Missak Manouchian : le résistant entrera au Panthéon ce 21 février 2024

D'origine arménienne, Missak Manouchian avait lutté pour obtenir sa naturalisation. Il a aussi été résistant, lors de l'occupation allemande.

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On dit parfois que l’Histoire se répète. Une chose est sûre : en 2024, la guerre est encore beaucoup plus qu’un lointain souvenir. Elle détruit toujours des vies, à l’est de l’Europe comme au Moyen-Orient. Presque 80 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, la France s’apprête à honorer un courageux résistant, Missak Manouchian. Ce célèbre résistant, fusillé en 1944, va faire son entrée au Panthéon le 21 février 2024. Pour l’occasion, une cérémonie officielle aura lieu, en présence d’Emmanuel Macron. Zoom sur un parcours hors norme, loin des idées préconçues

Le parcours de Missak Manouchian

Nous parlons d’un temps qui n’existe bientôt plus dans la mémoire des hommes. En effet, ce héros de résistance a vu le jour en 1906, en Arménie. En ce temps-là, le pays était encore considéré comme une province de l’Empire Ottoman. Très jeune, Missak Manouchian a perdu ses deux parents. À cause du génocide arménien, survenu entre 1915 et 1923. Précisons que son père est décédé en tentant de résister à l’oppression. Tout juste âgé de 18 ans, l’orphelin pose ses valises dans l’hexagone.

En tant qu’ouvrier immigré, Missak Manouchian travaille d’abord à la Seyne-sur-Mer. Au sein de la société des Forges et Chantiers de la Méditerranée. Dès 1925, avec son frère, il s’établit en région parisienne, et se fait employer à l’usine Gévelot, où l’on fabrique alors des munitions. Dans les années 1930, la montée de la xénophobie en France impacte son travail. Il commence ensuite à fréquenter des intellectuels et à développer sa culture politique. Il se lance donc comme rédacteur en chef dans plusieurs revues comme Tchank ou Zangou. De plus, il s’implique en tant que directeur de l’Union populaire franco-arménienne entre 1938 et 1939.

Missak Manouchian
Missak Manouchian dans les années 1940 – Crédits Photos : Capture TF1

Faits d’armes durant la résistance

Par ses origines et ses idées politiques, Missak Manouchian a très vite dû réagir lorsque Pétain a pris le pouvoir en France. D’autant que le régime en place refuse de nouveau ses demandes de naturalisation. Il intègre alors un groupe appelé FTP-MOI. Des initiales qui signifient Francs-tireurs et partisans – Main d’œuvre immigré. Sa résistance politique va conduire les services de renseignements généraux à le rechercher et à l’arrêter en 1944. Torturé, puis fusillé, il restera attaché à l’hexagone, jusqu’à son dernier souffle.

« Je m’étais engagé dans l’Armée de Libération en soldat volontaire et je meurs à deux doigts de la Victoire et du but. Bonheur à ceux qui vont nous survivre et goûter la douceur de la Liberté et de la Paix de demain. Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement. (…) Après la guerre, tu pourras faire valoir ton droit de pension de guerre en tant que ma femme, car je meurs en soldat régulier de l’armée française de la libération. », écrivait le résistant dans sa dernière lettre à son épouse, Mélinée, quelques heures avant son éxécution. 

Un camarade de Missak Manouchian s’indigne

En 2024, il reste bien peu de gens qui ont côtoyé ce héros de la Seconde Guerre mondiale. Pourtant, un homme de 98 ans, Léon Landini, a encore en mémoire ces années de lutte durant le régime de Vichy. D’ailleurs, au sein des FTP-MOI, il a eu l’occasion de très bien connaître Missak Manouchian. Or, le vieil homme vient tout juste de prendre la parole via le média Blast. Face au journaliste qui l’interroge, il révèle ne pas avoir reçu d’invitation pour la cérémonie d’entrée au Panthéon de son ancien camarade. Du moins, pas avant le 20 février 2024. Léon Landini ne croit pas à une erreur des autorités. Mais il soupçonne une manœuvre politique, visant à l’éloigner de cet évènement.

« D’avertir 24 heures avant, un homme de 98 ans. ‘Demain soir, il faut que vous soyez à 18 h à tel endroit’. On ne l’aurait pas voulu, on ne s’y serait pas pris différemment. On invite la veille pour parer un coup. En disant ‘ça y est lui, maintenant, il va la fermer’. Eh non ! Je la ferme pas ! »

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