Violences vicariantes : quand les agresseurs s’en prennent aux mamans en ciblant leurs enfants…

Ces derniers jours, plusieurs faits divers impliquant des violences et des crimes sur des mineurs, après des disputes entre adultes. Un phénomène appelé "violences vicariantes"

Vendredi soir, nous apprenions la mort tragique de la petite Celya. Enlevée et assassinée par le compagnon de sa maman, après une dispute. Quelques jours plus tôt, un père ayant jeté ses enfants par la fenêtre, avant de sauter à son tour, du 4ᵉ étage d’un immeuble parisien. Si l’homme a perdu la vie, ses enfants ont miraculeusement survécu à leur chute. Le point commun entre ces deux affaires ? Les violences vicariantes. Cette expression ne vous dit rien ? On peut le comprendre, puisqu’on doit ce concept à Sonia Vaccaro, une psychologue qui exerce en Argentine.

Elle a popularisé cette formule en 2012. Et ce, afin de désigner les cas où un individu s’en prend aux enfants d’une personne, pour la blesser de manière détournée. Souvent, il s’agit de situations qui concernent des conjoints ou ex-conjoints. Le partenaire violent, après un conflit ou une séparation, peut alors maltraiter les enfants durant ses droits de visites et d’hébergement. Le plus souvent, les violences vicariantes touchent les mères. Punies, pour avoir mis fin à la relation, à voir leur progéniture souffrir. En France, plusieurs initiatives qui dénoncent cette tendance. Claire Bourdille, qui a fondé le collectif Enfantiste, il y a deux ans, a accepté d’en dire plus

Violences vicariantes : que font nos lois ?

Il y a encore quelques jours, nous vous parlions de la prise de parole de Judith Chemla. Dans le cadre de l’appel des 500 mamans, l’actrice a lu la lettre au juge d’une mère désespérée et inquiète pour le sort de sa fille. Qu’elle doit, bon gré, mal gré, confier à un père maltraitant. Il ne s’agit pas d’un phénomène isolé. Ce samedi 13 juillet, dans les colonnes du Parisien, Claire Bourdille le confirme. Elle-même a tenu à donner une définition complète des violences vicariantes, pour faire connaître cette notion clé.

« C’est l’utilisation des enfants comme objets de torture pour détruire le parent victime, soit – la plupart du temps – la mère. Dans notre collectif on reçoit beaucoup de témoignages de ce type, surtout au moment de la séparation du couple ou après. L’agresseur sait que l’enfant est un point de contrôle et de destruction, donc il l’utilise au moment où il n’a plus la main sur sa victime : quand elle s’en va. », révèle la fondatrice du collectif Enfantiste.

La militante le souligne : notre justice ne fait pas le lien entre un individu capable de violences conjugales et des violences dirigées contre les enfants. Ainsi, comme nous l’avions vu avec le témoignage d’une jeune mère appelée Ivana, il arrive que des femmes battues aient l’obligation de revoir leur bourreau. Pour que ce dernier puisse profiter de ses droits de père.

« Quand on va porter plainte, ce sont deux choses séparées : d’un côté les violences subies par le parent victime et de l’autre par les enfants. C’est problématique car après certaines condamnations pour violences conjugales, des agresseurs ont encore la garde de leurs enfants. On aimerait que la justice comprenne qu’un mauvais conjoint n’est pas un bon parent. En ce sens, notre collectif va lancer d’ici la rentrée une enquête sur la prise en charge des mineurs liés aux violences conjugales. »

Selon Claire Bourdille, la loi devrait évoluer, pour lutter plus efficacement contre les violences vicariantes, qui détruisent les enfants comme les adultes.

« Sans cela, il y a des violences faites aux enfants qui ne sont pas considérées comme telles parce qu’elles ne sont pas mises en relation avec la violence conjugale qu’il y a dans le foyer. Cela m’est arrivé. Le père de mon enfant a menti sur la santé de ma fille en forçant une opération chirurgicale chez l’ORL alors qu’elle n’était pas malade. J’ai découvert cela en recevant une convocation chez l’anesthésiste. Ma fille se croyait malade, c’est grave. Quand je suis allée porter plainte pour violences conjugales, la police a uniquement traité les faits qui me concernaient mais pas mon enfant. »

Pour cela, elle milite en faveur d’une nouvelle notion juridique :

« Le contrôle coercitif aurait permis de comprendre l’ensemble du contexte et de reconnaître les violences subies par mon enfant. »

Elle rappelle que les violences vicariantes traumatisent, abîment et tuent des enfants régulièrement.

« Quand un enfant meurt sous les coups de son parent ou de son beau-parent, c’est toute la société qui devrait réagir, être dehors. En France, il n’y a pas de décompte officiel des infanticides vicariants mais le collectif Enfantistes dénombre neuf meurtres d’enfants depuis le début de l’année. Selon le ministère de l’Intérieur, douze mineurs ont été tués par un de leurs parents dans un contexte de violences au sein du couple en 2022. »

Sources : leparisien.fr

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