CIIVISE : Bruno Questel ne fait pas l’unanimité parmi les associations d’aide aux victimes

En France, le mouvement MeToo inceste a débouché sur une commission lancée en 2021. La CIIVISE. Bruno Questel vient d'en devenir l'un des coprésidents. Et cette nomination ne plaît pas à tout le monde.

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Longtemps restée tabou, la question des violences sexuelles faites aux enfants est devenue un enjeu crucial. En effet, plusieurs enquêtes ont révélé un nombre alarmant de mineurs victimes d’abus. Certains, à l’image du journaliste Karl Zéro, évoquent même le chiffre d’1 enfant sur 5, touché par ce fléau. Vedettes ou anonymes… Les témoignages et les plaintes se multiplient. Comme celle de Vahina Giocante, qui a réussi à faire condamner son père, au prix d’une longue bataille judiciaire. Ou encore celui de Coline Berry, qui accuse son père, l’acteur Richard Berry. Face à ce phénomène, le président de la République a créé la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants. Couramment appelée, CIIVISE.

Au départ, on retrouvait Nathalie Mathieu et le juge Édouard Durand à la présidence. Ce dernier est un magistrat bien connu, y compris par le grand public. Et pour cause, il a eu l’occasion d’aller parler des violences sexuelles faites aux enfants plusieurs fois sur le petit écran. Cela dit, depuis quelques mois, il ne préside plus la CIIVISE. Et les tentatives mises en place pour le remplacer échouent les unes après les autres. Actuellement, c’est un ancien député Renaissance, Bruno Questel, qui se trouve à la tête de la commission. Mais sur la Toile, bon nombre de militants dénonce un choix scandaleux… On fait le point !

Changer la CIIVISE pour mieux la faire taire ?

La politique est un sacré panier de crabes. Et même si chacun prétend y poursuivre le bien commun, les petits arrangements et les vieilles rancœurs ne sont jamais loin. Depuis sa création en 2021, la commission a reçu des milliers de témoignages. Montrant le nombre hallucinant de victimes d’abus dans l’enfance. Avec toutes ces données recueillies, la CIIVISE a rendu un rapport en 2023. Contenant un certain nombre de recommandations permettant d’endiguer ce problème. La commission devait alors cesser d’exister. Malgré les demandes de nombreux experts.

Finalement, en décembre 2023, le gouvernement a reconduit la CIIVISE. Tout en changeant sa composition. Ainsi, l’ancien joueur de Rugby, Sébastien Boueilh devait coprésider la structure avec Nathalie Rey-Salmon. Mais cette dernière, pédiatre légiste de profession, a elle-même fait l’objet d’une plainte pour agression sexuelle par personne abusant de l’autorité que lui confère sa fonction. Elle a donc dû se mettre en retrait. Et dans la foulée, Sébastien Boueilh a, lui aussi, cédé sa place. Se disant victime de haine en ligne.

Une nouvelle gouvernance qui fait polémique

Depuis avril 2024, la présidence de la CIIVISE a changé. On y retrouve un collège directeur. Regroupant plusieurs experts et des représentants le monde associatif :

  • Thierry Baubet, qui exerce comme pédopsychiatre et qui dirige le Cn2r
  • Solène Podevin Favre, qui préside de l’association Face à l’inceste
  • Maryse le Men Régnier, la présidente de la fédération France Victimes
  • Bruno Questel, avocat, et ancien député (au sein du groupe LREM, entre 2017 et 2022).

C’est cette personnalité politique et sa carrière d’homme de loi qui soulèvent des questions. En effet, en tant qu’avocat, il a eu plusieurs fois l’occasion de défendre des suspects dans diverses affaires. Le 16 mai dernier, un père de famille a été reconnu coupable d’agression sur sa fille adolescente. C’est Bruno Questel qui a représenté l’accusé face à la justice. Un fait d’arme que l’association Osez le féminisme juge incompatible avec son rôle au sein de la CIIVISE.

« La honte ! Le nouveau président de la CIIVISE, Bruno Questel est l’avocat d’un père incestueux, coupable d’avoir agressé sexuellement sa fille. Vous pensez qu’il va vraiment pouvoir incarner la lutte contre la pédocriminalité et accueillir la parole des enfants incestés ? », tweete le compte X d’Osez le féminisme.

Un avis partagé par le collectif Espérance87-Résilience, qui dénonce les abus commis dans l’église.

« C’est grave, on va où là ? »

Un homme de loi a la liberté de choisir les dossiers qu’il accepte de plaider. Et même si les accusations sont graves, chacun a le droit d’être défendu face à la justice. Mais il est vrai que le verdict rendu le 16 mai 2024 envoie un drôle de message aux victimes, qui songeraient à se tourner vers la CIIVISE.  Précisons tout de même que Bruno Questel reste une figure engagée sur cet enjeu. Il y a quelques années, il a même révélé avoir subi un viol à l’âge de 11 ans. Il est donc, lui-même, une victime.

Sources : ciivise.fr

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