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Chaque week‑end, des millions de Français donnent de leur temps à une association sans rien attendre en retour. Pourtant, cet engagement façonne le tissu social autant que de nombreux emplois rémunérés. Un groupe de députés socialistes veut désormais que ce bénévolat compte aussi dans le calcul de la retraite. Leur proposition de loi, déposée le 11 juillet 2025, entend récompenser les années passées au service des autres et sécuriser le futur des volontaires les plus investis.
Une initiative parlementaire pour hisser le bénévolat au rang d’activité reconnue
Le texte crée d’abord la notion de « bénévole responsable », c’est‑à‑dire une personne qui justifie d’une participation régulière, durable et significative dans une association. Ce statut deviendrait la clé pour ouvrir de nouveaux droits sociaux, en particulier sur le terrain sensible de la retraite.
Trois trimestres offerts après dix ans de bénévolat
Concrètement, le projet prévoit d’accorder trois trimestres de cotisation dès qu’un bénévole responsable affiche dix années d’investissement continu. Ensuite, chaque tranche supplémentaire de cinq ans donnerait droit à un trimestre en plus. L’idée est simple : ne plus pénaliser celles et ceux qui ont parfois mis leur carrière entre parenthèses pour porter un projet collectif.
Une pension de base légèrement bonifiée
Au‑delà des trimestres, la proposition introduit une majoration de pension pour compenser les ralentissements de carrière liés à cet engagement. Le montant exact n’est pas encore fixé. D’ailleurs, il devra être discuté en commission et chiffré par les services de Bercy. Les auteurs défendent cependant une mesure « à coût maîtrisé », arguant que l’économie sociale génère déjà une valeur considérable sans contrepartie financière.
Reconnaître l’utilité sociale sans creuser la dette : un pari délicat
Les parlementaires soulignent que le bénévolat équivaut, chaque année, à plusieurs centaines de milliers d’emplois à temps plein. Selon eux, offrir quelques trimestres supplémentaires revient à rendre à la collectivité une part infime de ce qu’elle reçoit. Reste que la conjoncture budgétaire est serrée. Après l’annonce d’un gel des pensions et d’autres coupes, l’exécutif affiche une ligne d’austérité pour 2026. Intégrer de nouveaux droits, même limités, risque donc de se heurter à la recherche d’économies.
Quel avenir pour la réforme ?
Le texte devra franchir l’étape de la commission des affaires sociales puis convaincre une majorité hétérogène à l’Assemblée. S’il aboutit, il pourrait envoyer un signal fort : consacrer officiellement le bénévolat comme un pilier de la solidarité nationale. Faute de consensus, l’idée restera peut‑être symbolique mais ouvre déjà le débat sur la façon de mesurer, et de mieux protéger, la richesse invisible créée par les citoyens engagés.