Vers une disparition progressive des titres-restaurants ?

L’intérêt réel des titres-restaurants interroge. Certains émetteurs craignent la disparition de ce moyen de paiement d’ici peu.

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Depuis 2018, la dématérialisation des titres-restaurants a bondi de 5 à 60 %. Cependant, les restaurateurs les acceptant sont de moins en moins nombreux. Depuis février dernier, environ 10 % les refusent. Ce chiffre pourrait monter à 24 % d’ici fin 2023 selon le groupement des hôtelleries et restaurations de France.

Ces refus s’expliqueraient par la fermeture du centre titres-restaurants au mois de février dernier. Depuis, les restaurateurs doivent passer par un laborieux cheminement avant de se faire rembourser. Si certains acteurs du secteur voient que des avantages au rebondissement des titres-restaurateurs, certains craignent leur disparition.

Chute des titres-restaurants en papier

Les tickets restaurant présentent une solution de restauration sûre pour près de 5 millions de salariés. Utilisés par 140 000 entreprises, ils sont acceptés dans près de 220 000 restaurants et magasins alimentaires. Actuellement, le plafond journalier des titres-restaurants est de 25 euros.

Durant la pandémie, ce montant avait atteint 39 euros, au grand avantage de nombreux Français. Pour rappel, l’utilisation de ce moyen de paiement se limite aux jours ouvrables. Seuls les salariés amenés à travailler le dimanche ou les jours fériés sont une exception.

Parmi les émetteurs, on peut notamment citer Sodexo, Endred, Up ou Bimpli (racheté par Swile). Ces derniers souhaitent tous que le ministère de l’Économie publie un décret pour généraliser la dématérialisation des titres-restaurants d’ici 2025.

« Avec une carte le paiement devient sécable, vous pouvez payer au centime près, vous n’avez pas de date limite d’utilisation et en cas de perte, vous pouvez faire opposition », détaille Patrick Bouderbala, président du Centre National des Titres Restaurants.

Selon lui, cette généralisation est cohérente avec les nouvelles mesures RSE des entreprises. De plus, la dématérialisation des titres-restaurants permettrait de faire des économies pour les émetteurs. Patrick Bouderbala argumente en relevant que le papier coûte cher et que les cartes seront plus simples à gérer.

Les avantages de la dématérialisation de ces dispositifs semblent convaincre les entreprises. Depuis 2018, l’utilisation des Tickets restaurants en papier a chuté. En effet, elle est passée de 95 % à 40 %.

Un élargissement du moyen de paiement

Cette dématérialisation ne pourrait toutefois pas suffire pour faire perdurer les titres-restaurants. Les émetteurs estiment qu’il y a de fortes chances que ce moyen de paiement de restaurant disparaisse un jour.

« Au départ, le titre-restaurant est apparu dans les années 60 pour stimuler la consommation chez les commerçants de proximité. La plupart des gens amenaient leur gamelle au travail pour la pause déjeuner », raconte Loïc Soubeyrand, fondateur de la startup Swile, créée en 2018.

Au fil des années, la grande distribution a commencé à ouvrir des points de restauration rapide. Une opportunité à ne pas rater pour attirer les salariés. L’élargissement des titres-restaurants s’est accentué ces dernières années. Cela résulte surtout du passage du Covid-19 et de l’inflation.

Les salariés peuvent désormais acheter des produits non transformés avec leurs titres-restaurants. Ils peuvent même s’en servir dans certains magasins non alimentaires. Cela est peut-être avantageux pour les utilisateurs pour le moment.

Cependant, Patrick Bouderbala prévient que l’élargissement des aliments pourrait entraîner la fin du titre-restaurant. Il faut savoir que les titres-restaurants sont pris en charge entre 50 % à 60 % par l’entreprise. Ils sont exonérés de charges fiscales et sociales sous certaines conditions, explique le ministère de l’Économie.

« On peut voir le titre-restaurant comme une niche fiscale, l’État se passe d’impôt et de cotisations sociales », pointe le président du CNTR.

Vers la fin des titres-restaurants

Selon Patrick Bouderbala, le titre-restaurant ne doit pas devenir « un bon d’achat ». Il ne doit pas substituer aux aides anti-inflation mise en place dans les entreprises comme « la prime Macron ». Le dispositif devrait revenir à sa vocation de départ d’outil de santé publique. Une position partagée avec l’émetteur Swile.

« Si ces mesures dérogatoires venaient à être prolongées au-delà du 31 décembre dans ce contexte macro-économique peu rassurant pour les Français, ce serait compréhensible, en revanche, il ne faut en aucun cas les pérenniser », insiste Loïc Soubeyrand.

Ce dernier propose de relever le montant global du titre et l’exonération patronale. Selon Loïc Soubeyrand, cela doit atteindre respectivement 15 euros et 75 % d’exonération. Les titres-restaurants ont été créés pour offrir des avantages salariaux.

Le dévoyer ne serait pas efficace pour le préserver. Au contraire, ce moyen de paiement pourrait disparaître à moyen long terme. Une crainte qu’aucune partie prenante ne souhaite voir se réaliser.

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