En France, les travailleurs peuvent compter sur une protection sociale encore relativement avantageuse. Après 5 semaines de congés payés par an. Parfois des R.T.T. Mais surtout : la possibilité de s’absenter pour raison de santé, via un arrêt de travail, tout en percevant une indemnité de la Sécurité sociale. De cette façon, une personne malade, qui ne peut pas travailler pendant plusieurs semaines, peut maintenir (en partie) ses revenus.
Sur le terrain, la tendance semble avoir pris de l’ampleur depuis la crise sanitaire qui a bouleversé le pays à l’aube du printemps 2020. C’est en tout cas ce qu’observe le docteur Rémy Sebbah qui exerce en tant que généraliste à Marseille. D’après lui, les demandes d’arrêts maladie ont progressé de 15 % parmi ceux qui viennent le consulter.
« Les patients sont plus facilement ‘fatigables’ ou psychologiquement fatigables, et réclament des arrêts de travail. Quand on est médecin généraliste, on essaie toujours d’arrêter lorsque c’est vraiment nécessaire. », révèle le médecin.
Les arrêts de travail : une dépense de trop ?
On peut tout à fait comprendre qu’un praticien soit à l’écoute de ses patients. Après tout, la souffrance au travail n’est pas un mythe. Harcèlement, horaires décalés, environnement dangereux, métier trop physique… Tous ces aspects peuvent abîmer la santé des travailleurs. Et pour retrouver la forme, l’arrêt de travail est parfois une première solution. Le docteur Rémy Sebbah confie ainsi l’histoire d’une femme, venu à son cabinet.
« Au début, c’était un premier arrêt de travail de quinze jours. Rapidement, on a détecté des pressions, en fait un burn out professionnel. Ce qui est compliqué dans un burn out, c’est qu’on ne sait pas combien de temps ça va durer. Donc, s’en sont suivis de nombreux arrêts de travail de quinze jours en quinze jours. »
Or, ces absences indemnisées, de longue durée, préoccupent l’Assurance-santé. L’objectif ? Endiguer la tendance pour économiser un maximum.
« Nous allons rentrer en contact avec les 30.000 à 40.000 assurés qui ont un arrêt de travail de plus de 18 mois pour vérifier l’état de santé, puis, le cas échéant, voir si on peut engager des actions pour accompagner leur retour à l’emploi. « , explique Thomas Fâtome, qui dirige la Caisse Nationale d’Assurance Maladie.
Mais la CNAM ne compte pas s’en tenir là. Elle entend bien demander des comptes aux médecins pour les arrêts de travail qu’ils délivrent.
« Et puis nos médecins conseils vont aller voir 7000 médecins généralistes pour dialoguer avec eux sur un niveau élevé de prescription. »
Autre fléau pour la Sécurité sociale : la fraude. Car certains n’hésitent pas à copier les formulaires officiels pour duper l’administration. Dès juin 2025, ils seront bien plus durs à falsifier. Ce qui devrait décourager les faussaires ou les tenir en échec.
« Je ne vais pas vous en montrer tous les secrets, mais il y a un certain nombre d’évolutions, tel cet hologramme ou ces couleurs. », précise Thomas Fâtome.
Mais les autorités ont aussi prévu de s’attaquer à la fonction publique. En effet, lorsqu’un salarié du privé s’absente pour raison de santé, son indemnisation ne commence qu’au 4ᵉ jour d’arrêt. Ce qui correspond à 3 jours de carence. Or, pour les agents publics, ce délai de carence n’est que d’un jour. Il pourrait donc se rallonger dans un futur proche, pour faire économiser de l’argent à la Sécurité sociale, tout en jouant un rôle « dissuasif ». Affaire à suivre !