Ces dernières semaines, les médias du groupe Vivendi ont connu de nombreuses polémiques. En cause ? Un traitement de l’actualité politique jugé partial par certains commentateurs. Y compris par l’Arcom, qui a multiplié les sanctions et les avertissements à l’encontre de Cyril Hanouna, Europe 1 et C8, en marge de la campagne des législatives anticipées. Dernier scandale en date ? La déprogrammation des chansons de Zaho de Sagazan, sur plusieurs radios du groupe détenu par Vincent Bolloré.
Un boycott qui aurait commencé début juillet. Juste après une story de la chanteuse concernant l’animateur de TPMP. Cette prise de position contre Cyril Hanouna, dans l’entre-deux-tours, a été suivie d’une baisse de la fréquence de diffusion de son hit La Symphonie des éclairs. Jusqu’à ce qu’Europe 1, Europe 2 et RFM cessent, du jour au lendemain, de passer le morceau. Si Zaho de Sagazan n’a jamais souhaité commenter cette affaire, cet épisode inquiète dans le monde la culture. Aussi, le 25 juillet dernier, des centaines d’artistes ont adressé une lettre ouverte à Vincent Bolloré. L’objectif ? Souligner la responsabilité du milliardaire dans le virage éditorial des chaînes (CStar, CStar Hits France, RFM TV) et stations de radio du groupe Vivendi (ce qui inclut le groupe Lagardère). On fait le point !
Vincent Bolloré, l’ennemi de la liberté d’expression ?
Sur les chaînes du groupe Canal, on se vante de pouvoir parler de tout, sans tabou. Aussi, le choix d’écarter la musique de Zaho de Sagazan a pu surprendre beaucoup d’internautes. Sur les réseaux sociaux, la chanteuse a reçu énormément de soutien. Et son sort a décidé 500 vedettes de la culture à passer un fort à Vincent Bolloré. Sans affirmer, mais bien en questionnant le célèbre homme d’affaires.
« Au moment où nous apprenons l’éviction de Zaho de Sagazan des playlists d’Europe 1, Europe 2 et RFM ainsi que CStar, CStar Hits France et RFM TV, juste après des propos tenus sur ses réseaux sociaux au sujet de Cyril Hanouna, nous, artistes et professionnels.les de la culture, nous questionnons et nous inquiétons. Difficile de ne pas voir un lien de cause à effet entre ses prises de positions et la fin du soutien de vos radios à cette artiste. Nous ne pouvons nous empêcher d’y penser et d’y voir une forme de conséquence, de punition… Nous vous demandons donc simplement de bien vouloir vous expliquer. »
Parmi les signataires de cette tribune, on retrouve de grands noms. Comme Renaud, Olivia Ruiz, Shaka Ponk, Catherine Ringer, Barbara Pravi. Mais aussi les écrivaines Annie Ernaux et Virginie Despentes. Même constat du côté de Romane Bohringer, Julie Gayet ou encore Juliette Binoche. Ces artistes demandent à Vincent Bolloré des comptes après l’affaire Zaho de Sagazan.
« Nous vous demandons donc simplement de bien vouloir vous expliquer. Nous refusons d’imaginer un monde où ce genre de répercussion à une parole libre puisse arriver. Nous refuserons toujours de nous laisser intimider par ce genre de pratiques. Au nom de la liberté d’expression, nous considérons que s’il est bel et bien question d’une réaction de boycott de la part de vos médias, la situation est inadmissible. Cet événement renforce notre inquiétude sur l’avenir de nos libertés. »
Cela dit, la réflexion portée par cette tribune va au-delà d’une simple polémique.
« Nous nous portons ici solidaires de Zaho de Sagazan mais nous vous écrivons car nous considérons surtout que cet événement dépasse son cas individuel. Ces méthodes de la part de la direction des radios concernées nous choquent et nous ne pouvons admettre que de telles pratiques puissent entrer dans les usages. »
Le texte se présente comme un acte de résistance, face à des groupes audiovisuels de plus en plus puissants. « Nous souhaitons donc alerter vivement sur ces tentatives d’intimidation. Nous demandons qu’elles ne soient pas tolérées et qu’elles soient sanctionnées. Nous ne nous tairons pas et attaquerons systématiquement toute mise au ban d’un.e artiste dont les opinions et les propos ne conviendraient pas à la direction d’un média culturel. Monsieur Bolloré, nous attendons votre réponse… »