Canal+ : le groupe condamné à verser près de 3,4 millions d’euros à Maïtena Biraben

Le licenciement pour faute grave appliqué par Canal+ en 2016 a l'encontre de l'animatrice n'a pas convaincu la justice.

© Canal +

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Pour l’ancienne animatrice du Grand journal, le bras de fer judiciaire face à Canal+ vient enfin de se terminer. Et cette fois-ci, il n’y aura plus de recours pour le média, détenu par le groupe Vivendi (qui appartient lui-même à Vincent Bolloré). Comment a-t-on pu en arriver là ? Pourquoi Maïtena Biraben a-t-elle décidé de poursuivre la chaîne en justice ?  On fait le point tout de suite, avec un historique clair de toute cette affaire, riche en rebondissements.

Canal + a mis fin au contrat de l’animatrice en 2016

Le fameux chaîne cryptée a connu de nombreux bouleversements ces dernières années. En effet, elle a intégré le groupe Vivendi. Et depuis ce tournant décisif, la ligne éditoriale a connu quelques changements. En effet, de nos jours, les Guignols ne passent à l’antenne. L’emblématique Zapping ? Déprogrammé depuis 2016. Selon certains salariés et anciens de cette entreprise, le changement de propriétaire, au profit de Vincent Bolloré, a eu de lourds impacts. Mais en quoi cette situation a-t-elle pénalisé Maïtena Biraben, qui travaillait à Canal+ depuis 2004 ?

Son passage au Grand Journal

Née en 1967, Maïtena Biraben a fait une très belle carrière sur le petit écran. De 1989 à 1996, elle apparaît ainsi dans plusieurs programmes de la télévision suisse. Elle rejoint ensuite M6 en 1997, mais elle ne rencontre pas un immense succès. Son parcours la mènera auprès de France 2 et France 3, avant sa révélation sur France 5 dans Les Maternelles dès 2001.

Maitena Biraben, Virginie Efira, Ariane Massenet and Anne-Sophie Lapix lors d'une conférence de presse Canal + en 2008 -
Maïtena Biraben, Virginie Efira, Ariane Massenet and Anne-Sophie Lapix lors d’une conférence de presse Canal + en 2008 – Crédits Photos : Getty Images

Trois ans plus tard, elle intégrera donc Canal +, d’abord pour présenter Nous ne sommes pas des anges, ou encore la Matinale et le Supplément. Elle succède finalement à Michel Denisot pour animer le Grand Journal dès 2013.

Pourquoi Canal+ a remercié Maïtena Biraben ?

Entre 2013 et 2016, les audiences de l’émission, autrefois très populaire, n’ont pas cessé de chuté. Ce qui a conduit la chaîne à prendre une décision radicale : licencier Maïtena Biraben. Tout aurait s’arrêter là, si Canal+ n’avait pas commis une erreur, en optant pour un licenciement pour faute grave. Pour rappel, dans ce genre de cas, l’entreprise n’a pas l’obligation de verser des indemnités de départ au salarié sortant. Une belle l’affaire pour le groupe, qui comptait ainsi économiser des millions d’euros. Mais la présentatrice a décidé de se battre pour faire valoir ses droits.

Lauren Bastide, Maïtena Biraben and Augustin Trapenard, lors d'un fête organisée par Canal + à Paris en février 2016.
Lauren Bastide, Maïtena Biraben and Augustin Trapenard, lors d’un fête organisée par Canal + à Paris en février 2016. – Crédits Photos : Getty Images

Les débuts de cette bataille judiciaire

Avant retracer le déroulement de ce litige entre Canal+ et Maïtena Biraben, nous devons faire quelques rappels. Lorsqu’un salarié et son employeur rencontre un différend, ils peuvent le résoudre en justice. Dans ce cas, il existe trois juridictions qui peuvent successivement statuer sur l’affaire :

  • Le Conseil des Prud’hommes (qui intervient en première instance).
  • La Cour d’Appel : qui peut rendre sa situation si l’une des deux parties fait appel du jugement rendu par le Conseil des Prud’hommes.
  • Et enfin la Cour de Cassation, qui peut, après un pourvoi en Cassation, statuer sur l’affaire. Il s’agit du dernier recours possible.

Canal+ : le long combat de Maïtena Biraben

Après 12 ans de bons et loyaux services, on peut tout à fait comprendre que l’animatrice n’ait pas vraiment digéré ce choix de la chaîne. De plus, le média avait même pris l’initiative d’annoncer son départ, dès le 2 juin 2016.

« Maïtena Biraben a souhaité quitter la présentation du Grand Journal à la fin de la saison. »

Ce qui n’a pas empêché Canal+ de la convoquer, le 29 juin 2016, pour lui indiquer son licenciement pour faute grave. Mais quels éléments pouvaient justifier ce motif (qui doit reposer sur des faits avérés) ? Selon les informations révélées en Voici en 2016, la chaîne aurait appris que la présentatrice avait entamé des négociations avec le groupe TF1. Une forme de déloyauté. Et Canal+ lui aurait reproché :

« d’avoir tout fait pour aboutir à une situation de blocage pour se faire payer sa clause de sortie, alors qu’elle voulait partir. » 

La chronologie décisions de justice

En portant l’affaire devant le Conseil des Prud’hommes de de Boulogne-Billancourt en 2016, Maïtena Biraben avait eu gain de cause. Car la justice avait reconnu qu’il s’agissait d’un licenciement sans cause réelle ni sérieuse. Et elle avait condamné Canal+ à lui verser 3,4 millions d’euros. La chaîne de Vincent Bolloré avait immédiatement fait appel de la décision. Mais en 2021, la Cour d’Appel de Versailles a, à nouveau, confirmé le caractère irrégulier de ce licenciement, et ordonné au groupe de verser des indemnités majorées, pour un total de 3,48 millions d’euros. Et ce, en raison du préjudice moral infligé.

À l’époque, l’animatrice se disait plutôt soulagée.

« Je suis, au bout de cinq longues et pénibles années de procédures, très heureuse aux côtés de mon avocat Maitre Claire Fougea de voir que le caractère abusif de mon éviction et la violence de ce qui a été vécu ont été de nouveau reconnus. »

Mais Canal+ n’avait pas dit son dernier mot. Ainsi, l’ancien employeur de Maïtena Biraben a décidé de se pourvoir en Cassation pour contester cette décision. Peine perdue : la Cour de Cassation vient de rendre son verdict : elle confirme ainsi que licenciement de la présentatrice était bien sans cause réelle et sérieuse. En outre, elle pourra enfin percevoir les 3,4 millions d’euros qui lui revienne.

Désormais, elle peut tourner la page, et oublier sa désagréable expérience avec Canal+

« Le combat pour l’essentiel s’achève. J’en suis fière. Il marque une vie. »

Cette affaire aura coûté du temps et de l’énergie à Maïtena Biraben. Mais elle n’aura pas écorné sa carrière. En effet, elle a rejoint RMC de 2017 à 2019. Et depuis 2020, elle intervient sur la très prestigieuse chaîne parlementaire (LCP). Tout finit bien pour l’ancienne animatrice du Grand Journal.

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