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Routes vieillissantes, lignes ferroviaires fragiles, caisses publiques au plus bas : la France cherche un levier pour moderniser ses transports sans grever davantage le budget national. Après deux mois de débats, la conférence « Ambition France Transports » vient de livrer sa piste favorite : rediriger une partie des recettes issues des péages autoroutiers vers l’entretien du rail et de la route. Un choix présenté comme « l’occasion historique de réparer sans taxer plus l’usager ».
À partir de 2031, les premières grandes concessions arrivent à échéance. Les experts proposent donc un contrat social inédit : maintenir le péage, mais encadrer le profit des sociétés autoroutières pour alimenter un fonds dédié aux autres mobilités.
Péages autoroutiers : une manne inexploitée ?
Depuis leur privatisation en 2006, les sociétés d’autoroute affichent des marges jugées « excessives » par plusieurs rapports parlementaires. Dominique Bussereau, président de la conférence, parle d’« une ressource déjà payée par les automobilistes mais qui ne profite pas assez à l’intérêt général ».
Contrats plus courts et État actionnaire
Le ministre des transports, Philippe Tabarot, a confirmé que les concessions seront renouvelées, mais dans « un cadre plus exigeant ». Durée réduite, périmètre géographique limité et entrée de l’État au capital figurent au menu. Objectif : capter 2,5 milliards d’euros par an sans alourdir la facture aux péages autoroutiers.
Péages autoroutiers : des recettes fléchées vers l’entretien du rail
La feuille de route recommande de consacrer en priorité ces nouveaux fonds à la « résilience » du réseau existant. Routes nationales, voies ferrées et ouvrages d’art accusent un retard d’investissement évalué à un milliard d’euros par an pour la route non concédée et à 1,5 milliard pour le rail.
À lireBénévolat : vous pourriez bientôt cumuler des trimestres pour la retraiteJean-Pierre Farandou, patron de la SNCF, se félicite de voir :
« Un solide consensus se dégager sur la régénération avant toute expansion ».
En clair : il vaut mieux consolider les rails actuels que lancer des lignes neuves non financées.
Un calendrier législatif en deux temps
Le gouvernement prévoit une loi-cadre d’ici fin 2025 pour poser les principes : recettes des péages autoroutiers affectées aux transports, contrôle public renforcé et priorisation des dépenses. Un second texte programmatique attendu en 2026 triera les projets « selon leur coût, leur maturité et leur utilité sociale ».
Entre 2028 et 2031, l’argent des péages devrait monter en puissance. Pour combler l’intervalle, le ministère mise sur des certificats d’économies d’énergie et sur l’appétit de fonds privés pour le ferroviaire.
Des questions encore ouvertes
Reste le dossier sensible des services express régionaux métropolitains, futurs « RER » des grandes agglomérations. Les études seront financées par l’État, mais la construction dépendra de la capacité à dégager des sommes supplémentaires.
Autre inconnue : la réaction du Parlement, fragmenté, qui devra voter ces lois sur les péages autoroutiers. Sans majorité claire, le risque de blocage politique plane. Pourtant, les signataires du rapport préviennent :
« Chaque euro différé aujourd’hui coûtera le double demain ».
Le sort du transport français pourrait donc se jouer à la barrière des autoroutes.