Salaire : les entreprises vont devoir jouer la transparence sur la rémunération

Vous avez toujours voulu savoir si vos collègues avaient le même salaire que vous ? À l'avenir, vous n'aurez sans doute plus besoin de jouer aux devinettes pour avoir une réponse.

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Le monde du travail peut parfois sembler impitoyable. En effet, quand certains parviennent à faire jouer leur réseau et leur audace pour gagner plus, d’autres ont du mal à s’imposer. Et à valoriser leurs compétences. Au-delà des performances, le salaire varie aussi selon des facteurs comme l’âge, la situation familiale, le genre… Mais ce qui permet de tels écarts, c’est avant tout le non-dit. Dans la fonction publique, les grilles de rémunération sont claires. Elles tiennent compte de la catégorie, du grade, et de l’ancienneté. Or, dans le secteur privé, de nos jours, rien n’oblige l’employeur à dire qui touche combien.

Ce flou ne devrait pourtant pas tarder à disparaître. En effet, une directive européenne a été adoptée par les États membres. L’objectif ? Mettre plus de transparence dans le monde du travail. Et, par conséquent, plus d’équité. En clair : à partir du 7 juin 2027, toutes les entreprises devront indiquer le salaire que perçoit chaque employé. De la direction jusqu’au bas de l’échelle. En France, les employeurs vont devoir redoubler d’efforts pour se mettre à page. Un sacré challenge.

Transparence sur les salaires : un plus pour les travailleurs ?

Dans certaines sociétés, les salariés n’osent pas forcément comparer leur rémunération avec celle de leurs collègues. Et encore moins interroger leurs supérieurs sur ce sujet. Avec la norme européenne qui va bientôt s’appliquer, le monde du travail risque donc de connaître un sacré choc.

« Plus que d’une simple évolution, il s’agit d’une révolution. », déclare l’experte RH Laura Grouberman, en poste chez WTM, dans les colonnes du Monde.

Et pour cause : non seulement le salaire ne devrait plus demeurer confidentiel pour personne. Mais, mieux, il devrait même être clairement expliqué aux candidats durant la phase de recrutement. Plus questions de les laisser négocier sans aucun repère. Il faudra leur fournir un montant. Ou une fourchette, pour leur permettre de se projeter.

 « Cela répond à une très forte demande des salariés. », note Eric Gras, un expert du marché du travail, en poste chez Indeed France.

Et les entreprises qui ne joueront pas le jeu risqueront des sanctions. Elles devront fournir des données claires. Permettant de justifier les écarts de rémunération entre les employés. Et notamment l’écart de salaire entre homme et femme. Sur le même poste, et avec le même temps de travail.

Une pratique déjà en place chez certains employeurs…

Si dans l’hexagone, le tabou sur le salaire reste réel, quelques sociétés montrent déjà l’exemple. À l’image de Clinitex. Cette entreprise a 4 000 employés. Et il y a 8 ans, la rémunération des 200 salariés, affectés aux fonctions support, sont consultables. Pour les connaître, il suffit de se connecter à l’intranet. Jusqu’ici, tout le monde joue le jeu au sein de cette structure.

Même chose au sein de la société Lucca. Cette firme commercialise des logiciels de gestion RH. Et pour les 600 personnes qui y travaillent, le salaire est une donnée tout à fait officielle. On y connaît la rémunération du PDG comme celle du stagiaire. Le directeur général estime que cette mesure permet plus de confiance. Et de justice au sein de l’entreprise.

« On évite la prime à la grande gueule en assurant une cohérence globale, et aussi plus sexy, car plus attirant pour les candidats. », explique Charles de Fréminville, de chez Lucca.

Les professionnels du secteur RH paraissent séduits. Mais la transparence sur le salaire pourrait bien rencontrer des réticences à la tête des entreprises.

« Il va falloir en persuader les dirigeants et les managers. », indique Eric Gras, en poste chez Indeed. 

D’autres estiment que les non-dits révèlent souvent des écarts de salaires injustifiés

« Pour moi, les entreprises qui refusent de jouer le jeu ont quelque chose à cacher : la politique salariale manque-t-elle de rigueur ? Le patron est-il trop payé ? Un tel a-t-il bénéficié d’un passe-droit ? », décrypte Edouard Pick, le PDG de Clinitex.

Sources : lemonde.fr

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