a permis d’établir les statistiques suivantes :

  • Peu importe le cas de figure, le bénéficiaire du RSA qui reste chez lui ne touche jamais plus que le Smic.
  • Un bénéficiaire du RSA a toujours un niveau de vie inférieur à celui d’un salarié. Et ce, même si ce dernier ne touche qu’un demi-Smic.
  • Un célibataire sans enfant a un niveau de vie inférieur à 47 % par rapport à une personne qui touche le Smic.
  • Un célibataire sans enfant a un niveau de vie inférieur à 20 % par rapport à une personne qui touche un demi-Smic.
  • Le cas où la différence entre les deux revenus est la plus petite est celui des couples avec trois enfants à charge. Dans cette situation, la différence avec un foyer de même composition et qui touche le Smic chute à 27 %.

« Dans la totalité des cas de figure, la personne sans aucun revenu lié à une activité professionnelle a un niveau de vie inférieur au salarié, même dans le scénario où celui-ci ne touche qu’un demi-Smic », confirme la Drees.

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