Interview : June Milo nous raconte son expérience dans The Voice 11 et son parcours d’artiste

Révélée en 2022, dans The Voice 11, June Milo a accepté de répondre à nos questions, pour revenir sur sa formation, ses projets mais aussi ses convictions.

© Emilie Möri

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Cette semaine, nous avons eu la chance d’échanger avec June Milo. Auteure, compositrice, musicienne et interprète, elle a été révélée au grand public dans The Voice 11. Cette artiste faisait partie de l’équipe de Florent Pagny. Elle a su rester en compétition jusqu’aux battles. Près de 18 mois après son passage dans l’émission, l’artiste poursuit son chemin avec brio. Son dernier album, Parfaite, est sorti en mars 2023. Elle a accepté de nous en dire plus sur son parcours mais aussi sur les thématiques qui nourrissent son travail et ses projets. Formation, parcours à la télévision ou encore inspirations musicales… On vous dit tout !

June Milo, plus d’un an et demi après la fin de votre aventure dans The Voice, quel regard portez-vous sur cette expérience, avec le recul ?

“Effectivement, j’ai du recul maintenant. Même quand ça a été diffusé j’avais déjà un peu recul parce qu’il y a toujours un peu de délai… Entre les premières auditions qui ont eu lieu au mois d’août puis le tournage en décembre et la diffusion au mois de mars [NDLR : entre 2021 et 2022]. Donc oui, on a déjà du recul suite à ça, ce qui est plutôt bien. « 

Quels sont les meilleurs souvenirs que vous en gardez ?

”Je pense que les meilleurs, ce sont, notamment les rencontres que j’ai pu faire, d’un point de vue artistique. J’ai rencontré des gens et artistes que j’adore. Par exemple, Vaëlle, qui est québécoise et que j’aime beaucoup. Et puis je me suis vraiment fait un ami : Kevin Yven. C’est vraiment devenu quelqu’un avec qui je parle quasiment tous les jours. On a même travaillé ensemble, et on s’entraide pour des chœurs, des choses comme ça.”

La production de The Voice prépare en ce moment la saison 13. Pouvez-vous nous expliquer comment vos auditions ont eu lieu il y a 2 ans ?

“Comme c’est mon métier, et que je fais de la musique depuis 10 ou 15 ans maintenant… Les directeurs de casting connaissent en général beaucoup de musiciens, de chanteurs. Donc en fait, ils me contactaient toutes les années. En me disant ‘Est-ce que ça te dirait ?’. Et puis je disais toujours ‘Non, franchement je ne me sens pas. C’est pas trop mon truc.’. Et ensuite, il y a eu le Covid. Donc tout s’est un peu arrêté. Et puis j’ai eu une petite fille ! J’ai été enceinte, puis je m’en suis occupée. Il y a eu une sorte de pause dans ma carrière musicale.
Mais il faut savoir que nous les chanteur.ses, on nous pose toujours cette question. Lorsqu’on rencontre des gens par exemple, quand on se présente, qu’on dit ce qu’on fait dans la vie, on nous demande ‘Ah, mais pourquoi tu fais pas The Voice ?’. C’est vraiment la première chose qui revient, tous mes amis chanteur.ses me le disent aussi. Donc, on en a marre de cette question…

Et puis un jour on me l’a posée, en juillet 2021. Je suis rentrée chez moi ce soir-là. Alors, je me suis dit ‘Oui, pourquoi je fais pas The Voice ?’. Je me suis de nouveau posé la question. J’ai vu les points négatifs, tout ce que je n’aime pas forcément dans les grosses machines… Mais j’ai vu aussi le positif, en me disant ‘En fait, c’est une nouvelle expérience, je ne connais pas du tout la télé, je n’ai jamais fait de télé. Je vais sans doute apprendre à gérer mon trac aussi’. Oui je suis assez traqueuse, assez timide dans la vie. »

June Milo a envisagé The Voice 11 comme un challenge personnel et artistique

« Alors j’ai pensé que c’était quand même un moyen d’aller me tester. De voir ce que je suis capable de faire. Et de me remettre dans le bain aussi, après la pause que j’ai vécue. Je me suis dit ‘Allez, ça me remotive.’ Ils ne m’ont pas appelé. Alors, je me suis dit ‘S’ils ne m’appellent pas, je vais les appeler.’(rires) Je leur ai dit que j’étais plutôt partante. Et comme ils me connaissaient déjà…ça a été assez vite pour les premières étapes. Quand ils ne te connaissent pas, il faut commencer par envoyer une vidéo. Ça je ne l’ai pas fait, parce qu’ils avaient déjà vu des vidéos de moi sur Internet. Et je suis directement allée aux auditions, aux premières auditions, au Luna Rosa, dans un studio. »

June Milo précise tout de même qu’il n’existe pas de parcours type. Les directeurs font du repérage pendant des mois, avant le début du télécrochet.

« Mais il y a un million de façons de rentrer dans The Voice. Par exemple, mon ami Kevin Yven, il est arrivé beaucoup plus tard. Lui aussi, on l’a appelé. Moi j’avais commencé la compétition au mois d’août. Et tout de même pas mal d’étapes. Sans forcément que ça soit des auditions. »

En effet, June Milo révèle que les participants de The Voice peuvent être remerciés à tout moment, si l’équipe réalise qu’ils n’ont pas le niveau ou l’attitude qui convient.

« Par exemple, un jour, on va dans les bureaux, prendre les tonalités, pour choisir des morceaux. Mais en fait, à ce moment-là, ils peuvent encore dire ‘Vous n’êtes pas prêts’. À tout moment, même quand on se prépare, qu’on fait la répétition sur le plateau, on peut encore nous dire ‘Bon, en fait non’.”

Ah oui, on parle donc d’une pression assez énorme pour les candidats, non ?

“Mais je ne sais pas si tout le monde le sait. Personnellement, je savais que c’était comme ça. Donc, chaque fois que j’y allais, je me disais ‘c’est une audition’. Il faut rester sérieux, avoir bossé. Je pense que certains pensent avoir passé assez d’étapes. Mais, c’est jamais sûr à 100 %. On est toujours observé. Je pense qu’ils veulent voir aussi comment réagissent les candidats, en communauté. Comment on parle en interview… C’est une grosse machine, c’est TF1. Ils ne peuvent pas se permettre un problème…”

June Milo, vous avez sorti votre dernier EP, Parfaite, en mars 2023. Mais vous aviez déjà sorti quelques disques par le passé… Peut-on faire le point sur votre discographie ?

« En effet, j’ai commencé avec Jelly and Jam en 2015. Ça c’est vraiment un album. Et comme j’ai toujours été en autoproduction j’ai ensuite sorti des EP. Parce qu’un album c’est très cher, ça prend énormément de temps. Et aujourd’hui, on consomme la musique différemment. Donc j’ai sorti des EP plus courts, avec 4 ou 5 morceaux à chaque fois.  Par la suite, il y a eu en 2016, Whisper. Puis en 2019, Avril et en 2023 Parfaite.”

June Milo
Jelly and Jam, le premier album de June Milo, est sorti en 2015 – Crédits Photos : Audrey Croisier

Comment définiriez-vous votre univers musical ?

“Je dis que je fais de la pop, mais ça reste assez large. Mais c’est aussi très inspiré de la folk, et très acoustique, parce que j’aime les vrais instruments de musique. Je ne travaille pas beaucoup avec des machines. Je fais de la musique très acoustique et mélodique. Parce que je suis fan de mélodies, j’adore écrire des mélodies.”

Donc, June Milo, vous êtes interprète, musicienne et compositrice ? Vous faites tout de A à Z, même la production ?

“Oui j’ai monté mon propre label, je fais tout et je participe à toutes les étapes, même si je ne suis pas seule. Il y a Jeremy Gras (guitariste) qui fait les arrangements, j’ai coécrit aussi avec ma sœur, Clarika et Laura Cahen. Je travaille beaucoup avec Yvan Bing sur la réalisation, le mixage, etc.”

Quels artistes vous ont le plus influencée ?

“Je pense que tout ce qu’on a écouté depuis toujours peut nous influencer. Donc il y a beaucoup d’artistes très différents… Mais en ce moment, j’écoute Madison Cunningham. Et pareil, elle fait tout, elle écrit, elle compose, elle joue de la guitare, elle chante… C’est vraiment incroyable. C’est une artiste, une femme qui m’inspire beaucoup. »

Mais June Milo a aussi tendance à beaucoup suivre la scène française.

“En France il y a Yseult aussi que j’aime énormément. J’adore son caractère. Elle propose de vraies mélodies. Elle a une voix incroyable. Ça s’éloigne de mon style mais je trouve ça intéressant. Ça m’inspire les femmes qui font leur place, qui font leur place toute seule. Voilà, Yseult est une battante, j’aime beaucoup !”

On peut même dire que June Milo fait preuve de beaucoup d’éclectisme dans ses goûts musicaux.

“J’adore Orelsan, je trouve qu’il est incroyable au niveau de ses textes. Mais j’adore aussi Maria Callas, je l’écoute depuis toute petite, Il y a aussi Anne Sylvestre, qui écrit des textes féministes incroyables. Et Agnès Obel, qui m’a pas mal influencée sur l’aspect pop-folk. Et les Beatles aussi. Ça reste un classique, mais c’est incroyable, je découvre encore des choses aujourd’hui.”

June Milo, vous avez de très bonnes critiques de presse et des médias. Vous avez notamment été invitée sur France Inter. Quelle formation avez-vous suivie, depuis votre jeunesse ?

“J’ai voulu faire ce métier depuis toute petite. Donc j’ai commencé la musique à six ans. J’ai fait l’accordéon pendant 11 ans. J’ai suivi des cours de piano, de solfège, de chant aussi. »

Rappelons que June Milo a choisi un cursus tourné vers la musique, en explorant plusieurs styles différents.

« Après mon bac, j’ai suivi une formation de musiques actuelles complète. Je suis franco-suisse, donc j’ai fait ça à Genève, à l’ETM, l’École des Technologies Musicales. Là, il y avait 20 à 30 heures par semaine : harmonie, solfège, piano, voix, improvisation, atelier rock, atelier jazz. On était vraiment dans le bain à 100 %. Et à l’époque je faisais aussi quelques heures au conservatoire en musique classique. Parce que je voulais devenir chanteuse d’opéra. Mais je voulais aussi écrire et composer. Alors, j’ai essayé de me former de la façon la plus large possible, parce que j’aimais plein de styles de musique. Donc j’ai fait du lyrique, et des musiques actuelles, et j’avais un groupe de rock/métal (rire).”

Et même lorsqu’elle a décidé de venir s’installer à la Capitale, June Milo a voulu poursuivre son travail, de façon pluridisciplinaire.

“Ensuite, j’avais envie de travailler le jazz. Donc j’ai déménagé à Paris. Je pensais y aller pour un ou deux ans. Mais en fait, je suis restée. Et là, j’ai fait le CIM, mais malheureusement, je crois que maintenant ça a fermé. C’était une école de jazz, avec beaucoup d’improvisation, mais aussi du solfège, de l’harmonie, du piano et des cours de chant. Là encore une formation complète. Et je faisais aussi le conservatoire classique, en chant lyrique, dans le 10ᵉ arrondissement. »

Comment avez-vous terminé ce parcours de formation ?

Avant de se lancer dans le grand bain, June Milo a aussi peaufiné son cursus, en améliorant sa présence sur scène.

“J’ai terminé par une dernière année de formation, en comédie musicale. J’avais envie d’être plus à l’aise sur scène, et le théâtre et la danse peuvent y contribuer. Là c’était intensif. On avait 10 h de danse, 10 h de chant et 10 h de théâtre par semaine ! Après je me suis dit ‘Bon, il va falloir arrêter les études. On va se lancer’.”

June Milo, vous avez fait plusieurs dates cet été, en Suisse. Pouvez-vous nous en parler ?

“C’était super. On m’avait appelé pour Les pianos égarés. Un principe où ils mettent des pianos à queue, dans la ville, dans des endroits un peu insolites. D’habitude, en concert, je joue avec un clavier électrique, avec des branchements, des sons électroniques. Même chose pour le guitariste qui m’accompagne, Jeremy Gras. Là, on était totalement en acoustique. Donc j’ai retravaillé tous mes morceaux. Plus pianistiquement parlant. Ça m’a donné envie de faire d’autres concerts comme ça, plus acoustiques, avec juste un piano et une guitare. J’ai beaucoup aimé.”

June Milo
June Milo en mars 2023 – Crédits Photos : Emilie Möri

En octobre et en décembre, vous avez d’autres concerts prévus en région parisienne. Pouvez-vous en dire plus à nos lecteurs ?

“Bien sûr. Je précise qu’il ne s’agit pas de mes projets personnels, donc je ne chanterai pas mes compositions. Le 11 octobre, je suis invitée par Ultra Light Blazer, un groupe de hip-hop et jazz [NDLR : au parc de Rentilly, à Bussy-Saint-Georges, en Seine-et-Marne]. Je vais donc chanter en featuring sur leurs compositions. J’ai coécrit certaines choses, mais c’est vraiment leur projet, j’interprèterai 4 ou 5 morceaux.
Le 19 décembre, je participe à un projet sur la folk music [NDLR : A folk Story au club de jazz Le Baiser salé]. Pareil, ça ne sera pas mes compositions mais un répertoire que j’adore. Avec du Joni Mitchell, du Joan Baez, Tom Waits…”

June Milo, vous nous avez parlé des femmes au cours de cette interview. Je devine que le féminisme fait partie des causes qui vous tiennent à cœur…

“Complètement ! C’est la cause qui touche. On en parle beaucoup plus qu’avant. Il y a beaucoup de femmes très inspirantes sur les réseaux sociaux. De mon côté, ça fait longtemps que je lis Mona Chollet et Simone de Beauvoir, et que ce combat me parle. Mais aujourd’hui, je vois que je suis vraiment très loin d’être la seule. Et ça devient vraiment un débat public. Et tant mieux, parce que les injustices me rendent folle.”

Dans votre musique, comment abordez-vous le féminisme ? 

“J’ai écrit un morceau sur ce sujet (Les filles sages), sur mon EP Parfaite. C’est la première fois que j’écris sur ce sujet-là. En français en plus. C’est hyper important mais il y a encore plein de gens, et même des femmes, qui disent ‘Oh, non, je ne suis pas féministe.’ Ou encore qui s’excusent ‘Je suis une féministe mais cool, modérée…’. Comme s’il y avait une image de féministe enragée quelque part. Alors que… Oui, on a la rage, et il y a de quoi. Et en plus, si on a envie d’égalité, si on pense qu’on est aussi bien que les hommes, alors oui on est féministe en fait, c’est tout. Le combat du féminisme, ce n’est rien d’autre que l’égalité.”

June Milo, avez-vous senti des inégalités de traitements dans le milieu artistique ?

“Oui, j’ai toujours entendu autour de moi, quand une femme musicienne, instrumentiste réussissait, que ça soit une batteuse, une bassiste… On disait souvent ‘on l’a prise juste parce que c’est une femme, mais il y a 10 000 gars qui jouent beaucoup mieux’. Je l’ai aussi toujours ressenti concernant les chanteuses. On les considère souvent comme des divas. Ce mot, on ne l’utilise certainement pas pour les hommes. On dit qu’elles sont chiantes, certains les appellent même “les chianteuses”. Ça, je l’ai entendu un milliard de fois.”

 

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Face à certains stéréotypes, June Milo a décidé de s’armer en maximum. En maîtrisant le chant mais aussi plusieurs instruments. Ainsi, elle a pu devenir inattaquable.

« Alors moi, je me suis toujours battue pour éviter ce débat à mon sujet. Je voulais devenir autant musicienne que les instrumentistes. Donc, je ne voulais pas juste être chanteuse. Je voulais savoir lire la musique. Connaître le solfège, l’harmonie. Être impeccable partout pour qu’on ne puisse rien me dire. Il y a cette pression d’être plus forte que les autres, pour être considérée normalement.”

Au cours de notre entretien, June Milo nous a confié qu’elle travaillait actuellement sur un nouveau projet, plutôt surprenant. Cela dit, à ce stade, elle ne peut pas encore dévoiler de détails. Mais vous pouvez compter sur Il était une pub, pour aller de nouveau vers la chanteuse à l’avenir, afin de vous en dire plus. Pour l’heure, sachez seulement qu’il s’agit d’un travail qui fait écho au vécu de l’artiste, mais aussi de tous les Français. Attendez-vous à vite avoir des ses nouvelles dans les prochaines semaines…

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