Qu’elle est loin, l’émission bon enfant qui avait séduit les téléspectateurs sur France 4. Touche pas à mon poste a beaucoup changé ces dernières années. De blagues en potaches en polémiques, le talk-show ne se contente plus de décrypter l’information et les médias. Autrefois, Cyril Hanouna passait volontiers pour un animateur fédérateur, un peu amuseur. Il a migré sur D8 (la chaîne est devenue C8 en 2016). Et si TPMP s’impose sans difficulté saison après saison, les faits-divers et la politique y occupent désormais une place centrale. Entre deux querelles d’influenceuses, il est possible de croiser des cadres du Rassemblement national ou de Reconquête sur le plateau.
Il y a encore quelques mois, la gauche y avait encore sa place. Avec des figures comme Louis Boyard ou Raquel Garrido. Ou même Hugo Manos, assez progressiste dans son genre. Maintenant, il faut compter sur les interventions ponctuelles d’Éric Naulleau pour représenter ce bord politique. Ou encore Gilles Verdez, qui proteste mollement face aux invectives de son patron. Une certaine idée de la gauche donc. En pleine campagne électorale, Cyril Hanouna assume ses opinions politiques. Les candidats qu’il rejette et ceux qu’il soutient. Il est vrai qu’en 2024, la neutralité devient un concept lointain sur le petit écran. Mais ce 12 juin, le trublion de C8, parfois surnommé Baba (surtout par lui-même), a fait une promesse qui a retenu l’attention du public.
Cyril Hanouna : bientôt en exil ?
Les législatives anticipées sont une épreuve pour l’ensemble du champ politique. Militant sincère ou arriviste de première, chacun doit choisir son camp. Autour de 3 grands pôles : la droite dure, qui s’appuie sur le RN, mais qui regroupe à présent Éric Ciotti et Marion Maréchal (sans Éric Zemmour). Le centre, rassemblé autour de Renaissance et du MoDem. La gauche, quant à elle, rêve d’un nouveau front populaire. Allant du PS jusqu’au NPA, en passant par LFI et EELV.
Cette perspective ne réjouit pas Cyril Hanouna. Tout comme l’ensemble des journalistes et des éditorialistes du groupe Bolloré, il classe les insoumis comme des antisémites. Voire comme des traîtres vendus aux terroristes (oui). Aussi, à l’approche du scrutin, il a évoqué la campagne du député insoumis Sébastien Delogu. Et il a fait annonce pour faire frissonner dans les chaumières :
« Moi par exemple je te le dis : LFI au pouvoir, je pars. »
Présent dans TPMP, Gauthier Le Bret a tenté de l’interroger :
« On fait l’émission où ? »
Cyril Hanouna l’a alors gratifié d’une réponse élégante, comme il en a l’habitude :
« Dans ton c*l ! »
Après quoi, il en a remis une couche, concernant le destin politique de la France :
« LFI au pouvoir (…) Vous êtes fous ou quoi ? Y aura plus de policiers, les gens vont partir. »
Le présentateur pourrait aussi voir le vent tourné avec un gouvernement de gauche :
« Parce que… Je suis pas leur ami hein. »
La messe est dite ! Rendez-vous le 7 juillet au soir, pour faire le bilan de ce pari. En attendant, bon nombre d’internautes ont pris cette phrase pour argent comptant.
« Nous remercions chaleureusement Cyril Hanouna pour sa campagne de mobilisation en faveur de la gauche. », s’amuse un militant sur X.
Même les indécis semblent convaincus par ce projet d’émigration :
« Juste pour ça je suis tenté de voter LFI ! », commente un twittos, hilare.
