Parmi les plus anciens, on entend fréquemment parler du service militaire avec une certaine nostalgie. Certains l’ont vécu comme un vrai rite de passage vers la vie adulte. D’autres encore, estiment que les jeunes d’aujourd’hui en auraient bien besoin pour devenir plus responsables. Et puis il y a tous ceux qui ont pu en réchapper ou qui en gardent de très mauvais souvenirs. Dans cette veine, Édouard Philippe a mis en place le Service National Universel (SNU) en 2019. Avec de grandes ambitions.
« Un moment de cohésion visant à recréer le socle d’un creuset républicain et transmettre le goût de l’engagement. (…) impliquer la jeunesse française dans la vie de la Nation. », avait déclaré le gouvernement à l’époque.
Pour faire la promotion du dispositif, Gabriel Attal avait même fait équipe avec Tibo InShape, le temps d’une vidéo devenue légendaire sur YouTube. Seulement voilà, aujourd’hui, l’initiative suscite de plus en plus de critiques. À commencer par la Cour de comptes, qui avait épinglé le SNU en septembre dernier.
« Plus de cinq années après son démarrage, ses objectifs demeurent incertains et dès lors mal compris par le grand public, en particulier par les jeunes qui en constituent pourtant la cible. », pouvait lire dans ce rapport, estimant le coût du SNU entre 3,5 et 5 milliards par an…
Au printemps dernier, plusieurs scandales ont aussi éclaté. Évoquant des jeunes consommant des stupéfiants avec les tuteurs chargés de les encadrer. Ou encore des agressions parmi les participants. De ce fait, certains parlementaires entendent bien faire cesser le Service National Universel…
Bientôt la fin du SNU ?
Les députés de gauche n’ont pas caché leur défiance vis-à-vis de ce dispositif. Jeudi dernier, Jean-Claude Raux (EELV) a ainsi évoqué « un gadget présidentiel » qui « ne marche » et « coûte trop cher ». À l’Assemblée nationale, en l’absence des élus de la majorité, les parlementaires ont donc voté la suppression du SNU. Une tendance confirmée par un second vote, cette fois-ci au Sénat.
« Après cinq ans d’expérimentation, il n’apparaît pas que le SNU apporte une plus-value suffisante (…) pour justifier la poursuite de son déploiement. », écrivait le sénateur socialiste Éric Jeansannetas, qui représente la Creuse, dans un rapport dévoilé le 30 octobre 2024.
Mais cette levée de bouclier ne signifie pas que le SNU va cesser d’exister. Pour l’heure, le gouvernement se borne simplement à ne pas généraliser cette mesure à tous les jeunes. Il s’agit donc d’une victoire symbolique pour les élus. Qui devront sans doute rediscuter de ce sujet dans les semaines à venir.
« La situation financière telle qu’elle est aujourd’hui ne permet pas la généralisation. (…) Entre la suppression et la généralisation, il y a un chemin, parce que c’est une expérience qui nous semble être très positive pour beaucoup de jeunes. », a réagi Maud Bregeon en Conseil des ministres jeudi dernier.
Rappelons que pour l’heure, le SNU ne concerne que les jeunes de 15 à 17 ans, volontaires pour tenter l’expérience.