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Lundi 25 novembre, l’Ifop a dévoilé l’édition 2024 du baromètre Landoy, sur les enjeux du vieillissement en France. L’institut d’études d’opinion a collecté énormément de données, notamment en interrogeant un panel de 2004 adultes, représentatif de la population française. L’un des sujets clés de ce rapport ? L’âge légal de départ en retraite. Un an après la réforme qui avait enflammé le pays, beaucoup ont encore du mal à tolérer le report de 62 à 64 ans. Naturellement, les attentes des Français varient en fonction de leurs revenus et de leur secteur d’activité.
Qui a commandé ce baromètre sur la retraite ?
Avant d’aller plus loin, nous devons préciser l’origine de cette enquête. En effet, elle a été menée par l’Ifop pour le Club du Landoy, soutenu par le groupe Bayard. Un think tank qui explore la transition démographique, dans une France vieillissante. Avec, entre autres, l’idée que l’âge de départ en retraite doit nécessairement reculer pour suivre l’allongement de l’espérance de vie.
« Il faut un choc de prévention. Chacun doit se demander ce que veut dire vivre jusqu’à 100 ans. », assure Sybille Le Maire, fondatrice du Club, et sœur de l’ancien ministre de l’Économie, Bruno Le Maire.
Rappelons tout de même que l’espérance de vie restent toujours bien différentes, selon les catégories socioprofessionnelles, chez les hommes comme chez les femmes.
Le Club du Landoy, c’est quoi ?
Parmi les membres de ce collectif, on retrouve des universitaires :
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- Hippolyte d’Albis, directeur de recherche en économie et spécialiste de la démographie au CNRS, à la Sorbonne, mais aussi Inspecteur des finances.
- François-Xavier Albouy, directeur de recherche pour la chaire transition économique, transition démographique à l’Université Paris-Dauphine.
Mais aussi d’anciens membres du gouvernement ayant une expertise sur l’Économie ou les retraites, comme :
- Myriam El Khomri, ministre du Travail entre 2015 et 2017, connue pour la délicate mission de porter la fameuse loi Travail.
- Olivia Grégoire, ministre déléguée chargée des Entreprises, du Tourisme et de la Consommation jusqu’en septembre dernier.
Ainsi que de nombreux dirigeants de grandes entreprises, dont :
- Fabienne Dulac, à la tête d’Orange France.
- Jean-Laurent Granier, PDG de Generali France.
- Saïd Hammouche, fondateur de Mozaïk RH.
- Hervé Navellou, directeur général de L’Oréal France.
- Patrick Cohen, directeur général d’AXA France.
Là encore, il s’agit de personnalités impliquées dans la gouvernance des entreprises privées, ayant naturellement un avis sur le départ en retraite.
Ce que révèlent les chiffres du baromètre Landoy
Même si la réforme a déjà été adoptée, à gauche comme à droite, l’opposition continue de tout faire pour tenter de l’abroger. Bien entendu, le gouvernement et les élus de la majorité évoquent là une mesure démagogique, voire populiste. Car dans le monde réel, les Français ont bien du mal à accepter le report de l’âge légal de départ en retraite.
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Dans le cadre de cette enquête, l’Ifop a donc questionné le panel sur ses préférences et ses croyances, avec deux questions récurrentes : À quel âge aimeriez-vous finir votre carrière ? Mais aussi, à quel âge pensez-vous réellement pouvoir arrêter de travailler ?
La retraite rêvée des travailleurs
On apprend ainsi qu’en moyenne, les sondés aimeraient partir à la retraite dès 59,1 ans. Mais en réalité, on observe d’importants écarts selon les catégories socio-professionnelles :
- Pour les artisans ou commerçants, qui travaillent à leur compte, ce chiffre grimpe à 62,8 ans.
- Pour les cadres et professions intellectuelles, qui exercent généralement au bureau, avec de hauts salaires, l’âge idéal se situe autour de 61,3 ans.
- Parmi les professions intermédiaires, on souhaite arrêter de travailler vers 60,6 ans.
- Chez les employés, l’âge idéal chute à 59,1 ans.
- Pour les ouvriers, il diminue même à 58,8 ans.
Cette répartition peut s’expliquer par des conditions de travail moins souples pour les employés et ouvriers, ainsi que par des salaires nettement moins élevés que dans les autres CSP. Or, plus on a une petite rémunération, plus le taux de remplacement, une fois à la retraite, grimpe.
Dans tous les cas, même parmi les cadres et les entrepreneurs, peu de gens rêvent de faire carrière jusqu’à 64 ans ou plus. Parmi les sondés, toutes CSP confondues :
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- Seuls 20 % des gens se voient travailler après 65 ans.
- Ce chiffre tombe à 10 % pour un départ en retraite après 67 ans.
Ce qu’on peut réellement attendre de nos retraites
Bien entendu, les âges énoncés ci-dessus ne correspondent pas (ou plus) aux droits des travailleurs français. Ainsi, parmi les personnes interrogées, on note une certaine lucidité sur l’âge auquel elles pourront véritablement prendre leur retraite :
- 11 % des sondés pensent qu’ils pourront s’arrêter avant l’âge de 60 ans.
- En moyenne, ils estiment qu’ils pourront prendre leur retraite vers 63,5 ans.
- 43 % des sondés pensent qu’ils devront travailler après 65 ans.
- 27 % considèrent qu’ils devront continuer à travailler après 67 ans.
Les artisans et commerçants déclarent, en moyenne, qu’ils devront attendre leur retraite jusqu’à 66,8 ans.