Afficher les titres Masquer les titres
Depuis le début de l’année, les prix des billets d’avion n’ont cessé de grimper. On craint aujourd’hui qu’ils augmentent de plus belle en raison d’une possible hausse de la taxation sur l’aérien. De son côté, le ministre des Transports, Clément Beaune, craint que les compagnies migrent vers d’autres aéroports européens. Il propose donc un tarif minimum européen.
La hausse des prix des billets d’avion
La hausse cumulée des prix des billets d’avion sur les sept premiers mois de l’année est de 14,3 %. C’est du moins ce que révèle l’indice de la Direction générale de l’aviation civile (DGAC). Paul Chiambaretto, professeur à la Montpellier business School, explique ce fait par deux phénomènes.
D’abord, l’augmentation des coûts de maintenance en lien à des pénuries de matériaux. Puis, un effet demande.
« Les algorithmes qui fixent les prix des billets testent des tarifs élevés jusqu’à ce que la demande s’épuise. Comme il y a eu une très forte reprise du trafic aérien, cela a participé à la hausse des prix », explique celui qui est aussi directeur de la Chaire Pégase, dédiée à l’économie et au management du transport aérien.
Cette tendance à la hausse devrait se poursuivre, car l’État pense à augmenter la taxe de solidarité sur les billets d’avion. Pour l’instant, on n’en sait rien sur les modalités de cette hausse. On devrait avoir plus de précisions après les débats sur la loi de finances 2024 à l’automne.
À lire Poulet contaminé : de nouvelles alertes viennent de tomber
Le dispositif idéal pour cibler les plus aisés
Pour ce qui est du principe de cette hausse de la taxe de solidarité, le ministre des Transports l’a déjà acté. L’objectif affiché est de financer les investissements dans le train. Pour mémoire, la taxe sur les billets d’avion ou « taxe Chirac » existe depuis 2005.
Au début, cette taxe avait pour but de financer les programmes de santé dans les pays en développement. Pour financer le développement des infrastructures de transport, nommément ferroviaire, le gouvernement l’avait majorée en 2020 en y ajoutant une « éco-contribution ».
L’exécutif, qui souhaite cibler particulièrement les plus aisés, voit en cette taxe le dispositif idéal. Cette dernière est d’un montant de 2,63 euros pour un passager en classe économique. Elle est de 63,07 euros pour un passager en première ou en classe affaires. Notamment sur un vol international de plus de 1 000 kilomètres.
En outre, le gouvernement projette aussi de taxer les sociétés d’autoroutes. Il devrait, pour se faire, étendre son projet à toutes les concessions de transports. Cela concernera donc tous les grands aéroports régionaux et quelques aéroports secondaires. À l’exception du groupe ADP (Aéroports de Paris), qui n’est pas une concession.
À lire U : l’enseigne lance un rappel massif au rayon frais
Billets d’avion : le trafic continue d’augmenter
Paul Chiambaretto explique que les taxes sur l’aérien se répercutent intégralement sur le prix des billets d’avion. C’est, selon lui, du fait de l’insuffisance de marge qu’effectuent les compagnies aériennes pour absorber la hausse des coûts.
« Une hausse de quelques euros n’aura pas un effet significatif sur la demande. Ce qui est d’ailleurs difficile à évaluer puisque les prix sont tellement variables pour un même trajet qu’on ne peut pas savoir si le comportement des consommateurs est imputable au pricing ou à la taxe », indique le spécialiste de l’économie du transport aérien.
Cela étant dit, la hausse des prix n’a pas empêché l’augmentation du trafic qui, depuis le début de l’année, a continué d’augmenter. En effet, en juillet, le trafic mensuel en France avait presque atteint son niveau d’avant la crise sanitaire.
Cela a surpris les analystes, selon Paul Chiambaretto. Ces derniers se demandent s’il s’agit d’un emballement momentané post-Covid ou si les consommateurs se sont habitués à des prix plus élevés.
Le ministre propose un tarif minimum européen
Le directeur de la Chaire Pégase prédit une perte de compétitivité française dans le secteur.
« Si on ne taxe que les vols au départ de la France, il y aura un report vers d’autres aéroports européens pour les vols long-courriers », explique-t-il.
Alors, le ministre des Transports a fait une annonce lors d’une interview accordée à l’Obs le mercredi 30 août dernier. En effet, Clément Beaune veut proposer l’instauration d’un tarif minimum du billet d’avion au niveau européen.
Une proposition qu’il veut faire à ses homologues de l’Union européenne dans les jours qui viennent. Cette solution devrait selon lui permettre de lutter contre « le dumping social et environnemental ». Quant à son aboutissement, le doute plane.
À lire Pierre Garnier se confie : « L’amitié homme-femme est souvent mal regardée »
En effet, les membres de l’Union européenne peinent encore à trouver un compromis pour taxer le kérosène des avions.