Afficher les titres Masquer les titres
Vous pensiez économiser, vous avez fini par sortir la carte bleue plus que prévu ? Vous venez sans doute de tomber dans le spaving. Ce mot-valise venu des États‑Unis mélange « spending » (dépenser) et « saving » (économiser). L’idée est simple : pousser le client à acheter un produit supplémentaire pour obtenir une remise, la livraison offerte ou un coupon. Le résultat, lui, l’est moins : le panier grossit et le budget vacille, même lorsqu’on avait juré de garder le portefeuille fermé.
Un réflexe psychologique exploité par les marques
Coupons « 2 pour 1 », seuil minimum pour la gratuité des frais de port, promotions flash sur l’application : le spaving se niche partout. En 2023, les enseignes américaines ont augmenté de 72 % le nombre de ventes éclair, selon CNBC. Le mécanisme est bien documenté par les spécialistes du comportement :
« On a tendance à ressentir une poussée de dopamine quand on voit un article en solde. (…) Mais deux jours plus tard, on réalise qu’on n’en avait même pas besoin au départ », rappelle ainsi Charles Chaffin, cofondateur du Financial Psychology Institute.
Pourquoi le spaving coûte plus qu’il ne rapporte ?
En caisse, le calcul paraît gagnant : quelques euros économisés, un shampoing offert ou la livraison gratuite. Pourtant, l’argent dépensé pour « atteindre le seuil » aurait pu aller dans l’épargne, un projet utile ou un plaisir choisi.
Pire, ces achats impulsifs s’accumulent dans les placards. Ils finissent parfois à la poubelle, surtout si la promo concerne des aliments trop gras, trop sucrés ou ultratransformés. Une étude de Foodwatch montre que deux tiers des rabais mettent en avant ce type de produits.
Comment échapper au piège sans se priver ?
La parade passe d’abord par le tri numérique. Se désabonner des newsletters promotionnelles, désactiver les notifications d’applications et ne jamais enregistrer sa carte bancaire limitent la tentation. Autre réflexe : instaurer un délai de 24 heures avant de valider un panier en ligne. Ce temps de pause laisse retomber l’excitation liée à la « bonne affaire » et révèle souvent le caractère superflu de l’article.
Quand le spaving devient utile
Tout n’est pas à jeter. Pour les produits d’hygiène, les pâtes ou le papier toilette, acheter en lot peut se révéler judicieux si l’on dispose de place de stockage et d’un budget réglé. La règle d’or : vérifier la date de péremption, comparer le prix au kilo et ne remplir le caddie que si l’on consomme vraiment le produit.
En bref, le spaving joue sur notre peur de « rater l’occasion ». Garder la tête froide, calculer le vrai coût et se souvenir que la meilleure économie reste souvent celle qu’on ne dépense pas.