Voilà un nom qui suscite l’admiration des uns et le dégoût des autres. Roman Polanski, à lui seul, pourrait résumer les causes du mouvement MeToo. Pendant des décennies, ses talents de réalisateur lui ont permis de vivre au-dessus des lois. Pourtant, dès les années 1970, il a dû faire face à de graves accusations. En effet, à l’époque, il a eu des rapports avec une mineure âgée de seulement 13 ans, Samantha Gailey. La jeune fille ayant été sous l’emprise de la drogue et de l’alcool. Poursuivi pour plusieurs chefs d’inculpation, il ne reconnaîtra que des rapports consentis. Et ne fera que 42 jours de prison. Avant de fuir les États-Unis pour éviter un nouveau procès.
Cette affaire ne l’a pas empêché de continuer à faire carrière dans le monde du 7ᵉ art. Avec des succès comme Le bal des vampires, Rosemary’s baby ou encore Le Pianiste. Néanmoins, à l’ère MeToo, son passé ne cesse de ressurgir. Bon nombre de personnalités s’indignent en voyant les honneurs accordés à Roman Polanski. D’autant que d’autres victimes du réalisateur ont fini par sortir du silence. À l’image de Charlotte Lewis. Cette comédienne accuse le mari de d’Emmanuelle Seigner, de l’avoir violée alors qu’elle n’avait que 16 ans, à l’occasion d’un casting. Le réalisateur a toujours nié, et a tenté de discréditer cette affaire. On sait maintenant que le tribunal de Paris lui donne raison.
Roman Polanski obtient la relaxe
Rappelons que le verdict rendu par le tribunal de Paris n’a pas jugé le viol dénoncé par Charlotte Lewis. Le fond de cette affaire n’est donc pas le sujet du jugement rendu ce 14 mai 2024. La question était de savoir si Roman Polanski pouvait être condamné pour diffamation. En effet, le réalisateur a plusieurs fois évoqué les faits reprochés par l’actrice. Comparant son témoignage à un odieux mensonge. Et pointer des incohérences dans sa version des faits.
« Voyez-vous, la première qualité d’un bon menteur, c’est une excellente mémoire. », a taclé Roman Polanski en évoquant Charlotte Lewis lors d’une interview.
Pour rappel, la comédienne avait brisé le silence en 2010. En dénonçant un viol remontant à son adolescence, en 1983. Mais par la suite, Charlotte Lewis dit avoir vécu une vaste campagne de dénigrement. À tel point qu’aujourd’hui, elle n’est pas sûre qu’elle referait la même chose. Dénoncer Roman Polanski lui a coûté cher. Tout comme dénoncer Richard Berry et Jeane Manson a causé beaucoup de tort à Coline Berry-Rojtman. À la barre, celle qui accuse Roman Polanski avait d’ailleurs déjà vidé son sac, en mars 2024 :
« J’aurais préféré ne rien dire. Aujourd’hui, si une femme vient me dire qu’elle a été violée et me demande si elle doit le révéler, je lui dirai : non. Tire un trait sur tout ça, continue ta vie. »
Il y a quelques semaines, l’actrice avait déjà confié son calvaire au journal Le Parisien.
« C’est comme si je vivais un cauchemar dont je ne pouvais pas me réveiller. Cela a consumé tout mon être. J’ai développé un syndrome de stress post-traumatique, j’ai fait une dépression nerveuse et j’ai été blacklistée en tant qu’actrice. (…) S’il est si sûr que je mens, alors pourquoi ne m’a-t-il jamais poursuivie en diffamation ? »
Encore une fois, l’institution judiciaire envoie un drôle de message aux victimes. Motus, et bouche cousue, sous peine de finir avec une réputation ruinée. Et de gros dommages et intérêts à régler…
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