En France, le manque de praticiens peut se faire sentir. Plus précisément en milieu rural. Dans les départements les moins pourvus, on peut attendre des mois avant d’obtenir un rendez-vous chez un spécialiste. Dermatologue, dentiste, cardiologue… Autant de médecins qui peuvent avoir un rôle crucial pour aider les français. Mais qu’on a bien du mal à trouver dans les campagnes. On parle ainsi de déserts médicaux.
Que faire ? Chacun a ses techniques. La plupart des habitants de ces zones mal loties en termes d’accès à la santé, prennent leur mal en patience. D’autres encore, tentent tout pour décrocher une consultation, en faisant jouer leurs relations. Mais parmi ceux qui résident dans les déserts médicaux, beaucoup ont pris l’habitude de faire de longs trajets. Allant même jusqu’en région parisienne pour chercher leur bonheur. Et tenter enfin de retrouver la forme.
Déserts médicaux, et nomadisme médical…
Le phénomène prend de l’ampleur. À tel point que les journalistes du Monde ont décidé d’enquêter sur le sujet. Dernièrement, ils ont ainsi été à Antony (Hauts-de-Seine) pour recueillir le témoignage d’un radiologue, effaré.
« Certains arrivent même en avion depuis Toulouse, en passant par Orly. Ils passent une semaine médicale en région parisienne, enchaînent examens et rendez-vous chez divers spécialistes… « , confie le Dr Tavolaro, radiologue.
Ce « nomadisme médical » a aussi été constaté par son associé. Qui dénonce des délais intenables, voire dangereux dans plusieurs déserts médicaux.
« Les patients viennent de plus en plus loin, au fur et à mesure des années. Pas seulement pour des IRM, même pour des échographies. (…) 10 % de notre patientèle vit en région Centre-Val de Loire. Ce n’est pas acceptable d’attendre trois mois une IRM à Nantes pour une suspicion de métastases cérébrales ! Nous recevons des gens inquiets qui sont bien contents de passer à 23 heures… « , confirme le Dr Alexandre Schull.
Du côté des patients, les témoignages ne sont pas plus réjouissants. En effet, afin d’aller voir un praticien parisien, il faut parfois une sérieuse organisation. Et même un sacré budget. Car venir dans la capitale et s’y garer n’est pas gratuit. Sans compter les employeurs, qui, déserts médicaux ou pas, n’excusent pas plus d’absence qu’ailleurs.
« Alors, il faut compter le gazole, le stationnement, les dépassements d’honoraires, de plus en plus, et les demi-journées que je dois poser quand je ne trouve pas de rendez-vous le mercredi, le soir ou pendant les vacances scolaires. », explique une quiinquagénaire dans les colonnes du journal Le Monde.
Pour ceux qui ont des gros ennuis, il faut même songer à un hébergement en région parisienne. Là encore, cela suppose de passer à la caisse. Ce qui signifie que tous les Français résidant en déserts médicaux n’ont pas les moyens d’opter pour cette stratégie. Au détriment de leur santé.
« En juillet, le généraliste a vu un problème dans mon sang mais, pour un rendez-vous avec l’hématologue, il n’y avait rien avant fin décembre à Bourges. Sur Doctolib, j’ai trouvé un rendez-vous en septembre à l’hôpital d’Antony. C’est là que je suis suivie en oncologie, maintenant. On est arrivé hier matin avec mon mari, pour un rendez-vous et des examens, on paye l’hôtel, trois repas par jour. Si on m’avait prise plus tôt, le cancer n’aurait peut-être pas métastasé comme ça… J’ai perdu beaucoup de temps pour guérir. », déclare une patiente
Ceux qui ont la chance d’avoir de la famille en ville tentent aussi d’y séjourner. Le temps d’organiser quelques consultations. Ou de faire pratiquer quelques examens. Idem pour ceux qui possèdent une résidence secondaire en Île-de-France ou en bord de mer. Mais pour tous les autres ? À quoi faut-il s’attendre ?
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