Emmanuel Macron se justifie après la dissolution : « Cette décision a été difficile et soudaine »

Alors que les législatives anticipées auront lieu dans une semaine, Emmanuel Macron a décidé de s'expliquer sur sa décision de dissoudre l'Assemblée nationale.

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Il y a déjà deux semaines que l’actualité politique a plongé dans le chaos. Les partis sont engagés dans une course contre-la-montre. L’objectif ? Se rassembler, fédérer les militants et convaincre les citoyens. Le tout avec une campagne étalée sur 20 jours. Bien sûr, les vedettes ont tenté, chacune à leur façon, de mobiliser la population. Sur les médias détenus par Bolloré (CNews, C8, Europe 1) la machine à plébisciter le RN tourne à plein régime. Tandis que les soignants, mais aussi plusieurs artistes, appellent à voter pour le Nouveau Front Populaire. Derrière toute cette agitation, il y a un responsable : Emmanuel Macron.

Certes, l’opinion est divisée depuis déjà de très longs mois. Mais le président a précipité la marche de l’histoire en ordonnant la dissolution de l’Assemblée nationale. Quelques minutes après le score historique de Jordan Bardella aux élections européennes. Un choix de fin stratège pour ses plus fervents admirateurs. Un acte inconscient, pour ceux qui ne soutiennent pas Emmanuel Macron. De son côté, le chef de l’État aurait commenté, avec une certaine malice :

« Je prépare ça depuis des semaines, et je suis ravi. Je leur ai balancé ma grenade dégoupillée dans les jambes. Maintenant on va voir comment ils s’en sortent… », aurait déclaré le locataire de l’Élysée, d’après une chronique parue dans Le Monde

Bien sûr, outre les petites phrases et les traits d’esprits, le président a aussi multiplié les commentaires et les conférences de presse. En retrait depuis à peine quelques jours, pour faciliter la campagne menée par Gabriel Attal, il a de nouveau souhaité s’exprimer. Cette fois, il a choisi l’écrit pour toucher les électeurs…

Emmanuel Macron prend la plume

Ce 23 juin 2024, le président de la République a fait paraître une lettre dans plusieurs journaux régionaux. Comme France Bleu ou Nice Matin. Nouvelle occasion pour lui de commenter la dissolution décidée le 9 juin dernier. Il assure ne pas avoir fait ce choix à la légère. Mais même avec un certain sens du sacrifice.

« J’ai pris cette décision en responsabilité, avec beaucoup de gravité et après une réflexion de plusieurs semaines. Je l’ai prise dans l’intérêt du pays avant toute autre considération, y compris personnelle, n’ayant par définition plus aucune échéance électorale. »

Toujours à la première personne du singulier, Emmanuel Macron fait part des événements et des enjeux ont guidé sa réflexion. Selon lui, les parlementaires auraient, de toute façon, fini par causer des remous en France.

« D’abord, le fonctionnement de notre Assemblée et le désordre des derniers mois ne pouvaient plus durer. Les oppositions s’apprêtaient à renverser le gouvernement à l’automne, ce qui aurait plongé notre pays dans une crise au moment même du budget. »

Il le répète : le score du Rassemblement national appelait une réponse concrète.

« Ensuite, la majorité présidentielle avait essuyé une défaite lourde aux élections européennes, accompagnée d’un vote pour les extrêmes droite et gauche de près de 50% des suffrages exprimés. J’aurais pu ne pas en tenir compte. C’était, croyez-moi, la solution du confort à laquelle je n’ai pas cédé. »

Emmanuel Macron a donc opté pour la dissolution, et non pour un énième remaniement. Le dernier datant, rappelons-le, de janvier 2024.

« J’aurais pu changer de Premier ministre et de gouvernement et tirer là les leçons d’une élection où le chef du gouvernement à ma demande s’était engagé. Nombre de mes prédécesseurs ont fait ainsi. C’eut été facile pour moi. Mais cela ne réglait aucun problème. »

Il estime avoir agi par nécessité.

« Alors oui, cette dissolution était le seul choix possible à la fois pour prendre acte de votre vote aux élections européennes, pour répondre au désordre en place et au désordre plus grand à venir. Pour agir dans un moment où notre pays est confronté à des défis historiques. »

Le président répond aux critiques

La tension monte sur les plateaux télé. Aussi, le chef d’État a reçu de nombreux commentaires négatifs ces derniers jours. De la part des personnalités politiques de droite comme de gauche. Ainsi que des éditorialistes, qui ont une place de choix dans l’arène médiatique de nos jours.

« Cette décision a été difficile et soudaine pour les parlementaires et pour leurs collaborateurs. Je leur dis mon amitié et mon respect. Je remercie les maires, leurs équipes et les bénévoles qui vont tenir nos bureaux de vote et dépouiller les bulletins le 30 juin et le 7 juillet prochains. Je sais que, pour beaucoup d’entre vous, cela a été une surprise qui suscite de l’inquiétude, du rejet, parfois même une colère tournée contre moi. Je la comprends et je l’entends. »

Des retours qu’Emmanuel Macron entend, mais là encore, il sait comment répondre.

« Cette décision est la seule qui peut permettre à notre pays d’avancer et de se réunir. Vous demander de choisir, vous faire confiance, n’est-ce pas là le sens-même de la démocratie et de notre République ? L’élection qui vient est un rendez-vous de confiance, grave, sérieux, à l’occasion duquel nous devons clarifier le choix pour notre pays et pour nos vies. »

Alors qu’on l’accuse d’avoir tenté un grave coup de poker, le chef de l’État estime que cette étape permettra au pays de s’apaiser. Et d’aboutir à un consensus.

« Car cette élection n’est pas l’élection d’une femme ou d’un homme, ce n’est ni une élection présidentielle, ni un vote de confiance envers le Président de la République. C’est celle de 577 députés. C’est celle d’une majorité de gouvernement. C’est celle d’une seule question: qui pour gouverner la France ? »

Emmanuel Macron face au nouveau paysage politique

Lui qui avait profité de l’affaissement du PS et de la chute des Républicains pour lancer En marche, a désormais un regard clair sur le jeu électoral. Et sur les différents programmes. Dans sa lettre, il n’oublie pas de fustiger le RN. Alors même que Jordan Bardella a déjà reculé sur de nombreuses mesures phares.

« L’une, à l’extrême-droite, autour du Rassemblement National. Elle prétend mieux répondre à l’immigration illégale et l’insécurité sans rien proposer concrètement. Elle divise la Nation en opposant ceux qu’elle nomme de vrais Français et des Français de papier. Elle ignore le changement climatique et ses conséquences. Elle prétend vous rendre du pouvoir d’achat mais en revenant sur les réformes des retraites ou en faisant des promesses sur le prix de l’énergie, elle augmentera vos impôts. »

En parallèle, Emmanuel Macron continue à assimiler le Nouveau Front Populaire à un extrémisme dangereux. Décidé à rendre la fiscalité délirante. Ce que l’alliance de gauche a déjà démenti, avec le soutien de nombreux économistes, comme Thomas Piketty ou Esther Duflo.

« La deuxième proposition est celle formulée par la France insoumise et ses alliés. Elle refuse la clarté sur la laïcité et l’antisémitisme. Elle est divisée sur la réponse à apporter au changement climatique. Elle prétend répondre aux injustices de notre société par une augmentation massive des impôts pour tous, et pas seulement pour les plus riches. »

Bien entendu, le président n’a pas manqué de mots assez élégants et ambitieux pour décrire son propre camp :

« La troisième proposition est celle du bloc central d’Ensemble pour la République ! Elle est portée par un Premier ministre et des responsables politiques que vous connaissez, et propose de continuer les réformes pour le travail, la réindustrialisation, une écologie des résultats, pour investir dans les services publics sans impôts ni dette supplémentaire et de défendre une laïcité assumée et une autorité restaurée depuis l’école jusqu’à la justice. Elle défend des choix clairs sur Israël et Gaza comme sur l’Ukraine et a bâti depuis 7 ans une armée plus forte dont nous aurons doublé le budget. Cette troisième voie est la meilleure pour notre pays. Non seulement parce qu’elle protège les Français et prépare l’avenir. Mais parce qu’elle est la seule à pouvoir à coup sûr faire barrage à l’extrême droite comme à l’extrême gauche au second tour. »

Quelles promesses ?

Emmanuel Macron s’engage à agir sur l’insécurité, les discriminations, la précarité des travailleurs. En réaction aux votes en faveur du RN.

« Je ne suis pas aveugle: je mesure le malaise démocratique. Cette fracture entre le peuple et ceux qui dirigent le pays que nous n’avons pas réussi à résorber. Oui, la manière de gouverner doit changer profondément. Le gouvernement à venir, qui reflètera nécessairement votre vote, rassemblera, je le souhaite, les républicains de sensibilités diverses qui auront su par leur courage s’opposer aux extrêmes. »

Après deux élections présidentielles, le président demande, une fois de plus, aux Français de lui faire confiance. Assurant qu’il ne compte pas quitter l’Élysée avant la fin de son second mandat, dans 3 ans.

« Pour cela enfin, vous pouvez me faire confiance pour agir jusque’en mai 2027 comme votre Président, protecteur à chaque instant de notre République, de nos valeurs, respectueux du pluralisme et de vos choix, à votre service et à celui de la Nation. Cette élection est la nôtre. C’est vous qui la ferez. Alors n’ayez pas peur, ne vous résignez pas. Votez. Choisissez le respect, l’ambition et la justice pour notre Nation. Nous le méritons. La France le mérite. »

Reste à savoir si les paroles d’Emmanuel Macron auront su convaincre les citoyens.

Sources : nicematin.com

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