Si notre époque doit vous apprendre quelque chose, c’est qu’il vaut mieux éviter d’avoir des idoles. Ces derniers temps, les adeptes de cinéma et de théâtre l’ont bien compris. En France, plusieurs vedettes extrêmement populaires comme Edouard Baer ou Gérard Depardieu ont fini par tomber de leur piédestal. Mais depuis quelques jours, c’est la figure de l’Abbé Pierre qui évolue à nos yeux. Homme d’Église, résistant pendant la Seconde Guerre mondiale et engagé jusque dans l’hémicycle… Il a lancé plusieurs associations comme Emmaüs. Et durant des années, il était parmi les personnalités préférées des français.
Or, la Fondation Abbé Pierre ainsi qu’Emmaüs International ont fait une annonce surprenante. Alertées par une femme en 2023, les équipes ont décidé se renseigner sur les agissements commis par l’Abbé Pierre. Résultat ? Cette enquête, menée par le cabinet Egaé a permis d’identifier 7 femmes, dénonçant des faits similaires (agressions sexuelles, propositions inappropriées…) entre 1970 et 2005. Les associations ont aussi une ligne d’écoute pour recueillir d’autres témoignages. Ainsi, une nouvelle victime vient de briser le silence…
L’Abbé Pierre, de nouveau mis en cause
Le curé des pauvres a rendu son dernier souffle en 2007. Aussi, certains regrettent que la polémique ne sorte « que » maintenant. Trop tôt ou trop tard, décidément, on reproche toujours le timing aux victimes qui prennent la parole. Cette fois, il s’agit d’une femme agressée en 2006 par l’Abbé Pierre. Elle est venue de s’exprimer sur France Inter. À l’époque, elle intervenait auprès de lui pour l’aider lors de sa toilette. Il lui aurait alors agrippé la poitrine. Suite à quoi, elle aurait immédiatement réagi avec une gifle.
L’Abbé Pierre aurait tenté de se justifier, en expliquant qu’il devait « se tenir ». La victime aurait ainsi répondu :
« Je lui ai répondu : ‘Dans cette grande chambre, vous n’avez trouvé que mes seins pour vous tenir ?”
Elle déclare que parmi ses collègues, quelques-unes ont subi les mêmes actes de la part du célèbre fondateur d’Emmaüs. De son côté, elle a longtemps hésité avant de parler.
« Sur le coup, je me suis dit, “tu t’es défendue, tu lui as donné sa gifle, tu as fait ce qu’il y avait à faire” Mais je me rends compte que ce n’est pas réglé. Il y a quelque chose en moi qui souffre de cela. »
Mais à présent, elle considère que le grand public doit connaître la vérité. Elle admet que l’homme d’église a beaucoup fait pour aider les autres. Or, tout cela ne doit pas occulter sa face sombre :
« Ce n’est pas un saint. C’est un homme comme tous les autres. Il serait injuste et malhonnête de le présenter juste comme un grand homme et de l’encenser. »