Réforme des retraites : les grandes étapes du projet en détail

Où en est-on avec la réforme des retraites de Emmanuel Macron ? Par quoi est-elle passée depuis le début du premier quinquennat de Macron ?

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Emmanuel Macron envisage de réformer les retraites depuis son premier quinquennat. Ce projet de réforme des retraites a connu plusieurs basculements entre le Covid-19 et les journées de mobilisations. Cependant, le chef de l’État n’a pas laissé tomber son projet. Il se pourrait même qu’il entrera en vigueur dès l’été 2023.

Des journées de mobilisations

C’est depuis 2017, lors de sa campagne électorale, qu’Emmanuel Macron a annoncé son projet de réforme des retraites. La première tentative de cette réforme vise à remplacer les 42 régimes existants (privés, spéciaux, des fonctionnaires, etc.). Le but était de créer un système de retraite universel par points.

En 2019, l’exécutif, voulant anticiper un déficit futur, prévient la nécessité de prolonger la durée du travail. Nommé haut-commissaire à la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye consulte les syndicats et les patronats. Il propose un « âge d’équilibre » à 64 ans pour une retraite à taux plein.

Le 11 décembre 2019, le Premier ministre de l’époque, Edouard Philippe, présente son projet, après les journées nationales d’actions de septembre. On appliquera le système universel par points à partir de la génération 1975. Ce qui pourrait même impliquer celles de 1980 ou de 1985 pour certains fonctionnaires ainsi que des agents de régimes spéciaux.

Pour inciter à travailler plus longtemps avec un « âge d’équilibre » fixé à 64 ans en 2027, on mettra en place un système de bonus-malus. Le 17 décembre 2019, on organise une troisième journée nationale d’action à l’appel de l’ensemble des syndicats.

Pendant les congés de fin d’année, les transports furent perturbés. On a accordé des concessions à une dizaine de professions (des policiers aux danseurs d’Opéra). Edouard Philippe se déclare prêt à retirer l’âge pivot de 64 ans, sous conditions. C’était le 11 janvier 2020.

On a mis en suspens la grève illimitée. 41.000 amendements concernent le projet de loi. On a adopté le texte en première lecture dans la nuit du 3 au 4 mars. En recourant à la procédure de l’article 49 alinéa 3 de la constitution.

Suspension de la réforme des retraites

Puis, arrive la pandémie de Covid-19. Ce qui oblige Emmanuel Macron à suspendre « toutes les réformes en cours », y compris celle des retraites. Cela dit :

« dès que les conditions sanitaires seront réunies »

Le Président entend engager la réforme des retraites.

À la fin de l’année 2021, le pensionnaire de l’Élysée parle d’un système simplifié avec 3 grands régimes. Un régime pour la fonction publique, un autre pour les salariés et un autre pour les indépendants. En 2022, Emmanuel Macron est maintenu à son poste.

Durant sa campagne, il s’est engagé à :

« décaler l’âge légal de départ jusqu’à 65 ans ».

Actuellement, cet âge est à 62 ans. Le président Macron appelle à « des compromis responsables ». Il espère que la réforme des retraites entre en vigueur à l’été 2023.

Une mobilisation en janvier 2023

En septembre dernier, les syndicats se sont opposés à un possible passage en force parlementaire. Face à cela, Emmanuel Macron pousse le gouvernement à :

« trouver la bonne manœuvre » pour une réforme « apaisée ».

La Première ministre quant à elle espère une adoption avant la fin de l’hiver. C’est pourquoi, début octobre, elle engage la concertation avec les partenaires sociaux. Puis, Emmanuel Macron s’est dit ouvert à un âge légal de départ à 64 ans.

Alors qu’il s’est engagé à fixer cet âge à 65 ans. De ce fait, il insiste pour « travailler plus longtemps ». Selon lui, c’est le seul levier pour arriver à faire face aux besoins de financement massifs. Les syndicats menacent de se mobiliser en janvier 2023, mais le gouvernement maintient son projet.

Il devrait le dévoiler aux alentours du 15 décembre 2022. En effet, on devra connaître les grandes lignes de cette réforme dans les prochains jours. De leur côté, les opposants s’apprêtent à bloquer cette réforme par tous les moyens, de la rue au parlement.

Notons que l’exécutif a déjà commencé à préparer les esprits. Cela, en multipliant les entretiens à la presse, les réunions de travail à Matignon et les dîners au sommet de l’Élysée.

Le gouvernement veut aller vite

Cette réforme risque de reléguer au second plan d’éventuelles contreparties sur la pénibilité ou les petites pensions. Et ce, qu’elle soit assortie d’une hausse de cotisation ou non. À noter que depuis le départ, Emmanuel Macron exclut d’augmenter cette dernière ou de réduire les pensions.

Le gouvernement, en effet, affiche sa volonté d’aller vite. Pour cela, il pense à un projet de loi dès janvier, à un vote au printemps et à une entrée en vigueur à l’été. Cette volonté se justifie par le retour durable de déficits massifs qui iraient au-delà des 12 milliards en 2027.

Emmanuel Macron ne veut en aucun cas laisser un tel héritage à son successeur. Notamment, après que son projet de système universel de retraite ait échoué à cause du Covid-19. Cela dit, il n’a plus beaucoup de temps. Les élections européennes de 2024 sonneront la mi-temps de son mandat.

Au début de l’automne, il voulait passer en force via le budget de la Sécu. Cependant, il s’est mis à patienter encore 3 mois. Le temps de consulter les partenaires sociaux, jouer à l’ouverture et constater les désaccords de fond. Cependant, ces trois mois suffisent à peine.

Les syndicats contre la réforme des retraites

Pas un seul syndicat n’accepte cette réforme des retraites. Même pas la CFDT qui, lors de son dernier congrès en juin, a durci sa position sur le sujet. Laurent Berger, son leader, a depuis martelé son opposition à « toute mesure d’âge ».

Il met ainsi en garde contre une réforme dure pouvant provoquer une :

« réaction sociale tout aussi déterminée ».

Philippe Martinez, son homologue de la CGT, somme aussi l’exécutif à « prendre ça au sérieux ». Pour autant, il ne se fait pas d’illusion, car selon lui, « ils sont obstinés ».

Dans la foulée de l’annonce de la Première ministre, les huit centrales nationales prévoient de se réunir. Ils veulent caler leur riposte. Ils prévoient donc de le faire autour de la date de présentation du projet de loi en conseil des ministres. Ce sera peut-être le 11 janvier.

La suite se jouera dans la rue et à l’Assemblée, là où l’on promet le texte à un chemin de croix. Mathilde Panot, cheffe des députés LFI, promet de le « combattre pied à pied », et ce, avec une pluie d’amendements. Quant à Marine Le Pen, elle s’oppose totalement sur le fond à cette réforme.

Sources : sudouest.fr

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