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Depuis des années, les professionnels de santé n’ont jamais cessé de dénoncer la dégradation de leurs conditions de travail. Aux urgences, dans les hôpitaux publics encore parmi les généralistes, le constat a de quoi faire peur. En effet, après une crise sanitaire qui a fait de gros dégâts, notre système de santé paraît totalement à bout de souffle. Entre le ras-le-bol des soignants et des moyens qui ne cessent de baisser, la population risque ne plus de bénéficier d’une prise en charge de qualité. Pour sensibiliser le grand public, Michel Cymes a animé une émission spéciale sur France 2, avec l’appui de Léa Salamé. Afin de prendre la défense des soignants, il a aussi tenu à donner son point de vue dans la presse, en se confiant à Femme Actuelle.
Le déclin système de santé français
Michel Cymes a choisi de mettre sa notoriété à profit, pour attirer l’attention sur la gravité de la situation dans le secteur médical. Dans son interview du 20 mars, il révèle ainsi les motifs qui le poussent aujourd’hui à sonner l’alerte.
« Je le vois en tant que médecin. J’ai tellement d’amis qui m’appellent pour voir si je ne peux pas intervenir pour un rendez-vous avant trois mois avec un spécialiste. Ça devient fou ! Pendant longtemps, on a parlé de la crise à l’hôpital ou des petites crises avec la médecine libérale… »
Mais pour ce docteur habitué des plateaux télé, le constat semble s’assombrir encore plus vite depuis quelques mois.
« Aujourd’hui, tout se conjugue. C’est l’ensemble de la santé en France qui va très très mal. On a l’impression d’être dans un pays en voie de développement ! Il y a 600.000 malades chroniques sans médecin traitant, il faut des mois pour avoir un spécialiste. On se demande si on vit dans un des pays les plus riches du monde ! »
Michel Cymes souhaite porter la voie de ceux qui oeuvrent sur le terrain
Dans cette émission, tous les professionnels ont eu l’occasion d’être représenté. L’objectif ? Brosser un portrait qui soit réellement représentatif des soignants dans notre pays.
« On est allés dans toute la France pour filmer, dans le libéral et dans le public… »
D’après Michel Cymes, ce programme aurait dû passer à la télévision plus tôt. Cependant, avec l’actualité brûlante qui occupe tout le monde dans le cadre de la réforme des retraites, France télévisions a dû reporter la diffusion.
« La première fois où la soirée a été déprogrammée, un quart d’heure du documentaire était tombé à l’eau car on n’a pas eu d’autorisation de diffusion sur un sujet particulier. Ensuite, entre les grèves générales et les manifestations… Il y a eu d’autres sujets plus chauds… »
Urgence et rôle de nos dirigeants politiques
Michel Cymes ne doit pas sa célébrité à son engagement politique, et à ses convictions révolutionnaires. Pourtant, il n’a pas hésité a poussé un violent coups de gueule contre ceux qui nous dirigent.
« On est un des rares pays où on est pris en charge avec une capacité technique extraordinaire. Mais on se trouve dans une impasse avec des déserts médiaux… C’est une honte des politiques de ne pas avoir pu anticiper. L’espérance de vie augmente, il va y avoir de plus en plus de personnes âgées, plus de maladies… »
Non seulement les pouvoirs publics n’ont rien fait pour s’adapter au vieillissement de la population. Mais en plus de ça, le métier a bien du mal à recruter suffisamment, car il paraît peu attractif.
« La quête de sens, par les jeunes, et la crise Covid ont accentué les choses. Avec le numerus clausus, il n’y a plus assez de médecins : quand j’ai passé le concours, il y avait 10% de reçus sur 1.100 candidats. On le paye aujourd’hui. »
Michel Cymes : comment peut-on sauver l’hôpital ?
Bien sûr, permettre aux citoyens d’accéder gratuitement à des soins et à des traitements médicaux coûtent cher. Cependant, il estime que de simples solutions modernes pourraient améliorer les conditions de travail du personnel hospitalier.
« Il faut développer la téléconsultation, la délégation de tâches et de compétence aux infirmières, libérer le temps administratif des médecins, développer le numérique… Il faut dix ans pour former un médecin, donc on a dix ans devant nous pour des petites réformes, des plus grandes, mais l’idée est de pouvoir tenir le coup jusqu’à ce que de nouveaux médecins arrivent. »
Comprendre, convaincre et motiver les soignants
Dans le discours de Michel Cymes, la pénurie des soignants occupe une place prépondérante. En effet, de nos jours, les professionnels voient leurs conditions de travail de plus en plus dégradées. Usés, découragés, certains n’hésitent plus à claquer la porte. Le prestige ne suffit plus à séduire les jeunes. Et pour ceux qui exercent depuis des années, la fatigue pèse trop lourd…
Michel Cymes : comment former les futures équipes de soin ?
D’après le célèbre docteur, on ne peut pas s’orienter vers la santé sur un coup de tête. Par exemple, les médecins ont un métier très spécial, et donc un quotidien hors norme. Des sacrifices qui, selon lui, doivent entrer en ligne de compte, car la vocation ne suffit pas toujours.
« Même si aujourd’hui, on peut s’organiser à plusieurs médecins pour que ce ne soit pas de l’esclavage, ça reste un métier prenant… Où on ne peut pas refuser d’aider les gens… Il y a une dérive en obstétrique où des gynécologues essayent de déclencher des accouchements car ça les arrange, ça leur permet de partir en vacances. Ce n’est pas ça, la médecine ! »
Ménager les personnels soignants pour préserver la qualité des soins
En premier lieu, Michel Cymes souligne les conditions de travail catastrophiques des infirmières. Elles bénéficient certes de la gratitude de tout le monde… Mais cela ne suffit pas pour rendre le métier attrayant.
« Elles sont sous-payées, surexploitées, elles craquent les unes après leurs autres. Quand j’étais jeune médecin, j’ai parfois plus appris avec des infirmières qu’avec des chefs de service. »
Or, selon lui, en cas d’épuisement des soignants, les patients finissent par payer les pots cassés.
« Quand les infirmières sont fatiguées, elles sont moins patientes, moins emphatiques… Et elles sont de moins en moins nombreuses pour un même nombre de patients. »
Michel Cymes appelle à revaloriser ces professions
Pas de secrets, pour réunir et conserver des effectifs solides, le secteur de la santé va devoir faire des concessions. Et cela passe immanquablement par des moyens plus élevés.
« Cela passera par une revalorisation de l’image des métiers de la santé et des salaires… Et des conditions de travail décentes, pour ne pas être au bord du burn-out. Les réformes concrètes, c’est d’ouvrir le numerus clausus, former plus de médecins, limiter la rémunération des « mercenaires de la médecine », des intérimaires… »