Habituellement, on vous le concède, la politique n’a rien de désopilant. Des procédures complexes avec des noms barbares. Des valeurs abstraites, à force d’être répétées dans tous les sens. Et surtout, un calendrier bien huilé, organisant des votes qui n’excitent plus grand monde. C’était sans compter sur la capacité d’Emmanuel Macron à mettre de l’ambiance dans le pays. Il a choisi de dissoudre l’Assemblée nationale après la victoire époustouflante du Rassemblement national aux européennes. Normalement, dans ce contexte, Éric Zemmour aurait dû se frotter les mains.
Son parti, Reconquête !, apparaît souvent comme une variante, légèrement plus radicale que le RN. Ensemble, les deux partis auraient pu former une alliance naturelle et solide. Mais dès le 10 juin dernier, les choses ont commencé à mal tourner. Notamment quand Marion Maréchal, a annoncé sa volonté de s’associer au Rassemblement national. Présent sur place, Éric Zemmour n’avait pas pu cacher sa surprise. Mais alors que la jolie blonde lâche sa formation politique, il a décidé de vider son sac. Autrefois critique, journaliste, éditorialiste et fin analyste, il a sous-estimé le vice du jeu électoral…
Éric Zemmour : choqué et déçu
L’union des gauches apparaît généralement comme une chimère. Mais de l’autre côté du champ politique, l’ambiance n’est pas non plus au beau fixe. Ce 12 juin au soir, BFMTV titrait « La Droite éparpillée façon puzzle ». Et sur ce coup-là, difficile de donner tort à la chaîne. Surtout après la mise en scène orchestrée par Éric Ciotti au siège des Républicains. Mais le cirque continue. Et en fin de soirée, c’est Éric Zemmour qui a accepté d’en dire (via BFMTV puis Twitter) sur les querelles intestines de Reconquête ! En cause ? Le départ soudain de Marion Maréchal, qui rejoint le camp du RN.
« Mes chers amis, Aujourd’hui comme hier, comme depuis trente ans, je maintiens ma volonté de créer ce grand rassemblement pour la victoire. Et comme je l’ai dit hier, sans rien exiger pour moi-même. Je ne suis candidat à rien, je ne demande aucune circonscription, aucun poste. J’ai seulement conscience de l’occasion unique qui se présente à la France. Hier encore, Marion Maréchal tentait d’obtenir un accord entre partis auprès du Rassemblement national. Accord que je souhaitais ardemment, mais que Marion Maréchal, sans me consulter un seul instant, a échoué à obtenir auprès du RN, à mon grand regret. Ce matin encore, dans nos échanges du Bureau exécutif de Reconquête, nous affirmions que nous devions préparer le parti aux élections, tout en acceptant qu’en cas d’accord nous retirerions des candidatures Reconquête pour permettre le grand rassemblement pour la victoire. Cela reste évidemment d’actualité. »
Le vieil ami d’Éric Naulleau regrette d’ailleurs que la nièce de Marine Le Pen essaye de le diffamer. En affirmant qu’Éric Zemmour ferait obstacles à l’alliance des partis de droites. Il confirme, ce mercredi 12 juin, que Marion Maréchal ne fait plus partie de Reconquête. Tout comme 3 autres de ses anciens collaborateurs.
« Étonnamment, Marion Maréchal, Guillaume Peltier, Nicolas Bay et Laurence Trochu ont décidé de mentir devant toutes les caméras, dans une conférence de presse stupéfiante, pour me faire porter la responsabilité de l’échec de cette union. M’accusant de faire barrage à cette union. Que j’appelle de mes vœux depuis trente ans. Cette déclaration calomnieuse n’est que la première étape d’un ralliement des proches de Marion Maréchal au RN pour obtenir des circonscriptions, tel que nous l’apprenons déjà dans la presse. De ce fait, Marion Maréchal, Guillaume Peltier, Nicolas Bay et Laurence Trochu se sont exclus eux-mêmes de notre mouvement, Reconquête. Dont acte. »
Le chef de parti de Reconquête le reconnaît : l’amertume domine ce soir. D’autant qu’il a étroitement collaboré avec Marion Maréchal ces derniers mois.
« Je suis écœuré et blessé, comme tous les militants, les sympathisants et les électeurs, par la trahison de Marion Maréchal à qui nous avons tous fait confiance. À qui nous avons tout donné : la tête de liste aux Européennes, les sacrifices des militants, les moyens de Reconquête. À peine 48 heures après avoir été élue par 1,3 million d’électeurs Reconquête, elle a choisi de vendre notre parti. D’estimer qu’il n’était plus légitime à porter ses idées, de nous attaquer par la calomnie. »
Pour Éric Zemmour, le premier risque est de se retrouver isolé. Car le prochain scrutin n’a rien à voir avec les européennes. Aussi, il insiste largement : il veut surtout l’unité à droite. Reste à savoir comme la RN fera son marché. Entre les LR qui se déchire. Et Reconquête, qui boit un peu la tasse ce soir.
« Comme les électeurs, les sympathisants et les militants de Reconquête, j’étais, je suis et je serai toujours pour le rassemblement. J’affirme que Reconquête et moi-même sommes prêts à retirer des candidats en cas d’accord avec le RN, Les LR et tous les autres partis de bonne volonté souhaitant la défaite d’Emmanuel Macron et des islamo-gauchistes. Je suis affligé de devoir commenter ces querelles intestines à l’heure où notre pays meurt, à l’heure où l’espoir peut enfin renaître. Pourvu que vive l’union, pour que vivent nos idées et que vive la France. »
Affaire à suivre…
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