Le cri du cœur de la Fondation Abbé Pierre : « Y a un problème dans ce pays »

Aux premières loges pour constater les ravages de la hausse de précarité en France, Christophe Robert, qui dirige la Fondation Abbé Pierre appelle les citoyens à la prudence.

À l’heure où les petits salaires et les allocations ne suffisent plus à vivre dignement, les associations sont débordées. Les Restos du cœur n’ont jamais distribué autant de repas. Devant les banques alimentaires, les files d’attente s’allongent. Étudiants, parents isolés, retraités… De plus en plus de personnes tombent sous le rouleau compresseur de la misère. Au sein de la Fondation Abbé Pierre, les bénévoles comme les cadres font le même constat.

Depuis déjà plusieurs années, la structure alerte sans relâche les pouvoirs publics sur les difficultés grandissantes de la population. Engagée auprès des personnes sans-abri ou mal logées, l’organisation dresse un constat alarmant sur la pauvreté dans l’hexagone. Pourtant, Christophe Robert, qui dirige maintenant la Fondation Abbé Pierre, ne voit pas la percée de l’extrême-droite comme une solution. Invité ce 19 juin au micro France Inter, il a pris la parole pour tenter de raisonner les électeurs.

La Fondation Abbé Pierre craint le pire

En France, nous avons longtemps été fiers de notre système de protection sociale. De notre école gratuite. De notre système de santé performant et moderne. Mais par manque de moyens, beaucoup de nos services publics ont décliné. Les déserts médicaux se multiplient. L’Aide Sociale à l’Enfance traverse une grave crise, par manque de places pour les mineurs maltraités et placés. Et chez les moins favorisés, la survie devient difficile. La Fondation Abbé Pierre a déjà tiré la sonnette d’alarme de nombreuses fois ces derniers mois. Ce mercredi matin, Christophe Robert a décidé de s’exprimer sans filtre.

« Écoutez, le moment est grave. Le risque de bascule dans le chaos est présent. Beaucoup de nos organisations, des militants, des bénévoles, des salariés… Beaucoup des personnes que l’on accompagne ont peur, aujourd’hui. Peur de voir basculer le pays vers quelque chose qui ne permettrait pas de penser qu’on peut vivre ensemble convenablement. Pour plus de solidarité. »

La baisse du pouvoir d’achat et la crise du logement, les équipes de la Fondation Abbé Pierre y font face chaque jour. Et Christophe Robert ne s’étonne absolument pas de voir les ménages les plus modestes sombrer dans le désespoir. Il fustige des années de casse sociale. Qui laisse les citoyens exsangues et prêts à tout pour exprimer leur mécontentement.

« Les souffrances, on les voit tous les jours. On essaie de les accompagner. On a conscience du fait qu’il y a l’isolement de beaucoup de monde. De la colère aussi chez beaucoup de monde. On a tenté pendant ces sept, huit dernières années de pouvoir vraiment, enclencher une autre société. Un autre projet de société. On voit bien : les distributions alimentaires ont été multipliées par trois en dix ans ! Le nombre de personnes sans domicile a doublé. Donc y a un problème dans ce pays ! »

Pour autant, il ne croit absolument pas au rôle providentiel de Jordan Bardella.

« Y a un problème de pauvreté, y a un problème d’inégalité. Qui touche aussi jusqu’aux classes moyennes inférieures. Qui n’arrivent pas à finir les fins de mois convenablement. Donc, on voit dans quel état est le pays. Mais nous sommes convaincus, convaincus, que l’extrême-droite n’est pas la solution. Et nous sommes convaincus que l’extrême-droite n’a pas changé ! »

Rappelons que dernièrement, le président du Rassemblement national a nuancé son programme. On sait ainsi que sans majorité absolue, plusieurs de ses promesses devront attendre. Notamment en ce qui concerne l’abrogation de la réforme des retraites. Affaire à suivre…

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Derrière la priorité nationale brandie par le RN, le président de la Fondation Abbé Pierre entrevoit déjà les injustices de demain.

« Ça sera toi oui, mais toi non, pour telle raison : de couleur, de religion, de parcours, de difficultés, d’orientation sexuelle. (…) La société est multiple. Nous devons tendre la main, nous devons trouver des solutions ensemble ».

Il refuse néanmoins de donner une consigne de vote plus précise.

« Nos organisations n’appellent pas à voter pour tel ou tel parti. »

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