Livret A : voici comment l’Etat utilise votre épargne « dormant »

L’argent que vous avez déposé dans votre Livret A est, en vrai, hyperactif. Le gouvernement voudrait s’en servir pour financer ses EPR.

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Sachez que l’argent sur votre Livret A a une vie très active, il sert à l’État pour de nombreux placements et financements. Ne vous inquiétez pas, ces placements sont bien précis et encadrés de manière stricte. En effet, la méthode est si efficace que le gouvernement souhaiterait l’utiliser pour financer des centrales nucléaires. Tous les détails dans cet article.

Le Livret A mène une vie parallèle

Si vous croyez que les euros que vous avez déposés sur votre Livret A dorment tranquillement toute l’année dans un coffre-fort, détrompez-vous. Comme les jouets dans Toy Story, l’argent que vous avez épargné a, en réalité, une vie parallèle. Une vie plutôt active dès que vous tournez votre dos.

À vrai dire, avec près de 375 milliards d’euros au total, le compte épargne favori des Français représente une véritable manne financière. Et l’État compte bien s’en servir. Si vous placez 100 euros sur votre Livret A, la Caisse des dépôts et des consignations (CDC) utilise 59,5 euros. CDC est un établissement public missionné pour gérer l’épargne.

En détail, 35 % du montant total des Livrets A sert aux logements sociaux, ce qui représente environ 130 milliards d’euros. 17,41 % financent les obligations de l’État, soit 65 milliards et 5 % servent aux prêts pour les petites et moyennes entreprises.

Livret A : Financer le logement social

Le fait de ne pas laisser cet argent dormir répond avant tout à un besoin. Celui de financer des secteurs qui sont peu rentables dans lesquels les banques se montrent sceptiques. Par exemple, les logements sociaux.

« Cela permet d’éviter de faire des prêts sur les marchés, plus fluctuants et risqués », selon Philippe Crevel.

Ce dernier étant économiste et directeur du cercle des épargnants. Ce financement du logement social se fait sous la forme d’un prêt à très long terme, soit entre 25 et 60 ans. À en croire l’économiste, les bailleurs sociaux remboursent toujours. Puis, même s’il s’avère que ce n’était pas le cas, vos précieux euros disposent du meilleur garant, c’est-à-dire l’État.

Financer les obligations de l’État

Les 65 milliards dédiés aux obligations de l’État constituent une sorte de garde-fou.

« Il s’agit d’argent qui peut être récupéré extrêmement vite, contrairement aux prêts à long terme pour le logement social », explique Maxime Chipoy, président de MoneyVox.

Selon Philippe Crevel, cela offre aux Français la possibilité de retirer en partie leur argent du Livret A. Une grosse partie même. En effet, si tous les épargnants décidaient de retirer tout leur argent en même temps, cela serait impossible.

« Dans un tel scénario banqueroute, ce serait loin d’être le seul problème », ironise l’économiste.

Les 39,5 euros qui restent à la banque ne se reposent pas non plus. Les banques doivent placer 80 % des encours détenus du Livret A et du livret de développement durable et solidaire dans des prêts pour les PME. Et ce, depuis le 14 juin 2020.

10 % des dépôts servent pour le financement des projets écologiques. Enfin, 5 % des sommes des banques financent les entreprises de l’économie sociale et solidaire. La banque se sert de ce qui reste (5 %) à son bon vouloir.

Financer les centrales nucléaires

Il semble donc que la méthode soit sûre. Tant et si bien que le gouvernement est en cours de réflexion pour transposer le dispositif aux centrales nucléaires. C’est ce qu’en tout cas révèlent nos confrères des Échos.

Environ 50 milliards d’euros, voilà à quoi se chiffre le financement des six générateurs dernier cri. Et ce, pendant toute la durée du programme, autrement dit jusqu’en 2050.

« Ce prêt par la CDC est envisagé, car c’est la seule manière d’obtenir un prêt d’aussi longue durée de 40 ou 60 ans, qui colle bien à ce projet, rentable qu’à très long terme », explique Maxime Chipoy.

Une banque qui prend ce risque pour un domaine aussi peu rentable proposerait sûrement un taux encore bien plus élevé que la CDC. C’est ce que pense le président de MoneyVox. C’est l’intérêt de passer par ce financement.

Ce faisant, pour l’heure, de nombreuses questions se posent. Sur quelle tranche de la CDC la banque prélèverait ce montant ? Et surtout de combien serait ce montant ? L’intérêt général étant l’un des critères pour user de cet argent, le renouvellement du parc nucléaire sert-il vraiment l’intérêt général ?

Cette dernière question partage les Français, semble-t-il. En effet, d’après un sondage que Moneyvox a réalisé, 45 % des Français y sont favorables alors 37 % y seraient opposés.

Sources : m.20minutes.fr

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