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Les entreprises ont le choix. Pour leurs effectifs, elles peuvent proposer un service de restauration intégré au lieu de travail. Ce qu’on appelle communément un self ou une cantine. Mais dans le cas contraire, l’employeur peut aussi opter pour un autre dispositif. À savoir les titres-restaurant. Autrefois distribués sous forme de coupons, ils se présentent de plus en plus via une carte à puce.
Durant la crise sanitaire, les règles encadrant ce moyen de paiement ont connu plusieurs bouleversements. Depuis 2022, les salariés ont la possibilité de l’utiliser pour régler 25 euros maximum, dans les snacks, les bistrots, les restaurants, les traiteurs, les boulangeries et autres commerces de bouche. Or, le consommateur peut aussi dégainer le titre-restaurant pour régler des courses alimentaires. Y compris des produits non-consommables dans l’immédiat. Comme du riz ou des pâtes. Un coup de pouce bien utile dans une époque marquée par la baisse du pouvoir d’achat. Mais cela représente un gros manque à gagner pour les restaurateurs…
Qui veut faire reculer l’usage du titre-restaurant en grande surface ?
Dans une France précarisée, aller s’offrir un bon repas en terrasse est devenu un rêve lointain pour les ménages les plus modestes. Entre une grosse addition chez un restaurateur et un panier de courses, le choix est vite fait pour beaucoup de gens. Et on ne peut que les comprendre. Mais les professionnels de la restauration, eux, déplorent de grosses pertes. Car près de 800 millions d’euros (entre titres-restaurants) ont terminé dans les caisses des supermarchés entre octobre 2022 et aujourd’hui.
« À ce rythme, la GMS [NDLR : Grande et moyenne surface] deviendra le premier bénéficiaire des titres-restaurant en 2025-2026. », s’agace Romain Girard, le vice-président de McDonald’s France, dans le Parisien.
Les représentants des syndicats qui représentent les métiers de la restauration et de l’hôtellerie, ainsi que les boulangers veulent contre-attaquer. Pour l’heure, les consommateurs ont le droit d’utiliser les titres-restaurant jusqu’au 31 décembre 2024 pour faire 25 euros de courses par jour. Un dispositif très populaire, que beaucoup aimeraient conserver sur la durée. Une étude de la CNTR révèle que 96 % des salariés y sont favorables.
« La question a été mal posée. (…) Demander à quelqu’un s’il souhaite dépenser plus de titres-restaurant dans un supermarché, c’est comme demander à un aveugle de retrouver la vue. », s’agace Catherine Quérard (présidente du GHR, Groupement des hôtelleries et restaurations de France).
Comment faire évoluer ce moyen de paiement ?
Les restaurateurs aimeraient qu’un double plafond soit mis en place pour les titres-restaurants. Permettant de payer 10 euros par jour en supermarché, contre 25 euros par jour dans les restaurants. Une proposition qui reste mise de côté pour l’instant. Avec l’objectif affiché de ménager le pouvoir d’achat des travailleurs.
D’un autre côté, les professionnels de la restauration dénoncent aussi un moyen de paiement dévoyé. Qui coûte de plus en cher. En effet, les opérateurs qui proposent des cartes de tickets restaurant, comme Edenred, Bimpli ou Sodexo, exigent des frais allant jusqu’à 4 % aux restaurateurs.
« Nos commissions continuent d’augmenter. Nous sommes les seuls à financer le système parce que les émetteurs se considèrent comme des apporteurs d’affaires, ce qui est contestable. Et tout ce qu’on nous propose est une charte d’engagement pour que les commissions soient modérées. C’est de la poudre aux yeux. (…) Ce titre a été créé en France en 1967 et exporté ailleurs. (…) Il serait dommage que le pays qui l’a créé le tue. », conclut Romain Girard.