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Quand on évoque les totalitarismes, on parle beaucoup des peuples et des gouvernements. Mais on n’oublie souvent que les entreprises ont aussi tendance à tirer profit de la tyrannie. D’une manière ou d’une autre. C’est ce genre de détails peu glorieux que l’enseigne Ikea affronte depuis quelques années. Cela dit, avant d’aller plus loin, et pour faire bonne mesure, nous allons citer d’autres firmes, au passé trouble.
Ainsi, pendant la Seconde Guerre mondiale, Siemens a pu profiter des déportés retenus à Auschwitz. Une main d’œuvre gratuite, que l’entreprise assume désormais. Elle s’attache même à un certain devoir de mémoire à ce sujet. Plus récemment, des géants des textiles ont été accusés d’exploiter des Ouïghours, persécutés par le régime chinois. Ikea, malgré son image très positive auprès des consommateurs, traîne aussi quelques casseroles. Les faits remontent aux années 1970 et 1980, au temps de l’Allemagne de l’Est…
Ikea : la chaîne indemnise finalement les victimes
L’enseigne suédoise avait déjà pris des engagements en 2012. Elle a finalement tenu sa promesse mardi dernier. L’entreprise mondialement connue va verser 6 millions d’euros (70 millions de couronnes). Cet argent ira au fonds national d’aide aux victimes de la République démocratique allemande (RDA). Le nom de l’Allemagne de l’Est, jusqu’au 1989. De ce fait, Ikea admet dorénavant qu’elle a eu recours au travail forcé des prisonniers politiques détenus par la Stasi. Cette main-d’œuvre gratuite était mobilisée dans plusieurs usines, fournissant l’enseigne à l’époque.
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En ce dimanche, vous regardez peut-être le Capital, sur M6. Ce 3 novembre 2024, l’émission consacre un sujet à Ikea. Or, Le Monde vient de publier un article sur cette sombre affaire, qui entache le passé du groupe. Vous devez savoir que la polémique a commencé à éclabousser la firme il y a 12 ans. À l’époque, la chaîne suédoise SVT avait enquêté sur le rôle trouble de l’enseigne vis-à-vis des opposants est-allemands. Les journalistes s’appuyaient alors sur des centaines de documents, issus des archives de la police politique de l’ex-RDA. Plus connue sous le nom de Stasi. On sait ainsi qu’à l’époque, les dirigeants d’Ikea savaient qu’ils exploitaient des prisonniers politiques.
Dès 1984, un incendie avait touché un magasin Ikea, situé à Wallau, en Allemagne. On considère aujourd’hui qu’il s’agissait d’un acte de protestation, visant à dénoncer les actes commis par la frime. Mais à l’époque, les responsables de l’enseigne avaient déclaré qu’ils avaient immédiatement cessé de collaborer avec les fournisseurs. Juste après avoir découvert qu’ils mobilisaient des détenus via le travail forcé.
Une réaction responsable
Une version démentie par les investigations menées par la SVT. En effet, la chaîne a pu prouver qu’en 1986, les prisonniers politiques est-allemands travaillaient toujours sur le canapé Klippan. L’un des modèles phares des catalogues Ikea. Plusieurs anciens détenus ont même pu témoigner des violences subies alors qu’ils fabriquaient les meubles destinés à la firme suédoise. Finalement, en 2012, Ikea a dû reconnaître que la direction de l’entreprise avait connaissance de ces faits. Et maintenant, l’entreprise passe à l’action.
« Nous regrettons sincèrement que cela ait eu lieu. », a déclaré Walter Kadnar, qui dirige Ikea Allemagne.
Bien entendu, l’argent n’efface pas les souffrances. Mais plusieurs élus allemands ont salué cette démarche.
« Nous ne pouvons pas défaire ce que les prisonniers ont dû subir dans les prisons de la RDA. Mais nous pouvons leur témoigner du respect aujourd’hui et les soutenir s’ils sont confrontés à des difficultés particulières. », a commenté Evelyn Zupke, qui intervient comme déléguée parlementaire pour les victimes du Parti communiste est-allemand.