Cette affaire commence à dater. Mais elle revêt une grande importance. En effet, ce procès questionne les limites de l’acceptable. Notamment en termes d’association d’idées. Et de propos tenus à l’antenne. La journaliste et auteure Rokhaya Diallo fait souvent l’objet d’attaques. En raison de ses prises de positions. Dans le cas présent, la controverse a commencé en 2020. Pascal Bruckner avait fait un parallèle entre les idées de la journaliste et les attentats de Charlie Hebdo en 2015. Sur plateau d’Arte, il avait déclaré :
« Votre statut de femme musulmane et noire vous rend privilégiée. Ça vous permet de dire un certain nombre de choses. Je pense notamment à ce que vous avez dit sur Charlie Hebdo et qui a entraîné, avec d’autres, la mort des douze de Charlie Hebdo. », a lancé Pascal Bruckner sur le plateau de 28 minutes, en octobre 2020.
Ce soir Pascal Bruckner m’a accusée d’avoir par mes propos « entrainé la mort des 12 de Charlie » et d’avoir « armé le bras des tueurs » après avoir précisément rappelé que j’étais une « femme musulmane et noire».
J’ai rarement été la cible d’une telle violence sur un plateau. pic.twitter.com/gDlfVMZFbD— Rokhaya Diallo (@RokhayaDiallo) October 21, 2020
Pour rappel, Rokhaya Diallo avait signé une tribune en 2011 : Pour la défense de la liberté d’expression et contre le soutien à Charlie Hebdo. Or, les propos de Pascal Bruckner ont poussé la journaliste à porter plainte pour diffamation. Presque 5 ans plus tard, cette affaire touche à sa fin. Le verdict sera connu le 25 juin. Mais cette attente n’a pas empêché Rokhaya Diallo de s’exprimer sur cette audience haute en couleur.
Rokhaya Diallo s’insurge sur Instagram
L’ensemble de l’audience tant attendue a été consignée par le journal Médiapart. Ainsi, on y apprend que la défense du philosophe Pascal Bruckner s’articule autour d’une théorie simple. La victimisation de Rokhaya Diallo. Face à ce qu’elle désigne comme du racisme systémique. Cet argument agace beaucoup ses détracteurs. Dans cette affaire, l’avocat de Pascal Bruckner tente de montrer le discours soi-disant haineux de la journaliste. Le philosophe, lui, se trouverait du côté du débat intellectuel. Ainsi, il a expliqué :
» J’ai eu l’impression de commettre un crime de lèse-majesté, comme si on ne pouvait pas la contredire. Lors de ce débat, elle est malheureusement montée sur ses grands chevaux alors que je pensais qu’on pouvait échanger. »
Le fameux argument du « on ne peut plus rien dire » a le vent en poupe. Mais accuser quelqu’un d’avoir causé un attentat… Cela demeure inacceptable. De ce fait, Rokhaya Diallo a répliqué en story Instagram :
« Ce moment tellement caractéristique de leur volonté de soumettre toute personne minoritaire. Une femme noire et musulmane lui tient tête ? Et monsieur exige des excuses. LOL mais va t’asseoir »
En termes de casseroles, Pascal Bruckner a déjà un beau palmarès. Ce que l’avocat de la journaliste a rappelé :
« C’est cet homme de la tolérance qui compare les LGBT aux pédophiles. C’est cet homme de la nuance qui qualifie la mobilisation féministe contre Polanski de pogrom féministe et qui accuse Adèle Haenel et Virginie Despentes de vouloir détruire l’hétérosexualité. », a indiqué la défense de la journaliste durant l’audience.