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Depuis des années, on entend régulièrement les éditorialistes et les passants spéculer sur le RSA. Il s’agirait d’une aide qui favoriserait l’assistanat. En permettant aux plus pauvres de joindre les deux bouts sans travailler. Résultat ? Ces derniers temps, le gouvernement a lancé une réforme. L’objectif ? Conditionner les versements à 15 h d’activité par semaine.
Expérimenté dans de nombreux départements depuis 2023, cette mesure sera bientôt généralisée à l’ensemble de la France. Mais déjà plusieurs associations ont pointé des dérives. Le Secours Catholique, avec ATD Quart Monde et Aequitaz a récemment publié un rapport accablant. On découvre ainsi qu’une municipalité a eu recours à du travail gratuit, en mobilisant des bénéficiaires du RSA. Et ce alors même, que l’an dernier, les ministres juraient que jamais cette réforme ne servirait à remplacer des travailleurs, payés dignement.
« Le maire de Villers-en-Vexin justifie de faire travailler des allocataires du RSA (…) “[car il n’y a] qu’un agent communal 15 heures par semaine et [qu’il n’a] pas les moyens d’embaucher du personnel. Pour les allocataires missionnés sur cette activité, il n’y a donc pas de perspectives d’embauche. Ni, à notre connaissance, de valorisation en termes de formation. », précisait le rapport.
Mais il y a un autre problème : le non-recours, qui a explosé concernant ce dispositif.
RSA : pourquoi un tel désamour ?
Stigmatisés par nos responsables politiques, méprisés par leurs concitoyens et suspectés en permanence par la Caf… Certains ont préféré cesser de faire valoir leurs droits. D’après le Secours Catholique, le non-recours a grimpé de 10 % entre 2010 et 2023. Ce qui signifie que parmi tous ceux qui ont droit au RSA, seuls 64 % le demandent et le touchent. Ceux qui se débrouillent sans cette prestation sociale vivraient ainsi « vivent sous le seuil de l’extrême pauvreté, contre 81 % des allocataires ».
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Bien entendu, plusieurs facteurs expliquent cette situation. D’abord, les services publics et la Caf sont de moins en moins accessibles en présentiel. Loin des guichets d’autrefois, il faut tout faire en ligne. Ce qui constitue un frais pour beaucoup de gens. Mais il y a aussi l’incertitude et l’incompréhension qui caractérise ces formalités administratives. D’autant que la moindre erreur, sur une demande de RSA, peut déboucher sur de véhémentes représailles de l’administratif. Par peur de mal faire ou d’avoir des ennuis, certains jettent l’éponge. Parfois, il arrive aussi que leur dossier n’avance pas à cause d’un justificatif manquant. En bref, le Secours Catholique souligne :
« Une incompréhension et une méfiance réciproques résultant de la mise à distance provoquée par la numérisation. »
Sans accueil digne de ce nom à la Caf, les allocataires se reportent sur d’autres structures ou sur leurs proches.
« sur les familles, les assistantes sociales et assistants sociaux ainsi que les associations. »
Qui de la solidarité à la source ?
Longtemps annoncée par le gouvernement, la solidarité à la source tarde à prendre effet. Au contraire du prélèvement à la source (pour les impôts) déjà en place depuis 2019. Cela dit, plusieurs départements expérimentent déjà la simplification des démarches pour le RSA comme pour la prime d’activité. Mais il ne s’agit que de formulaires préremplis. Du côté du Secours Catholique, on met en évidence la nécessité d’un « accompagnement humain ». Pour répondre aux questions des bénéficiaires et vérifier qu’il ne manque rien dans les dossiers.