Un congé menstruel bientôt en vigueur en France ? Une proposition de loi devrait voir le jour

Dans certaines entreprises, les salariées peuvent bénéficier d'un congé menstruel, en cas de règles douloureuses.

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Techniquement, toutes les femmes ont un cycle hormonal, qui s’étale sur une durée d’environ 28 jours. Certaines chanceuses ne ressentent que peu de symptômes durant leurs règles. À l’inverse, d’autres doivent faire face à d’intenses douleurs, éventuellement accompagner de migraines et de nausées. En effet, tous les corps restent différents les uns des autres. Malheureusement, dans le monde du travail, le fait d’être régulièrement indisposée peut finir par avoir des conséquences négatives. Car tous les employeurs n’ont pas la même tolérance face à cette problématique. Pourtant, plus les années passent, et plus le concept du congé menstruel s’impose dans les entreprises. On fait le point.

Pourquoi s’absenter durant ses règles ?

Comme nous l’expliquions plus haut, la nature ne loge pas tout le monde à la même enseigne. Ainsi, au sein de la population féminine, il existe de grandes différences dans les symptômes rencontrés, et dans le déroulement du cycle hormonal. Et dans certains cas extrêmes, le congé menstruel peut sembler indispensable.

Congé menstruel : un dispositif utile

Longtemps, la question des règles douloureuses a été laissée de côté dans le débat public. Mais depuis quelques années, les médecins n’hésitent plus à aborder précisément le sujet. D’ailleurs, dans certain cas, cette condition porte un nom : l’endométriose. Les patientes touchées par ce problème souffrent énormément, et ce plusieurs jours par mois. Cela dit, les symptômes vécus par certaines trouvent aussi d’autres explications, comme la présence de kystes au niveau des ovaires ou de l’utérus. Des travailleuses pourraient bénéficier d’un congé menstruel, dans la mesure où leur état le requiert :

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  • Fortes nausées
  • Règles hémorragiques
  • Maux de têtes violents.
  • Crampes intenses au niveau du ventre.

Dans les faits, de nombreuses femmes concernées par ces troubles ont déjà tendance à ne pas se rendre au travail, durant les jours les plus durs de leur cycle. Pour ce faire, elles peuvent consulter un médecin, qui leur accordera un arrêt maladie de courte durée. Or, dans ce cas, les salariées doivent s’attendre à perdre une partie de leur salaire, au titre de la période de carence appliquée par la sécurité sociale. Le fait d’instaurer un congé menstruel pourrait permettre de remédier à cette situation, en limitant l’impact sur le montant de leurs paies. Selon nos confrères de TF1 Info, une proposition de loi devrait bientôt être déposée à l’Assemblée.

Plusieurs employeurs jouent déjà le jeu

Dans la pratique, les douleurs qui surviennent durant les règles ne concernent pas 100 % des femmes. Certaines ont la chance d’avoir des menstrues qui durent peu de temps, entraînent peu ou pas de douleurs. Ainsi, théoriquement, avoir ses règles n’empêche pas de travailler, ou même de faire du sport. Toutefois, pour celles qui souffrent davantage durant cette période, le congé menstruel apparaît comme une évidence.

Certaines entreprises ont donc décidé de tester cette solution, en la proposant aux salariées qui en ont besoin. Ainsi, le concepteur Louis Design, spécialisé dans les meubles, offre des jours de congés payés en plus à ses employées en cas de symptômes invalidants. Le congé menstruel fait également l’objet d’expérimentation dans le secteur public, notamment pour les agentes de la ville de Saint-Ouen.

En Espagne, les travailleuses peuvent obtenir un congé menstruel en cas de nécessité
En Espagne, les travailleuses peuvent obtenir un congé menstruel en cas de nécessité – Crédits Photos : iStock

Congé menstruel : les parlementaires se saisissent du dossier

Il faut dire que cette mesure existe déjà en Espagne depuis quelque temps. Et certains élus français estime qu’il faudrait légiférer sur la question. L’objectif ? Inscrire le congé menstruel dans la loi, au lieu de laisser chaque employeur accorder cet avantage, selon son bon vouloir.  À l’Assemblée Nationale, plusieurs députés écologistes planchent sur le sujet. Sébastien Peytavie, Sandrine Rousseau et Marie-Charlotte Garin souhaitent présenter un texte aux autres parlementaires. Il devra permettre aux femmes concernées de s’absenter, sans qu’on leur inflige de jours de carence. Mais cette mesure devra aussi respecter le secret médical.

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Du côté des élus socialistes, on se dit aussi favorable à la création du congé menstruel. Il faut dire que cette revendication revient assez souvent du côté des associations féministes, comme de la population.

Risques et controverses

D’après Aline Boeuf, chercheuse de l’Université de Genève, le congé menstruel a des chances de ne pas faire l’unanimité dans le monde du travail. En effet, les douleurs qui ont lieu durant les règles demeurent une expérience uniquement vécue par certaines femmes. Ainsi, la mesure risque de susciter une vague d’incompréhension du côté de leurs collaborateurs masculins.

Le congé menstruel pourrait changer la vie des femmes touchées par l'endométriose
Le congé menstruel pourrait changer la vie des femmes touchées par l’endométriose – Crédits Photos : iStock

Le congé menstruel : un droit à double tranchant

Cette option peut sans doute leur apporter plus de confort à certaines travailleuses. Mais il pourrait aussi l’exposer à des discriminations supplémentaires, en cas de recherche d’emploi. D’ailleurs, le MEDEF a bien vite indiqué son désaccord quant à la mise en place du congé menstruel. Selon le syndicat du patronat, cet avantage pourrait discréditer les femmes, en les privant de postes élevés dans la hiérarchie.

Sans parler du tollé que cette mesure pourrait déclencher chez certains hommes, très prompts à ressentir de l’injustice à la moindre avancée pour le droit des femmes.

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Une solution partielle à un problème de taille

En réalité, les femmes atteintes d’endométriose, ou souffrant de symptômes invalidants chaque mois, n’en pâtissent seulement côté carrière. Les douleurs ressenties ont aussi un impact très lourd sur leur vie intime ou encore leurs loisirs. Un plus du congé menstruel, les médecins et les militantes féministes réclament surtout une prise en charge plus complète de ces troubles.

Au cours des dernières décennies, on a laissé croire aux femmes que les souffrances ressenties durant leurs règles étaient normales, ou tout simplement imaginaire. En 2023, les praticiens connaissent bien mieux ces pathologies, et peuvent adapter leurs discours face aux patientes, en proposant de nouveaux traitements.

Pour l’heure, on ignore encore si le congé menstruel finira réellement par devenir obligatoire en France. Cela dit, le gouvernement semble à l’écoute des députés sur ce dossier.

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