Guillaume Meurice fait ses adieux à France Inter : « Leur aphrodisiaque : le fric »

Un jour après l'annonce de son licenciement, Guilaume Meurice a décidé d'adresser un message fort sur la direction de France Inter. Sans mâcher ses mots.

© France Inter

Il y aura un avant et un après Guillaume Meurice, sur les ondes de la radio publique. Humoriste de métier, il a cru pouvoir rire de ceux qui font la guerre. Si la justice ne lui a pas donné tort, sa hiérarchie a décidé de siffler la fin de la récréation. Sur un média qui cultive l’impertinence, les plaisanteries sur les prépuces sont devenues la limite à ne pas franchir. Qui l’eût cru ?

Bien entendu, Guillaume Meurice a pu compter sur la solidarité de ses camarades. Djamil Le Schalg a été le premier à claquer la porte de Radio France, le 5 mai dernier, en direct, juste après son dernier sketch. Dernièrement, Thomas VDB a fait de même. Tout comme Aymeric Lompret et GiedRé, qui ont opté pour la démission.

« Contrairement à ce qui a été annoncé je n’animerai finalement pas « Qui veut gagner la Flûte à bec » cet été et quitte naturellement France Inter après 16 ans. », a tweeté Thomas VDB, ce mercredi matin.

De son côté, le chroniqueur expert en micro-trottoirs a décidé de publier une lettre ouverte à son ancien employeur.

Guillaume Meurice : ses 4 vérités à France Inter

Parfois critiquée pour son snobisme, cette station de radio était le refuge de beaucoup d’auditeurs, assoiffés de savoir et d’humour critique sur la société contemporaine. D’ailleurs, dans la missive postée sur X ce 12 juin, Guillaume Meurice lui-même, révèle comment il a rêvé d’intégrer ce média.

« D’aussi loin que je me souvienne, tu étais là. Dans le petit poste, posté sur le frigo de la cuisine familiale. Je ne pigeais pas grand-chose à ce que tu racontais, mais tu passionnais mes parents. Puis j’ai grandi un peu. J’arrivais parfois à répondre à une question du Jeu des mille francs. À comprendre un sujet du Téléphone sonne. Et puis j’ai découvert tes humoristes (…) Je les enregistrais sur des cassettes, les écoutais en boucle. C’est toi qui m’as appris la satire, la liberté de ton, l’irrévérence. »

Au fil des lignes, l’ancien chroniqueur se lamente peu sur son licenciement. En réalité, Guillaume Meurice fait surtout un constat alarmant sur l’évolution de Radio France.

« Si je suis triste, c’est te laisser ainsi, dirigée par des âmes de si peu de scrupules. De celles qui ont comme boussole la soif d’obéir. Et un tableau Excel à la place du cerveau. De celles qui s’imaginent que tu leur appartiens. Et qui t’oublieront sitôt leur mandat terminé. »

Vous l’aurez compris, ici, l’humoriste tire à boulet rouge sur Sibyle Veil. Désignée PDG de Radio France en 2018. Il rappelle d’ailleurs que d’autres personnalités ont été remerciés ces dernières années, pour leur ton trop insolent.

« (Coucou Nicole Ferroni, Pierre-Emmanuel Barré, Florence Mendez). Car on rirait volontiers si l’histoire s’arrêtait à mon cas personnel. »

Guillaume Meurice pousse ses adieux, jusqu’à prédire la fin de cette radio publique. En effet, une fusion a été annoncée avec France Télévision. Et certains songent aussi à privatiser l’antenne. Mesure d’économie, ou mesure grave, dans un pays où de nombreux médias rendent déjà des comptes à une poignée de grands groupes (Bolloré pour C8 et CNEWS, Bouygues pour TF1 et TMC…).

« Et après ? Sans changement de cap, le rouleau compresseur continuera sa course folle. (…) À terme, la privatisation. Leur rêve : te vendre au plus offrant. Leur aphrodisiaque : le fric. Leur projet de société : un champ de ruines. »

Avant de conclure, avec une citation de Romain Gary :

« Toutes les pestes du monde craignent le rire par-dessus tout, car celui-ci possède des vertus désinfectantes qui sont fatales aux puissants. »

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