Steevy Gustave, élu écologiste de l’Essone, moqué pour sa coiffure : « T’es député, toi ? »

Tout le monde n'a pas la même nature de cheveux, et en 2024, on pensait que le débat était clos. Visiblement pas. Le député Steevy Gustave vient d'en faire l'amère expérience.

Au début de la Vᵉ République, en 1958, on ne doute pas que les cheveux ras et les barbes domptées avaient la cote. Mais depuis, les décennies ont passé. Les modes ont évolué. Et on sait maintenant qu’on peut se montrer très efficace et compétent, sans avoir un look de grand-père. En mars dernier, à l’Assemblée nationale, le député Olivier Serva (LIOT) a même réussi à faire valider son projet de loi concernant l’interdiction des discriminations capillaires au travail. Car, cessons de tourner autour du pot : en termes de coiffure, tout le monde n’a pas les mêmes problèmes. Ceux qui ont des cheveux lisses ont souvent moins de soucis pour se faire accepter dans un contexte professionnel. Or, ce jeudi, Steevy Gustave, un écologiste fraîchement élu député dans la 3ᵉ circonscription de l’Essonne, a reçu une réflexion raciste sur sa coupe.

En effet, le parlementaire âgé de 54 ans porte ses cheveux longs, en dreadlocks. D’origine capverdienne par sa maman, il n’a pas les cheveux raides et il l’assume. D’ailleurs, même s’il n’a jamais été député avant 2024, il a déjà un CV bien rempli à son actif. Steevy Gustave a démarré comme chorégraphe et artiste dans le monde du Hip-hop. Mais dès les années 1990, il se montre très engagé. Diffamé par le secrétaire d’État Jean de Boishue, il parvient à le faire condamner.

« Ce truc improbable, qu’un jeune de banlieue attaque un ministre, c’était important à l’époque. », commente-t-il avec du recul.

Alors même si son style fait grincer des dents au Palais Bourbon, le député EELV ne laissera personne lui marcher sur les pieds

Steevy Gustave en a vu d’autres

Dans une France plus divisée que jamais, l’élu sait pourquoi il a tenté sa chance ces dernières semaines. Depuis sa jeunesse, il a vécu toutes sortes de discrimination en raisons de ses origines. Et notamment de son apparence : peau noire, cheveux portés longs… D’ailleurs, tandis qu’il faisait campagne, Steevy Gustave a eu droit à d’autres moqueries. Sans que cela le conduise à baisser les bras.

« Pour moi la France courait un trop gros danger. Je me devais de mener ce combat contre le racisme, c’est celui de ma vie. Je me suis posé des questions sur mon look, ma couleur de peau. (…) Est-ce que cela m’empêchera de gagner ? Eh bien non. La France c’est aussi ceux qui ont des dreadlocks, qui portent des kippas, et des hidjabs. Ceux qui s’appellent Arthur, Mamadou et Leila. Dans la campagne on m’a traité de Bob Marley, de rastaquouère. Je n’ai jamais vu autant de gens aussi décomplexés. Je savais que ça allait être difficile, mais en même temps j’ai été très soutenu. », a-t-il confié dans les colonnes du Parisien, il y a quelques jours. 

Alors qu’il faisait ses premiers pas à l’Assemblée nationale ce mardi, un autre parlementaire a tenté de s’en prendre à lui. Là encore, le sujet était sa coiffure :

« T’es député toi? T’es député, toi? Coupe-toi les cheveux alors. », aurait lancé l’homme en apercevant le député de l’Essonne.

Steevy Gustave a révélé qu’il s’agissait d’un parlementaire âgé de 65 à 70 ans, plutôt grand. Néanmoins, il n’envisage pas de dévoiler son identité ou son parti. Un choix très noble, dans un contexte politique déjà marqué par les divisions et les conflits.

« Il n’y avait que des élus là où j’étais. Le soir en rentrant chez moi, j’étais pas bien. J’ai cherché le lendemain l’identité de cette personne, mais je n’ai pas retrouvé. On est tous dispatchés à droite à gauche en ce moment. », a expliqué Steevy Gustave.

Il peut néanmoins compter sur le soutien de ses camarades écolos. À l’image de Marine Tondelier, qui a pris la parole après cette agression verbale :

« Non mais ça va pas non? Reste exactement comme tu es, c’est comme ça qu’on t’aime. », a tweeté la secrétaire nationale EELV en découvrant l’affaire. 

Fils de militaire, Steevy Gustave n’a rien à prouver et semble plus déterminé que jamais à changer les mentalités à travers son mandat de député.

À lire SNU : les parlementaires veulent supprimer le Service National Universel

Partagez cet article maintenant !

Suivez-nous :