En France, depuis les années 1960, les droits des femmes ont connu plusieurs avancées majeures. Privées de droit de vote jusqu’en 1944, elles accèdent en quelques années à la contraception, à l’IVG, mais aussi à l’autonomie financière. Les lois peuvent changer la société. Mais les mentalités évoluent bien plus difficilement. Andréa Bescond, outre sa carrière d’actrice, réalisatrice, danseuse et auteure, se charge régulièrement de le rappeler.
Sur Instagram, elle met en lumière les manquements de la justice. Les drames quasi-quotidiens qui se déroulent dans l’indifférence générale. Incestes, maltraitances, violences conjugales, viols ou féminicides… Andréa Bescond rapporte tout sur ses fameux posts noirs. En général, elle en profite pour interpeller les pouvoirs publics sur le sort des victimes. Et ce samedi 1ᵉʳ juin, l’artiste a décidé de s’adresser directement à Aurore Bergé, ministre chargée de l’égalité femme-homme.
Andréa Bescond dresse un douloureux bilan
Nous arrivons à peine à la moitié de l’année 2024. Et pourtant, les femmes tombées sous les coups de leurs conjoints se comptent déjà par dizaine. Un fléau qui touche toutes les régions et toutes les couches de la société. Mais ce qu’Andréa Bescond dénonce aussi, c’est le silence des autorités. Alors même que le gouvernement prétend agir pour protéger les femmes. Voilà pourquoi elle a ciblé Aurore Bergé, dans son dernier post noir.
« Tu es Aurore Bergé. Tu es ministre à l’égalité femme-homme. En une semaine, 5 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint. Une femme le 31 mai, tuée par armes à feu devant ses trois enfants. Deux femmes le 28 mai, l’une tuée par arme à feu, et la seconde percutée par une voiture. Deux femmes le 27 mai, tuées par arme à feu. Tuées par des hommes qui s’octroient le droit de vie ou de mort sur ces femmes, pour la plupart mères de famille. Et toi, on ne t’entend pas. »
En effet, si la ministre ne peut pas résoudre le problème en un claquement de doigts, elle a, selon Andréa Bescond, un grand rôle à jouer. Celui de porter la parole des victimes, et d’alerter l’opinion. Et aussi, de déployer des mesures concrètes pour endiguer ce phénomène mortifère.
« Tu ne prends pas la parole pour dénoncer ce terrorisme masculin qui sévit de plus en plus. On aimerait t’entendre, on aimerait te voir informer les françaises et les français de la situation. On aimerait te voir mettre la pression auprès de ton gouvernement pour qu’il prenne ce fléau en main. C’est quoi ton job en fait ? N’oublie pas que ce sont nos cotisations qui financent ton salaire. Être au front, combattre le terrorisme masculin c’est la mission que tu nous dois. »
Très remontée, la danseuse a également fait le parallèle avec d’autres pays. Selon Andréa Bescond, le traitement des féminicides, en France, n’a rien d’exemplaire.
« Tu es où Aurore Bergé ? Si les féministes ne font pas de recherche sur les féminicides pour informer les françaises et les français, personne n’est au courant. En Espagne, chaque féminicide fait l’objet d’un sujet au JT. Savoir, c’est agir, c’est combattre. Le silence tue. Merci et Big up aux comptes @feminicidespar et @noustoutesorg. Nous, on cherche, on s’implique, on rédige, et on le fait bénévolement. Toi, tu es payée pour faire ce taf, et tu as toute une équipe à ton service, alors fais-le. », ajoute la militante en légende de sa publication Instagram, ce 1er juin 2024.
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