Agirc-Arrco : qui va profiter de la cagnotte après la réforme ?

La réforme des retraites va augmenter les réserves du régime de retraite complémentaire. Qui va profiter de la cagnotte de l’Agirc-Arrco ?

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Emmanuel Macron et le gouvernement d’Élisabeth Borne ne cachent pas leur intention de repousser l’âge du départ à la retraite. Actuellement à 62 ans, la réforme va le reporter à 64 voire 65 ans. Cela arrange les finances de l’Agirc-Arrco qui verra une augmentation de ses réserves jusqu’à 130 milliards d’euros d’ici à 2030. Voici les détails.

Les caisses de l’Agirc-Arrco vont gonfler

Le 15 décembre prochain, Élisabeth Borne va présenter les détails du projet de loi sur la réforme des retraites. Cela face aux organisations syndicales et patronales. L’une des conséquences de la réforme des règles des retraites de base concerne les caisses de l’Agirc-Arrco.

Pour rappel, la réforme prévoit le recul de l’âge du départ à la retraite de 62 ans à 64 ou 65 ans. Bien que cela concerne spécifiquement le régime de base, le régime complémentaire va tout de même être impacté. Notamment les finances de l’Agirc-Arrco.

Lors d’une interview en exclusivité à Merci pour l’info, Pierre Roger, négociateur pour la Confédération française de l’encadrement-Confédération générale des cadres (CFE-CGC), a dit :

« Dans l’hypothèse où l’âge légal est repoussé, les réserves vont mécaniquement augmenter »

« 130 milliards d’euros à horizon 2030 »

À combien s’élève cette cagnotte ? D’après les projections de l’Agirc-Arrco en 2021, c’est beaucoup d’argent.

« un relèvement de l’âge légal à 65 ans, à raison de 6 mois par an, pouvait aboutir à une progression des réserves à 130 milliards d’euros à horizon 2030 », peut-on lire dans le rapport de l’Agirc-Arrco.

Niant tout arbitrage, Élisabeth Borne opte davantage pour une retraite à 65 ans tandis qu’à 64 ans. Le cas échéant, le relèvement sera à raison de 4 mois par an contre 6 mois. Ce qui n’est pas pour déplaire à l’Agirc-Arrco qui voit sa situation financière se renforcer.

Rappelons que dès le 17 mars dernier, le régime avait déjà annoncé dans un communiqué :

« Le montant des réserves disponibles […] s’élevait, à la clôture de l’exercice fin 2021, à 68 milliards d’euros, en hausse de 6 milliards d’euros par rapport à l’année précédente. »

À titre de comparaison, le seuil minimal est de 42 milliards d’euros. Il faut savoir que l’Agirc-Arrco doit en principe s’assurer d’avoir l’équivalent de 6 mois de pensions dans ses caisses. Ce sont les fameuses réserves.

À la fin de cette année, vu le taux d’emploi, l’Agirc-Arrco doit dégager un excédent. Selon Pierre Roger, ce dernier serait situé :

« entre 2 et 4 milliards d’euros, mais vraisemblablement plus proche de 4 milliards d’euros ».

« On devrait s’attendre à un équilibre des comptes dans les années à venir, sauf situation économique catastrophique. Les réserves, qui appartiennent aux entreprises, aux salariés mais également aux générations futures dans le cadre de la solidarité intergénérationnelle, vont donc progresser encore », a constaté le négociateur à Merci pour l’info.

Hausse des retraites complémentaires Agirc-Arrco ?

Un nouvel accord national interprofessionnel (ANI) sera négocié par les organisations syndicales et patronales en 2023. Son objet ? Définir une stratégie sur les 3 ou 4 prochaines années sur les retraites complémentaires des salariés du privé.

Concernant la CFE-CGC, l’ANI aura pour objet la modification de certaines règles. En l’occurrence la prise en compte de l’inflation dans le calcul de la revalorisation des pensions et la révision des bonus-malus.

Pour être viable, ce système doit comprendre :

  • Un coefficient de solidarité temporaire (malus) : il s’applique sauf pour les personnes nées à partir de 1957 et percevant une retraite à taux plein.
  •   Un coefficient majorant (bonus) : d’après le site de l’Agirc-Arrco, cela concerne :

« Les personnes qui décalent le point de départ de leur retraite Agirc-Arrco d’au moins deux ans par rapport à la date à laquelle elles ont rempli les conditions de la retraite de base à taux plein ».

De son côté, la CFE-CGC lutte pour une diminution des cotisations salariales finançant l’Agirc-Arrco. Ce qui est loin d’être gagné. En tout cas, Pierre Roger, voyant le taux de rendement s’affaiblir, prévoit que les organisations patronales vont exiger une baisse des cotisations à la charge des employeurs.

Pour sa part, le président du Mouvement des entreprises de France (Medef), Geoffroy Roux de Bézieux, estime dans un article des Échos paru le 11 octobre dernier que des négociations sont nécessaires.

« Mathématiquement, toute mesure d’âge aura des conséquences significatives sur le régime Agirc-Arrco, il me semble important que rapidement les partenaires sociaux se réunissent pour discuter de l’avenir », a-t-il dit.

Cela avant de poursuivre par :

« Je leur lance un appel pour ouvrir une discussion sur ce sujet dès le projet de loi connu. »

Bref, la situation pourra donc évoluer dans les mois à venir. Restez connecté !

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