Éboueurs : avant les Jeux Olympiques, la grève

À Paris, la question de la propreté cristallise les tensions depuis déjà plusieurs années. Mais avec les JO de Paris 2024 qui approchent, les éboueurs ont des revendications.

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Depuis que la flamme a commencé son incroyable périple à Olympie, l’enthousiasme est monté d’un cran. D’ailleurs, le 8 mai dernier, à Marseille, on trouvait quantité de curieux. Venus pour observer l’arrivée triomphale du fameux flambeau, après plusieurs jours de traversée à bord du Belem. Néanmoins, les JO de Paris 2024 ne s’annoncent pas comme des simples festivités. Et pour cause : l’événement a du mal à fédérer tous les français. Sécurité, droits sociaux, entrave à la libre circulation : la tension monte ! Aussi, les éboueurs de la capitale, conscients du travail qui les attend cet été, ont décidé de se mobiliser.

En effet, l’accueil des athlètes et des touristes dans la ville lumière, suppose de nombreux efforts. Les étudiants boursiers ont ainsi dû quitter leur logement du CROUS. Afin qu’on y loge des visiteurs. Et les agents de la Mairie de Paris se préparent à voir leurs horaires s’allonger. Et même ne pas pouvoir poser de vacances librement entre juillet et août 2024. Ces contraintes faisaient déjà grincer des dents il y a quelques semaines au sein de la CGT. Et pour toute réponse, les parlementaires ont commencé à plancher sur une limitation du droit de grève. Pari perdu : après avoir déposé plusieurs préavis, les éboueurs ont commencé un premier mouvement le mardi 14 mai au matin. Leur objectif ? Obtenir une compensation financière. Mais dans la classe politique, cette revendication n’amuse tout le monde…

Écouter les éboueurs ou aller chercher du côté du privé ?

Avant d’aller plus loin, rappelons que le ramassage des déchets n’a rien d’une activité confortable. L’exposition à certains polluants peut même entraîner des maladies. Et en termes d’espérance de vie, les éboueurs ont souvent moins de chances que d’autres travailleurs. Mais il faut aussi comprendre que la propreté des rues de la capitale est un enjeu primordial. Les parisiens l’ont vécu, de leurs propres yeux et de leurs propres nez, lors de la mobilisation contre la réforme des retraites.

Le secteur peut compter, entre autres, sur la CGT FTD NEEA pour organiser le mouvement. Et d’après le syndicat, on peut s’attendre à plusieurs jours de grèves. D’abord jusqu’au 16 mai. Puis entre le 22 et le 24 mai 2024. Car les éboueurs aviseront, en fonction des décisions du Conseil de Paris, concernant une éventuelle prime. Compensant l’accroissement de l’activité dans le cadre des JO de Paris 2024. Et il s’agira d’une grève massivement suivie :

« Les éboueurs, conducteurs, égoutiers, adjoints techniques se sont très fortement mobilisés ce mardi. Les taux de participation disponibles indiquent 70 à 90 % de grévistes en fonction des arrondissements. », indique la CGT FTD NEEA.

Parmi les revendications du syndicat, citons :

  • Une prime de 1900 euros pour les Jeux Olympiques
  • Une hausse des salaires de l’ordre de 400 euros par mois pour tous les agents.

Et visiblement, le bras de fer semble bien parti.

« On n’a pas vocation à gâcher ces JO. C’est un levier de pression, mais s’il y a pression, c’est parce que le politique ne subvient pas aux revendications des salariés. », a prévenu Christophe Farinet, secrétaire général de la CGT FTD NEEA, lors d’une interview sur RMC il y a quelques jours.

Ces demandes supposent que la mairie mette des moyens importants pour financer la propreté et la collecte des déchets.

La droite veut anticiper

Le rôle indispensable des éboueurs les rend redoutables pour négocier. Surtout au moment où Paris veut soigner son image au maximum. Le monde entier va converger vers notre capitale. Et des montagnes de poubelles feraient mauvais genre. Pour autant, parmi les maires des arrondissements parisiens, tous n’ont pas la même approche. Certains estiment que dans ce contexte tendu, il faut se préparer, pour faire intervenir des entreprises privées. Afin de ne pas trop laisser l’avantage aux agents de la municipalité.

« Grève des éboueurs : j’appelle la Ville de #Paris à anticiper la réquisition d’agent ou l’appel au privé avant, pendant et après les Jeux Olympiques et Paralympiques. », tweete Pierre-Yves Bournazel, conseiller de Paris élu du XVIIIe arrondissement, du parti Horizons.

D’autres encore, jugent que le dialogue social tombe mal. À l’image de l’élue du VIIIe arrondissement, Catherine Lécuyer, qui estime que les éboueurs tentent de se livrer à un chantage.

« Aujourd’hui, les syndicats des services municipaux qui assurent la collecte des ordures ménagères multiplient à nouveau les préavis de grève avant et pendant les Jeux Olympiques et Paralympiques (JOP) de Paris. Plus largement, le chantage au conflit social devient discipline olympique dans tous les secteurs. », précise la conseillère de Paris dans un communiqué.

Elle appelle la Mairie à agir à court terme. Mais elle porte aussi une vision : privatiser la collecte des déchets, purement et simplement, à l’avenir. Une proposition qui, on le devine, fera bondir la CGT FTD NEEA.

« À court terme, il faut d’abord anticiper le recours à des prestataires privés pour pallier toute grève, dans les prochaines semaines, des services municipaux qui assurent la collecte dans la moitié des arrondissements. À moyen terme, il faut ensuite privatiser la collecte des ordures ménagères dans tout Paris, en permettant aux prestataires privés d’assurer la collecte en délégataires du service public dans les vingt arrondissements. »

Espérons, qu’ils soient agents du public ou salariés du privé, que les éboueurs pourront obtenir un salaire décent. Et des conditions de travail saines. Après tout, le recours à des entreprises privées a déjà donné lieu à certains scandales, du côté des gares SNCF.

Sources : leparisien.fr

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