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Les mauvaises nouvelles n’arrivent jamais seules. Et en 2022, elles ont eu tendance à s’accumuler. Les prix de la nourriture, des carburants ou de l’énergie ont grimpé en flèche. Mais cette inflation globale a eu des impacts indirects sur beaucoup d’autres tarifs. Notamment ceux des péages placés sur les autoroutes. Des hausses, qui ont de lourds effets pour le quotidien de nombreux Français. Ces derniers jours, les sociétés d’autoroutes ont indiqué leurs tarifs connaitraient une hausse de 4,75 % aux péages, en 2023. Pour les milliers d’automobilistes déjà épuisés par la crise, cette nouvelle plombe encore plus le budget. Pour comprendre ces augmentations, la rédaction d’Il était une pub fait le point.
L’Histoire des autoroutes à péages
En France, les premiers axes de ce genre, datent des années 1960. Le concept ? Des routes plus rapides, mais aussi plus sûres. Dès ses débuts, l’autoroute utilise déjà les péages. Construites et exploitées par des entreprises (concessions), les autoroutes appartiennent au domaine public routier national.
Avec le temps, l’usage des autoroutes à péages a pris beaucoup d’ampleur. Incontournable pour de simples trajets rapides, on peut les retrouver sur presque tout le territoire. Néanmoins, depuis quelques années, les tarifs des péages créent la polémique.
Péages : bas de fers entre l’État et les concessions des autoroutes
Considérées comme publiques, mais pas gratuites, les autoroutes obéissent à des règles bien précises. En clair, l’État français attribue des concessions, aux à quelques entreprises, pour la gestion des axes autoroutiers Ces grosses sociétés (VINCI, EIFFAGE, Abertis…) se rémunèrent via les péages. Dès le mois de septembre, ces entreprises avaient laissé une deviner une forte hausse. À l’époque, le chiffre de 7 à 8 % avait entraîné des débats enflammés.
De son côté, le Ministre délégué des Transports, Clément Beaune, avait essayé calmer le jeu. Il appelait alors les sociétés des concessions à rester raisonnables sur les tarifs de péages. Il estimait ainsi une telle hausse inconcevable. Dans le même temps, face au Sénat, il avait rappelé que les contrats de concessions prévoyaient de révisions annuelles de tarifs. Pour l’État, il fallait donc trouver un juste milieu entre les concessions et les usagers.
Par la suite, d’autres chiffres ont circulé concernant la hausse des tarifs aux péages. Le 23 septembre, les journalistes de France Info avaient demandé au Ministre ce qu’il pensait d’une hausse de 5%. Sur ce sujet, visiblement sensible, il restait plutôt évasif. Clément Beaune refusait de rentrer dans une logique du chiffre.
« Il faut trouver ce juste équilibre. Il n’est pas encore défini pour les sociétés d’autoroutes, je le partagerai évidemment avec vous, mais ce ne sera pas des hausses de 7 à 8 %. »
Le gouvernement valide finalement la hausse des tarifs à 4,75 %
Au mois de juillet, Clément Beaune semblait encore bien déterminé pour éviter la hausse des tarifs aux péages. À l’époque, l’inflation sévissait déjà plusieurs mois en France. Le gouvernement concentrait alors toute sa communication sur le pouvoir d’achat.
« C’est impensable d’avoir des augmentations de 5 % ou 6 % l’an prochain (…) Je veux que le secteur de la route participe aux efforts sur le pouvoir d’achat. »
Néanmoins, ces derniers jours, le Ministre délégué paraît avoir fait plusieurs compromis pour tomber d’accord avec les entreprises en charge des autoroutes. Le 4 décembre, dans les colonnes des Echos, il a donc estimé que cette hausse de 4,75 % aux péages, restait acceptable.
« Cette évolution est cohérente avec nos priorités : dans un contexte d’inflation, limiter les hausses de prix pour la vie quotidienne en protégeant ceux qui doivent utiliser la voiture pour aller travailler et en encourageant la transition écologique. »
En effet, Clément Beaune souligne que l’augmentation de 2023 aux péages restera sous la barre des 5 %. Or l’inflation a atteint plus de 6 % sur l’ensemble des prix à la consommation en 2022.
Péages : les sociétés d’autoroutes tentent de justifier la hausse
Les sociétés autoroutières justifient ces augmentations par la hausse de leurs propres coûts. En effet, l’inflation et la crise de l’énergie font gonfler la facture de ces entreprises. Qu’il s’agisse d’entretenir les routes ou d’éclairer les réseaux, les prix grimpent. Aussi, elles estiment que ces coûts doivent se répercuter aux péages. Interviewée par le Parisien, Véronique Tallon (directrice clientèle de APRR) réfute tout abus des entreprises.
« Nous ne décidons pas d’une augmentation pour matraquer les automobilistes. Elle est encadrée par la loi tarifaire et répond à des éléments objectifs. Nous subissons, nous aussi, l’inflation avec nos coûts énergétiques qui explosent, tout comme les prix des travaux que nous engageons. »
D’après Véronique Tallon, la hausse des tarifs aux péages permettra aussi de financer de nouveaux aménagements. Ainsi, l’entreprise APRR construit en ce moment des écoponts et des parkings dédiés au covoiturage. Pour limiter la colère des usagers, plusieurs mesures visent à faire un geste commercial. Il s’agit notamment de cibler les automobilistes qui passent souvent aux péages. Ainsi, plusieurs entreprises continuent à accorder des ristournes aux automobilistes les plus fidèles. Certains opérateurs, comme SANEF ou APRR, prévoient aussi une réduction de 5 % pour les véhicules électriques.
La grogne monte du côté des automobilistes
Les collectifs et associations de consommateurs ne partagent pas la vision du gouvernement ou des concessions. D’après eux, la hausse des prix aux péages risque de mettre beaucoup de Français, déjà précaires, en grande difficulté. Pour Pierre Chasseray (40 millions d’automobilistes), cette augmentation n’annonce rien de bon.
« Je suis très inquiet pour certains ménages, qui vont être étranglés par les dépenses contraintes. Les concessionnaires continuent de creuser le fossé entre les routes gratuites, mais dangereuses, et les autoroutes sécurisées. Les grands axes deviennent trop chers et vont devenir réservées aux riches ! Ils utilisent l’inflation comme prétexte et font leur beurre sur notre dos. On estime qu’au moins 20 % des tarifs des péages sont injustifiés. »
D’après Pierre Chasseray, les petits gestes consentis pas les entreprises restent insuffisants. L’augmentation des tarifs aux péages aura lieu dès février 2023. Le militant dénonce des ristournes avec très peu d’impact pour les usagers.
« Ils seront utiles pour ceux qui en bénéficieront, mais cela ne concernera qu’une infirme des particuliers. Ce ne sont que des écrans de fumée des sociétés d’autoroute pour masquer la hausse. Ne nous voilons pas la face ! »
Espérons que les transports et la mobilité finiront pas devenir plus fluides pour les Français. Car, en train comme en voiture, les trajets semblent de plus en plus compliqués et coûteux.