Dans une France où les salaires stagnent, la rémunération mirobolante de Carlos Tavares a fait grand bruit. Pourtant, certains tentent de justifier la somme accordée au PDG de Stellantis. Un groupe automobile qu’il a fondé en 2021, en fusionnant PSA avec Fiat Chrysler. Sous son mandat, l’entreprise a réussi à tirer son épingle du jeu. Avec un bénéfice de plus de 18 milliards d’euros en 2023. Il n’empêche que beaucoup ont mal à digérer qu’il puisse toucher 36 494 025 euros de salaire annuel.
Parmi les mécontents, on trouve certains représentants syndicaux des salariés de Stellantis. Force ouvrière, mais aussi la CGT dénoncent de nombreuses suppressions de postes. Des licenciements avec des conséquences sociales bien réelles. Qui contribuent à alimenter le scandale. De son côté, Carlos Tavares, appelle la classe politique à légiférer, si sa rémunération cause autant de polémiques.
« Si vous estimez que ce n’est pas acceptable, faites une loi et modifiez la loi et je la respecterai. », a déclaré le PDG, alors que médias n’ont cessé de le mettre en avant ce 16 avril 2024.
Stellantis : les députés contre-attaquent
La question des écarts de salaires ne concerne pas que l’opposition ou les partis les plus à gauche. Ainsi, en 2022, Emmanuel Macron avait déjà eu quelques mots sur le sujet, il y a deux ans pile. À l’époque, le chef de l’État, en campagne pour l’élection présidentielle, commentait déjà le salaire du PDG de Stellantis. Qui avait perçu 66 millions d’euros pour la seule année 2021.
« C’est choquant, c’est excessif. », notait le président, invité sur France Info en 2022.
Et désormais, les parlementaires ont décidé de prendre au sérieux la petite phrase de Carlos Tavares. En clair, ils entendent bien légiférer. Pour limiter les écarts de salaires au sein d’une même entreprise. Du côté des socialistes, on ressort un texte datant de 2020.
« Dans notre proposition de loi, nous disons qu’une rémunération maximale acceptable est égale à pas plus de 20 fois le SMIC, et même dans l’idéal pas plus de 12 fois le salaire le plus bas dans l’entreprise. On ne devrait pas pouvoir gagner en un mois plus ce qu’un autre salarié de la même entreprise gagne en un an. Dès le Ve siècle, Platon évoquait « les limites acceptables à la pauvreté » et proposait de limiter les écarts de salaire de 1 à 4. », explique le député PS Arthur Delaporte dans les colonnes du Huffpost.
Derrière l’indignation, il faut aussi questionner la notion de mérite. Car selon cet élu, Carlos Tavares n’a pas accompli des miracles tout seul. Les bénéfices dégagés ne sont pas seulement fait de sa compétence ou de son travail.
« Quand on compare le salaire de Tavares avec ceux d’autres grands dirigeants qui réussissent on voit bien qu’il y a quelque chose d’indécent. Par ailleurs, le secteur automobile est extrêmement subventionné par l’État. On tente de faire croire à tout le monde que la réussite de Stellantis est liée uniquement à la personnalité, au charisme et à l’esprit visionnaire de son dirigeant, alors que cette réussite s’appuie sur le collectif. »
La rémunération du patron de Stellantis a également créé des remous chez les élus Insoumis. Ainsi, le député LFI Matthias Tavel a déposé une proposition de loi ce 16 avril 2024. L’objectif ? Limiter les salaires des PDG à 20 fois le salaire le moins élevé de l’entreprise. Reste à savoir si ces lois contre les inégalités finiront pas être adoptées… Rappelons que l’hiver dernier, le salaire de Patrick Pouyanné (PDG de Total) avait également entraîné un scandale similaire.