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Tous les médecins vous le diront : l’eau vaut mieux que les alcools, les sodas ou le café pour s’hydrater. Or, depuis quelques années, la qualité de l’eau préoccupe beaucoup les scientifiques et l’opinion publique. En effet, on sait qu’elle peut contenir des produits chimiques néfastes, comme des polluants éternels. Et les eaux minérales, vendues en bouteille de plastique, ne font pas exception. Mais il y a quelques jours, Médiapart a fait d’autres révélations, tout aussi inquiétantes. Dans un article, le journal pointe la présence d’arsenic dans certaines bouteilles commercialisées par Nestlé. On fait le point !
Ce document devait rester inconnu des autorités et des consommateurs
Voilà le détail qui a mis le feu aux poudres : il s’agit d’un rapport, daté de juin 2022. Commandée par Nestlé, cette enquête montre plusieurs défaillances au sein de la firme, notamment sur les eaux minérales Vittel :
- Des problèmes concernant les qualités de l’eau
- Des dangers liés à la pollution générée par cette industrie
- Un « risque de concentration d’arsenic au-dessus de la limite de sécurité alimentaire »
Le géant des bouteilles en plastique a bien connu des contrôles menés par les autorités en 2022. Mais en parallèle, elle a ordonné une enquête interne. Afin d’obtenir « un état complet de la ressource en eau, sous tous ses aspects ». Verdict ? Les ingénieurs qui ont rédigé le rapport évoquent un risque élevé. Car le taux d’arsenic dépasserait les seuils prévus par la réglementation.
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De nos jours, on sait que cette substance néfaste peut causer :
- Des maladies cardiovasculaires
- Du diabète
- Des troubles du développement cognitif chez les enfants (mais aussi chez les fœtus)
Voilà pourquoi l’OMS recommande de ne pas dépasser une limite de 10 µg/L. De son côté, l’ANSES met en garde :
« L’excès de risque de cancer est significatif. »
Or, dans le rapport secret de Nestlé, voici ce qu’on peut lire :
« La concentration en arsenic peut atteindre les 12-13 µg/l (au-dessus de la limite légale de 10 µg/l) dans le produit fini. »
Arsenic dans l’eau minérale : d’où vient le problème ?
Bien entendu, Nestlé a déjà l’habitude de traiter l’eau. Cela vaut aussi pour les bouteilles vendues sous la marque Vittel. Cela dit, le rapport confidentiel dénonce plusieurs manquements. Notamment des filtres hors d’usage. Dans le document, on retrouve également plusieurs pistes pour limiter l’arsenic dans l’eau minérale. Contactée par Médiapart, la firme n’a pas souhaité indiquer si elle avait mis en place ces recommandations.
Nestlé se défend d’ailleurs en présentant les conclusions du rapport comme « entièrement hypothétiques ». Les ingénieurs auraient ainsi oublié d’employer le conditionnel lors de la rédaction. Toutefois, le groupe n’a pas jugé utile de transmettre ce document à l’Agence régionale de santé. De son côté, l’ARS dit n’avoir relevé aucune anomalie lors des contrôles réalisés en 2021, en 2022 et en 2024 sur l’eau minérale Vittel. Même si désormais, l’organisme a pu consulter le fameux rapport.
« Il s’agit d’une demande de transfert des résultats d’autosurveillance de l’exploitant sur plusieurs années et de la vérification de leurs cohérences avec l’historique des résultats du contrôle sanitaire de l’ARS. Des précisions techniques ont été demandées [à Nestlé] sur l’audit interne que vous avez consulté, à la fois sur l’évaluation du risque de dépassement et sur les éventuelles mesures mises en œuvre dans la suite de cet audit. », précise l’ARS aux journalistes de Médiapart.
D’autres études confirment un problème avec l’eau minérale Vittel
Au niveau local, l’agence de l’eau Rhin-Meuse a aussi fait des prélèvements récemment. En septembre 2024, dans un rapport, elle évoquait :
« Les dépassements épisodiques de la concentration limite en arsenic de 10 μg/L »
Une information confirmée par la municipalité de Vittel, qui dit avoir alerté l’ARS.
« Elles ont été suivies d’actions correctives immédiatement mises en œuvre par notre délégataire de service public Suez Environnement. La ville est bien entendu informée en temps réel des résultats d’analyse et s’assure auprès de lui de la mise en œuvre des mesures appropriées en cas de difficulté. (…) l’ARS est évidemment tenue informée au quotidien et en temps réel des actions et mesures menées sur l’eau potable. »