Depuis les années 2000, le grand public vit une histoire particulière avec la téléréalité. Tout a commencé avec Loft Story. Et des premiers candidats iconiques comme Loana ou Steevy Boulay. Très vite, les producteurs ont saisi le potentiel de ses programmes. Avec des tournages relativement bon marché. Et des audiences records. Résultat ? Au fil des ans, bon nombre de personnalités ont émergé grâce à des émissions similaires. Comme Jessica Thivenin ou Maéva Ghennam (Les Marseillais). Ou encore Amélie Neten, Marie Garet ou Caroline Receveur. Sans oublier Nabilla, partie de rien et devenue une redoutable femme d’affaires. Ces trajectoires qui agacent, ces succès qui consternent… Agathe Riedinger a décidé d’en faire un film. Intitulé Diamant Brut.
Dans cette intrigue, on suit le parcours d’une jeune fille originaire du sud de la France. Liane a toute la panoplie de la bimbo provençale. Elle alterne maquillage, habillage et lives sur les réseaux sociaux. Avant de chercher la gloire via la téléréalité. Loin de moquer les candidats de ces programmes, Diamant Brut offre un regard neuf, sur les jeunes femmes qui se lancent sur cette voie. On fait le point !
Diamant Brut : un itinéraire accidenté vers la notoriété
Dans le film, l’héroïne fuit un foyer précaire et un cadre familial difficile. Et pour s’en sortir, elle est prête à tous les sacrifices. C’est sur cette ambition qu’une directrice de casting la repère. Et lui propose de participer à l’émission Miracle Island. Reste à savoir si la jeune Liane Pougy saura profiter de cette opportunité pour réaliser ses rêves. Ou si ce chemin, en apparence facile, lui réservera de mauvaises surprises. Mais n’allez pas croire que Diamant Brut reste en surface.
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Lors du festival de Cannes 2024, la réalisatrice a expliqué sa réflexion. Elle-même a souvent eu l’occasion de regarder des émissions de téléréalité. Et son avis sur ces programmes est assez nuancé.
« Je suis sidérée par ces contes modernes chargés de violence et de valeurs réactionnaires. Ces programmes véhiculent l’hypersexualisation de la femme et la culture du viol, et reposent sur le mépris de classe. Les candidats sont choisis pour leurs blessures affectives et parce qu’ils viennent d’un milieu modeste : les téléspectateurs vont donc pouvoir se moquer de leur façon d’être et de parler. », déclare Agathe Riedinger.
Avec ce long-métrage, elle a voulu mettre en avant ces célébrités qu’on moque souvent. Ces femmes dont on tacle les opérations de chirurgie esthétique.
« Elles arrivent avec une force, une vérité, une revendication d’elles-mêmes inédites. Pour elles, la téléréalité est un métier, une voie alternative au chômage alors qu’elles n’ont que très peu accès à l’emploi. Elles utilisent leur beauté comme source de pouvoir et comme instrument d’ascension sociale. »
Pour le personnage principal de Diamant Brut, la réalisatrice a fait un casting sauvage dans la cité phocéenne. Elle a porté son choix sur une étudiante marseillaise, Malou Khebizi. La jeune femme, a très bien cerné les enjeux de ce rôle.
« Quand on vient d’un milieu modeste, comme Liane et comme moi, on se sent oublié. On nous critique parce qu’on est tout le temps sur les réseaux sociaux mais, pendant les années Covid, on nous a enlevé notre jeunesse et les réseaux sont la seule chose qu’on nous ait laissée. », explique la comédienne.
Jusqu’ici, le public du festival de Cannes paraît ravi. Le film sortira en salles le 9 octobre.