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À Golfe-Juan, la petite ville azuréenne pensait régler un problème de corrosion sous la chaussée ; elle s’est retrouvée avec un dos-d’âne de 65 cm qui affole les amortisseurs. Depuis son installation fin juin, l’ouvrage, posé au-dessus d’un passage souterrain, fait parler tout le département. Entre éclats de rire, coups de klaxon et menaces de plainte, la rampe improvisée divise riverains, automobilistes et spécialistes de la mobilité douce.
Un « pont » (ou un dos-d’âne) qui surprend dès le premier regard
Il suffit d’observer les réactions pour mesurer l’ampleur du choc. Au volant, un premier conducteur s’exclame :
« Wouah ! C’est le pont d’Avignon ce truc ! » en désignant le dos-d’âne.
Sitôt franchi, chacun compare la bosse aux montagnes russes. Avec ses 65 cm, elle dépasse très largement les 10 cm autorisés par la réglementation française, mais la mairie assure qu’il s’agit d’une solution provisoire.
La commune s’explique : la sécurité avant tout
Le maire, Kévin Luciano, défend son choix. Il ne s’agirait pas d’un dos-d’âne à proprement parler :
« Un bureau d’étude a établi que les poutres métalliques en dessous de la route, sont corrodées et qu’il fallait renforcer la structure en construisant cet autopont pour répartir le poids. C’est un autopont d’une longueur de 10 mètres. »
L’idée ? Alléger la pression sur l’ouvrage souterrain le temps des travaux, avant de raboter, puis retirer, la pente géante.
Dos-d’âne XXL : conducteurs en colère et carrosseries rayées
Or, la patience s’use plus vite que les pneus sur ce dos-d’âne.
« C’est un scandale, j’ai touché avec mon bas de caisse, je vais porter plainte car ce n’est pas réglementaire », fulmine un habitant.
D’autres craignent pour leurs suspensions ou anticipent déjà la note du garagiste.
Les spécialistes montent au créneau
Thierry Modolo, président de l’association Pour une Mobilité Sereine et Durable, dézingue la solution :
« Il faudrait arrêter de prendre les usagers pour des abrutis. Ce n’est pas un autopont, il faudrait des rampes d’au moins 25 mètres de chaque côté. D’autant plus que sur cette route, il y a déjà des dos-d’âne et ce n’est pas règlementaire. Il est interdit de mettre des dos-d’âne sur une route très fréquentée. »
Il rappelle aussi le volet accidentologique :
« Rien que dans les Alpes-Maritimes, nous avons trois procédures en cours en ce moment pour des dommages corporels graves liés aux dos-d’âne. »
Un dos-d’âne provisoire… mais pour combien de temps ?
La municipalité promet de réduire rapidement la hauteur puis de retirer la structure lorsque les poutres auront été consolidées. En attendant, les réseaux sociaux se régalent du surnom de « plus haut dos-d’âne de France », tandis que les GPS signalent un obstacle inhabituel sur la départementale.
Entre sécurité routière et convenance locale
Certains résidents relativisent tout de même :
« Le problème, c’est que les gens roulent comme des fous, alors, il faut bien faire quelque chose… »
Reste à trouver un compromis entre ralentir la circulation et respecter les normes. L’affaire pourrait inspirer d’autres communes en quête de solutions rapides, mais rappelle surtout qu’un dos-d’âne hors gabarit peut vite se transformer en cauchemar juridique et médiatique.