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Lorsqu’on travaille, on perçoit un salaire net. L’écart entre cette rémunération et le salaire brut correspond à des cotisations et à des prélèvements. Ces derniers permettent de financer plusieurs dispositifs, notamment des prestations sociales. Résultat ? Même en cas de perte d’emploi ou d’épuisement des droits au chômage, on peut compter sur des aides comme le RSA. Les personnes en situation de handicap, elles, peuvent percevoir l’AAH. Toutefois, ces minima sociaux suscitent de nombreuses critiques.
Prestations sociales : Y a-t-il vraiment des abus ?
Dans les débats politiques ou les meetings, un mot revient souvent : l’assistanat. Ce terme vise fréquemment ceux qui ne travaillent pas et qui, faute de salaire, bénéficient de prestations sociales.
Par exemple, Laurent Wauquiez (LR) a qualifié l’assistanat de cancer
. Or, en 2023, la fraude sociale était estimée à 2 milliards d’euros en 2023. Un poids considérable sur les finances publiques. Cela dit, la même année, la fraude fiscale s’élevait à 15,2 milliards d’euros. Alors, les prestations sociales accordées aux Français sont-elles trop généreuses ?
Il y a un discours ambiant qui stigmatise et pousse les plus fragiles à renoncer. (…) On induit l’idée que toucher le RSA, c’est profiter., regrette Didier Duriez, président du Secours Catholique.
Quand les allocations font peur
En réalité, une part importante des personnes éligibles aux prestations sociales n’en bénéficient pas. Selon le Secours Catholique, le taux de non-recours au RSA atteint aujourd’hui 36,1 %, contre 26 % en 2012. En clair, seuls 74 % des personnes éligibles demandent cette aide. Et même parmi les bénéficiaires, 80 % restent sous le seuil de pauvreté.
À lire RSA : pourquoi de plus en plus de personnes éligibles ne profitent pas de cette aide ?
Les montants moyens des prestations sociales
Le rapport de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), publié en octobre dernier, met en lumière des chiffres clés :
- En 2022, les prestations sociales représentaient 30,6 milliards d’euros, soit 3,6 % du budget total alloué à la prestation sociale et 1,2 % du PIB.
- La même année, le montant moyen du RSA est de 527 euros par mois.
- Pour l’AAH, il atteignait 788 euros par mois.
- L’ASS était en moyenne de 536 euros.
- L’ASPA (minimum vieillesse) s’élèvait à 469 euros par mois en 2022.
Ces montants montrent que les prestations sociales ne permettent pas une vie confortable. Elles sont loin des idées reçues sur les achats de vêtements de luxe ou gadgets dernier cri. Comme on peut parfois l’entendre dans certaines émissions de télé.
Des montants souvent inférieurs aux plafonds
Bien que certaines aides soient revalorisées, elles restent modestes comparées au salaire minimum :
- Le montant maximal de l’AAH est de 1 016 euros, mais beaucoup perçoivent moins.
- Le RSA atteint 635,71 euros pour une personne seule et jusqu’à 953,56 euros pour un couple.
Même si on additionne toutes les prestations sociales possibles, on ne gagnera jamais plus de 70 % du Smic., souligne Didier Duriez.
La méfiance vis-à-vis des prestations sociales
Face à la stigmatisation et aux critiques, certains évitent de demander des aides, parfois au risque de tomber dans la précarité. Plusieurs raisons expliquent ce phénomène :
- La complexité des démarches administratives.
- La peur d’un contrôle ou d’un redressement en cas d’erreur.
- L’absence d’accompagnement liée à la numérisation des formalités.
Qu’il soit le produit d’un renoncement, d’une peur d’être stigmatisé, d’un manque de connaissance ou de difficultés d’accès aux démarches, le non-recours aux prestations sociales n’est autre que la résultante de l’éloignement de la solidarité, produite par l’administration elle-même., conclut le Secours Catholique.