Judith Godrèche aux César 2024 : « Une foule qui vous regarde dans les yeux ce soir »

Après avoir brisé le silence sur les abus subis dans sa jeunesse, Judith Godrèche a longuement pris la parole face aux stars du cinéma français.

Afficher les titres Masquer les titres

Née en 1972 à Paris, Judith Godrèche a commencé à s’intéresser très jeune au métier d’actrice. En 1985, elle jouait déjà dans L’Été prochain. Or, lorsqu’elle avait 14 ans, son destin a basculé. En faisant la rencontre de Benoît Jacquot, elle a eu l’opportunité de crever l’écran dans Les Mendiants et La Désenchantée. Mais sa relation avec le réalisateur n’est pas restée professionnelle. Elle a rapidement emménagé avec cet homme d’une quarantaine d’années. Or, il y a 20 ou 30 ans, cette idylle entre un artiste et une adolescente ne choquait pas grand monde dans la grande famille du cinéma. Depuis décembre 2023, l’actrice a décidé de lever le voile sur ce douloureux passé. Ce 23 février, elle a eu l’occasion de s’exprimer de façon poignante, lors de la cérémonie des César 2024. On fait le point !

Judith Godrèche, ovationnée par le public

Entre les années 1990 et les années 2000, la belle a eu l’occasion de faire ses preuves dans de nombreux registres. Certains l’ont découvert en héroïne intellectuelle et séduisante dans Bimboland, en 1998. D’autres, se souviennent de son rôle dans L’Auberge Espagnole. Mais il faut préciser que Judith Godrèche a aussi eu la possibilité de jouer dans des films internationaux. Comme L’Homme au masque de fer, en donnant la réplique à Leonardo DiCaprio. D’ailleurs, ces dernières années, la comédienne a passé beaucoup de temps aux États-Unis. Mais depuis quelques mois, elle fait un retour fracassant en France.

Revenue dans la lumière avec sa série Icon of french cinema, elle a trouvé le courage de raconter les abus vécus durant son adolescence. Dénonçant ainsi Benoît Jacquot, mais aussi Jacques Doillon. Aussi, lors de cette 49ᵉ cérémonie des César, elle est montée sur scène, pour faire face à toute la profession. Et avant même qu’elle ne commence à parler, les spectateurs se sont levés pour l’applaudir et l’encourager. Elle a ensuite tenu un long discours, s’expliquant sur sa démarche. Et également son combat, pour toutes les autres victimes qui se taisent encore.

« J’imagine qu’il fallait que ça arrive. (…) Face à face, les yeux dans les yeux. Beaucoup d’entre vous m’ont vu grandir, c’est impressionnant, ça marque. Dans le fond, moi, je n’ai rien connu d’autre que le cinéma. Alors pour me rassurer en chemin, je me suis inventée une petite berceuse. Mes bras serrés, c’est vous, toutes les petites filles dans le silence. Mon cou, ma nuque penchée, c’est vous, tous les enfants dans le silence. Mes jambes bancales, c’est vous, tous les jeunes hommes qui n’ont pas pu se défendre. Ma bouche tremblante, mais qui sourit aussi, c’est vous, mes sœurs inconnues. (…) Après tout, moi aussi, je suis une foule. Une foule face à vous. Une foule qui vous regarde dans les yeux ce soir. (…) Une revenante des Amériques qui vient donner des coups de pieds dans la porte blindée… »

À lire Deux victimes de Jacques Doillon sortent du silence : « comme à l’abattoir dans un grenier »

La parole se libère

Après le témoignage de Judith Godrèche, la comédienne Isild Le Besco a aussi dénoncé les agissements de Benoît Jacquot. Rappelons que cette dernière a fréquenté le réalisateur, alors qu’elle n’avait que 16 ans. Mais de nos jours, la vague MeToo concerne aussi les garçons et hommes victimes d’abus sexuels dans ce milieu. Ainsi, l’acteur Aurélien Wiik a révélé qu’il avait aussi été agressé, dès l’âge de 11 ans, par son agent.

Partagez cet article maintenant !

Suivez-nous :