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Le 27 mars dernier, le Premier ministre s’est adressé directement aux Français. Sur le plateau du 20 H de TF1. Il a évoqué la laïcité. Mais aussi les finances publiques et l’emploi. Les jours suivants, Gabriel Attal a poursuivi ses annonces. En donnant les contours d’une prochaine réforme de l’assurance-chômage. L’objectif ? Réduire la durée d’indemnisation. Pour remettre les chômeurs dans l’emploi.
Rappelons qu’en 2022, le gouvernement d’Élisabeth Borne avait déjà mis des changements sur les allocations de retour à l’emploi. En prévoyant un durcissement des règles en cas de baisse du taux de chômage. Et un allongement de l’indemnisation en cas d’augmentation du nombre de chômeurs. Aussi, lorsque Gabriel Attal a parlé d’une nouvelle réforme, dans un contexte économique difficile, il a fait face à de vives critiques. Parmi les élus de l’opposition (PS, LFI…). Comme au sein des députés de la majorité présidentielle (Renaissance). Pourtant, ce 4 avril 2024, le Premier ministre l’a confirmé : il ne fera pas machine arrière.
Gabriel Attal défend sa réforme
Alors que le déficit de la France inquiète la sphère politique, la réforme de l’assurance-chômage ne séduit pas tout le monde. Certains y voient même un moyen de faire des économies sur le dos des plus précaires. Car si les règles de l’assurance chômage pourraient se durcir. Les cotisations, elles, ne baisseront pas pour les travailleurs. Or, dans un entretien accordé le 4 avril aux journalistes du Monde, Gabriel Attal a décidé de s’expliquer.
« Ce n’est pas une réforme d’économie, c’est une réforme d’activité et de prospérité. »
Ce qui ne l’empêche pas de rester déterminé. Quitte à porter une mesure impopulaire et controversée.
« J’assume totalement. J’ai été nommé pour agir. Il y aura une réforme de l’assurance-chômage en 2024. »
Car selon lui, les récentes évolutions de l’assurance-chômage ont fonctionné. Mais il faut oser aller plus loin, si on veut enfin atteindre le plein emploi. Soit un taux de chômage inférieur ou égal à 5 %.
» On est passé de 9,6 % à 7,5 % de chômage. Cette baisse historique, on ne l’a pas obtenue par magie. C’est le fruit de nos réformes, notamment de l’assurance-chômage. », rappelle le chef de gouvernement, en ressortant les chiffres de 2017 pour appuyer son argumentaire.
Vers plus d’emplois en France ?
Gabriel Attal y croit : le marché du travail peut évoluer dans les prochains mois. La DARES recensait 347 500 emplois vacants fin 2023. Pour 2,3 millions de personnes au chômage sur la même période. Or, le Premier ministre estime qu’il faut avoir confiance dans l’avenir. Et dans la possibilité de réduire encore le chômage avec la réforme.
« Je suis toujours surpris quand j’entends certains discours qui donnent le sentiment qu’il y a une forme de fatalité à ce que le chômage ne diminue pas davantage. Si on avait eu cette fatalité-là depuis 2017, on n’aurait pas créé 2 400 000 emplois et on n’aurait pas le taux de chômage le plus bas depuis quarante ans. »
À nouveau, le chef du gouvernement met en avant la France qui travaille. Par opposition à celles et ceux qui profiteraient du système pour échapper au marché de l’emploi. En déclarant pourtant qu’il ne souhaite pas stigmatiser les chômeurs.
« Il y a beaucoup de Français de classe moyenne qui travaillent et qui se disent “je fais beaucoup d’efforts, je finance par mon travail, un modèle qui permet parfois à certains de ne pas travailler. Or, si on travaillait tous, on n’aurait pas d’effort supplémentaire à me demander. » (…) Je ne cherche pas à diviser les Français, je cherche plutôt à les rassembler, se justifie le chef du gouvernement. Et je crois que le travail fait partie des valeurs qui rassemblent largement les Français. »
Les pistes de Gabriel Attal pour résoudre le déficit
Partageant l’avis de Bruno Le Maire, il promet une fois encore qu’il ne fera pas grimper les impôts des ménages. Si les particuliers devraient être épargnés, certaines rentes risquent de connaître une taxation plus importante à l’avenir.
« La rente de situation est celle d’entreprises qui font du profit et des bénéfices à travers l’inflation, une crise que subit notre pays.(…) Il faudra regarder s’il y a d’autres secteurs qui sont concernés. (…) Les opérations type rachats d’actions menées par des grands groupes qui, plutôt que d’investir et de mieux rémunérer leurs salariés, rachètent leurs propres actions pour faire monter leur cours… »
Pour relever les défis qui attendent le pays, concernant l’emploi et les finances publiques, Gabriel Attal préconise de rester unis. Un message qui s’adresse aux élus frondeurs dans le parti Renaissance. Mais aussi aux députés de l’opposition. Car, en bon macroniste, il rêve encore de dépasser le clivage gauche-droite.
« Quand je vois certains, y compris dans la majorité, qui cherchent à “repolariser” un espace gauche-droite, je trouve que cette logique est très décalée avec l’état du monde et les attentes des Français. », conclut le Premier ministre dans les colonnes du journal Le Monde.
Pourquoi la réforme ne passe pas ?
Dans l’hémicycle comme sur la Toile, le projet de réforme de Gabriel Attal fait grincer des dents. Si vous souhaitez creuser le sujet, sachez que bon nombre d’experts en science politique ont analysé cette annonce. Citons ainsi le politologue Clément Viktorovitch, qui a mis en ligne une vidéo très claire sur YouTube. Pour mieux comprendre les enjeux de cette nouvelle réforme de l’assurance-chômage.
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